tadorne de Belon
Ni tout à fait oie ni tout à fait canard, le tadorne de Belon est aussi à l'aise sur terre que sur l'eau. Son plumage aux couleurs éclatantes intensément contrastées fait de lui l'un des oiseaux les plus remarquables parmi ceux qui arpentent les vasières des rivages marins d'Europe et d'Asie, son continent d'origine.
Introduction
Les oies, les canards et les cygnes sont de proches parents du tadorne de Belon. Ils font tous partie de la vaste famille des anatidés qui, avec leurs cousins sud-américains les anhimidés, forment l'ordre des ansériformes. Ces oiseaux aquatiques auraient, d'après les recherches récentes en paléontologie et en génétique, des points communs avec les cigognes et les flamants. Ils se reconnaissent à leur bec, dont les bords internes sont pourvus de lamelles cornées transversales (raison pour laquelle on les appelle également des lamellirostres) qui leur permettent de filtrer l'eau pour en extraire les éléments nutritifs, à la manière des fanons de cétacés.
Dans la famille des anatidés, le plus lointain ancêtre connu est un « canard » appelé Gallornis, qui vivait il y a environ 65 millions d'années, en Europe. Mais il a fallu fouiller des couches sédimentaires beaucoup plus récentes, de la fin de l'oligocène et du début du miocène (datées entre 38 et 25 millions d'années), pour mettre au jour des fossiles proches des canards, des oies et des cygnes actuels. Les tadornes sont sans doute d'apparition nettement plus tardive, puisque les premiers fossiles ont été retrouvés, en Asie, dans des terrains datant du pléistocène, soit de moins d'un million d'années.
Décrit pour la première fois au xvie siècle par le zoologiste français Pierre Belon, le tadorne de Belon, qui se rencontre en Europe et en Asie, présente, comme les autres tadornes, des caractères intermédiaires entre ceux des oies et ceux des canards. Cet oiseau, moins aquatique que les canards, et qui, comme les flamants, apprécie particulièrement les eaux salées ou saumâtres, fréquente les rivages marins de l'ouest de l'Europe et les abords des grandes étendues d'eau saumâtre des steppes asiatiques.
Comme presque tous les autres anatidés, le tadorne reste, chaque année, cloué au sol pendant plusieurs semaines à l'époque de la mue : le temps que repoussent ses plumes voilières et qu'il retrouve son épais plumage imperméable et protecteur. Et, pour rejoindre ses congénères sur leur site de mue, il peut parcourir des milliers de kilomètres.
Autrefois chassé pour sa beauté, le tadorne de Belon a bien failli disparaître. Mais l'espèce est aujourd'hui protégée et ses effectifs sont à nouveau en expansion.
La vie du tadorne de Belon
Insectes, algues et crustacés récoltés dans la vase
Pour se nourrir, les tadornes de Belon explorent les vastes étendues de vase des côtes maritimes basses ou des estuaires périodiquement recouverts d'eau par le jeu des marées, mais aussi les étangs littoraux, les salines ou les marais saumâtres à l'intérieur des terres. En hiver, ou lorsque la nourriture est très abondante, ils se retrouvent souvent en groupes, parfois très importants, sur les mêmes aires d'alimentation. Là, ils fouillent la vase liquide, dont ils filtrent le substrat pour n'en retenir que les seuls éléments nourriciers grâce à leur bec et à leur langue très bien adaptés.
Un régime très variable
Les études ont montré que le régime alimentaire du tadorne de Belon varie considérablement selon sa répartition géographique. Dans le nord-ouest de l'Europe, l'oiseau recherche surtout les petits mollusques tels les hydrobies, les buccins, les tellines, etc. Dans le sud de l'Europe et en Asie centrale, il consomme essentiellement des crustacés (petits crabes, crevettes, puces de mer, artémias, etc.) ainsi que des insectes et leurs larves (coléoptères, scarabées, sauterelles).
Les algues bleues et la végétation herbacée dont l'oiseau agrémente souvent son menu deviennent parfois indispensables pour compenser l'absence de crustacés.
Les cycles biologiques de ses proies, les conditions météorologiques et les saisons influent également sur son régime, comme le montrent les études et l'observation directe sur le terrain. Durant l'hiver 1981, dans le sud de la France, en Camargue, où les tadornes fréquentent un milieu saumâtre, J.G. Walmsley et E. Moser ont observé que le coléoptère Potamonectes cerysii se retrouvait dans 71,9 % des restes fécaux de tadornes récoltés en octobre et dans seulement 1,9 % de ceux récoltés en février. En revanche, l'algue bleue (Cyanophyceae), qui constitue une part très importante de l'alimentation de l'oiseau en janvier et février (respectivement 76,3 % et 77,8 % des restes fécaux), est totalement absente de son régime en octobre et novembre.
Le tadorne peut aussi, à l'occasion, se nourrir de frai, de petits poissons, de différentes espèces de vers de vase, ou absorber des végétaux aquatiques autres que des algues comme, par exemple, la soude maritime.
Une subtile technique de pêche
Le tadorne de Belon fouille et creuse la vase humide à marée montante ou descendante. Il la piétine pour la remuer et faire remonter les proies à la surface. En fauchant la vase au ras de l'eau avec son bec, il capture les larves de petits crustacés. Dans les zones peu profondes (de 1 à 10 cm), il filtre l'eau pour brouter les algues et autres végétaux. Là où elle atteint de 10 à 25 cm de profondeur, il plonge la tête pour attraper les crustacés comme l'artémia adulte. Dans les zones où l'eau a 45 cm de profondeur, l'oiseau doit basculer tout le corps, à la manière des canards de surface. Alors que les jeunes tadornes plongent avec aisance au fond, les adultes ne s'y déterminent que rarement, pour échapper à un prédateur, par exemple, mais jamais pour se nourrir.
La dure conquête d'une femelle
Au cours de l'hiver, alors que les tadornes vivent en grandes troupes, les oiseaux matures et non encore appariés commencent à rechercher un partenaire, certains dès l'âge de deux ans, d'autres vers leur 4e ou leur 5e année, pour se reproduire. Une fois le couple formé, les partenaires restent fidèles l'un à l'autre toute leur vie, et chaque année, au printemps (mars), rejoignent le site d'alimentation-nidification fréquenté par la femelle les années précédentes. En effet, celle-ci retourne toujours sur le même site d'alimentation ; si son partenaire meurt, son nouveau compagnon devra l'y suivre.
Un mâle choisi pour son agressivité
Les parades, préludes à la formation des couples, commencent sur les lieux des grands rassemblements hivernaux et se poursuivent sur les sites favorables à la nidification. Par leurs cris et des attitudes bien particulières, les femelles provoquent l'excitation des mâles qui, pour les conquérir, s'efforcent de supplanter leurs rivaux, en adoptant des postures d'intimidation et d'agressivité, et par d'incessants harcèlements. Lorsque plusieurs mâles poursuivent une femelle en vol et essaient de s'en approcher, ils alternent un vol plané, accompagné d'un sifflement proche de celui du canard siffleur (Anas penelope), et un vol aux battements d'ailes frénétiques. Si la femelle est déjà appariée, son partenaire vient à son secours et la défend vigoureusement contre ses poursuivants. Les bagarres entre mâles sont souvent violentes, et coups de bec, morsures ou coups d'ailes s'échangent dans un concert de cris et de sifflements stridents. Après chaque attaque, les oiseaux pratiquent un simulacre de lissage des plumes en arrière de l'aile qui a pour but d'apaiser les tensions.
Un accouplement sur l'eau
Le couple, une fois formé, se met à la recherche d'un nid, souvent avant même de s'être accouplé. C'est le mâle qui choisit l'endroit, parfois situé à plusieurs kilomètres de la zone d'alimentation. Tout au long de cette recherche, les deux oiseaux se saluent ou, au paroxysme de l'excitation, bougent tout leur corps de haut en bas, en rythme.
Dès qu'il a choisi son nid, le couple défend son territoire, mais davantage sur le lieu d'alimentation qu'à proximité du nid même. Le mâle, en particulier, dissuade ses congénères d'approcher, en bougeant la tête de droite à gauche et de haut en bas tout en émettant un sifflement puissant.
En prélude à l'accouplement, mâle et femelle nagent ensemble, la tête ou le corps tout entier sous l'eau. Parfois, ils se mettent à nager précipitamment sur de courtes distances, témoignant de leur excitation. Puis la femelle s'immobilise complètement. À ce signal, le mâle, après un dernier simulacre de toilette, rejette brusquement et avec exagération sa tête en arrière et monte sur sa partenaire. Il la saisit à la nuque pendant la durée de l'accouplement. Ensuite, les deux oiseaux tournent sur eux-mêmes, la tête rejetée en arrière, et le mâle se dresse ; puis tous deux se baignent, se nettoient et lissent avec soin leur plumage.
Si le mâle meurt au cours de la période de nidification, la femelle garde son territoire jusqu'à ce qu'un nouveau partenaire se présente. En revanche, si c'est la femelle qui disparaît, le mâle retourne au sein de la troupe, composée d'oiseaux immatures ou non nicheurs qui estivent à proximité.
Des postures éloquentes
Des postures éloquentes
Pour inciter son mâle à la défendre, la femelle pointe le bec vers l'intrus et l'agite de droite et de gauche en émettant un cri caractéristique. À ce signal, le tadorne mâle attaque aussitôt l'intrus désigné par sa partenaire.
Plus souvent pratiqué par les mâles que par les femelles, le rejet de la tête en arrière puis son maintien à la verticale, bec pointé vers le ciel en sifflant, est généralement un signal qui précède l'envol des oiseaux.
Une longue marche du nid à la crèche
Une fois fécondée, la femelle tadorne pond chaque matin un œuf, blanc crème, assez rond. Quand elle a achevé sa ponte (de 3 à 12 œufs), elle se met à couver. Le mâle l'aide parfois mais, le plus souvent, il reste sur l'aire d'alimentation où sa compagne le rejoint trois ou quatre fois par jour pour se nourrir. Avant de quitter le nid, celle-ci cache ses œufs sous du duvet pour leur éviter un refroidissement brutal.
Environ 30 jours plus tard, quelques heures avant l'éclosion, la femelle lance des cris doux et sifflés. Dès que les poussins sont tous éclos, elle les incite, par d'autres cris, à quitter le nid. Puis, accompagnée ou non de son partenaire, elle guide ces petites boules de duvet de quelques heures vers le site d'alimentation, parfois assez éloigné.
Au cours des premiers jours, les jeunes tadornes restent près de leurs parents et ne cessent de les appeler. Quand un prédateur menace, la femelle donne l'alarme et les poussins se rassemblent autour d'elle. Le mâle peut aussi feindre d'être blessé et de ne pouvoir s'envoler afin d'attirer l'attention du prédateur, le temps que les petits fuient avec leur mère.
La garde collective des poussins
Parfois, la famille reste unie jusqu'à l'émancipation complète des jeunes, mais, le plus souvent, les petits sont séparés de leurs parents dès la première semaine. Là où les nicheurs sont nombreux, ils se rassemblent d'abord en larges groupes familiaux, avant que les poussins ne soient regroupés par dizaines dans des crèches. Formant des groupes assez compacts, les jeunes sont alors confiés à la surveillance d'adultes qui peuvent être les parents de poussins présents, mais aussi des adultes non nicheurs, ou des oiseaux dont la propre couvée a échoué. Environ 50 jours après leur naissance, lorsqu'ils ne sont plus en duvet, les jeunes tadornes, devenus autonomes, quittent la crèche.
Un nid au fond d'un trou
Un nid au fond d'un trou
Les tadornes établissent leur nid bien à l'abri au fond d'un trou : dans un terrier de lapin ou de blaireau, un creux dans un vieil arbre (jusqu'à 5 m de haut), sous une meule de foin, dans une fissure de rocher ou sous un épais buisson épineux. Le mâle apporte de l'herbe, des feuilles ou du foin dans la chambre de ponte. La femelle donne la touche finale au nid en le garnissant de son duvet. Plusieurs familles peuvent nicher parfois à 1 m de distance seulement les unes des autres, partageant un même terrier avec des pontes de quelque 30 œufs.
Trois semaines de mue sans pouvoir voler
Comme presque tous les anatidés, les tadornes perdent d'un seul coup toutes leurs plumes voilières, les rémiges. Ils se retrouvent donc, pendant environ trois semaines, totalement incapables de voler et extrêmement vulnérables si survenait alors le moindre prédateur. C'est la raison pour laquelle ils migrent chaque année sur des sites dits « de mues », particulièrement bien protégés, où ils se retrouvent par dizaines de milliers. On peut ainsi, parfois, observer des rassemblements de plus de 100 000 oiseaux attendant que leur plumage se renouvelle complètement.
Beaucoup de ces oiseaux nicheurs du nord-ouest de l'Europe se retrouvent pour muer dans la Waddenzee (mer de Wadden), sur les vastes hauts-fonds formant des îles sablonneuses au large des côtes d'Allemagne. Mais des études ont montré que la population du sud de la France, ou, de façon plus générale, celle de la Méditerranée occidentale, remontait elle aussi muer sur le site de la Waddenzee allemande. Cela représente un voyage d'environ 2 500 km aller et retour que les tadornes de Belon effectuent généralement en vol direct en passant au-dessus des terres, ne s'arrêtant que le jour pour se nourrir.
Les autres migrations
À la fin de la mue commence la migration d'automne. Elle varie suivant l'origine géographique des oiseaux. Selon les années, ces migrations sont terminées dès le mois d'octobre, ou se poursuivent jusqu'en décembre.
Les jeunes de l'année, bien qu'ils ne fassent pas de mue complète le premier automne, quittent néanmoins les terrains de leur naissance et se dispersent tout au long de leur premier hiver. Certains se déplacent vers l'ouest de la France, les îles anglaises ou le sud de l'Europe. D'autres s'égarent et, remontant plus vers le nord, se retrouvent en Scandinavie ou sur les rives de la mer Baltique.
Pendant toute cette période hivernale, les tadornes de Belon ont une activité réduite. Ils consacrent de longues heures au repos, qu'ils passent soit directement couchés sur le sol, soit perchés sur une patte, mais toujours le bec enfoui sous l'aile. À ce repos succèdent des séquences de recherche de nourriture et de toilette, jusqu'au moment où les oiseaux se mettent en quête d'un partenaire sexuel. Enfin, le retour de tous les tadornes vers leurs sites de reproduction s'effectue généralement au cours du mois de mars.
Lors de leurs déplacements, les tadornes de Belon survolent souvent des régions intérieures qui leur sont inhabituelles. Aussi s'efforcent-ils d'effectuer leurs haltes migratoires dans les quelques zones plus propices à la reconstitution rapide de leurs forces. C'est à ces occasions qu'on peut les rencontrer sur des étendues d'eau douce qu'ils ne fréquentent que rarement en temps ordinaire. Les principales étapes de ces vols migratoires sont parcourues la nuit, en groupes (parfois en formation en « V », mais, le plus souvent, les uns derrière les autres) et à des altitudes pouvant dépasser les 1 000 mètres.
Mues et migrations
Mues et migrations
Les premiers tadornes à migrer et à muer, en juin, sont surtout les jeunes oiseaux d'un an au moins. En juillet, c'est le tour des adultes. Mais, en septembre, certains oiseaux de l'est de l'Europe arrivent encore sur les sites de mue. Seuls les adultes chargés de garder les crèches de jeunes muent sans migrer.
Pour tout savoir sur le tadorne de Belon
Tadorne de Belon (Tadorna tadorna)
Ressemblant beaucoup à une oie au plumage très contrasté, le tadorne de Belon est un palmipède de belle taille. Le mâle mesure plus de 65 cm de long et pèse environ 1,5 kg (l'oiseau le plus lourd capturé pesait 1,650 kg), alors que la femelle est de taille et de poids moindres : environ 50 cm pour un poids moyen de 600 g. L'envergure des oiseaux varie entre 110 et 133 cm. Les ailes, larges près du corps et pointues aux extrémités, ont 11 rémiges primaires. Le large miroir alaire vert métallique est très voyant lorsque l'aile est complètement ou partiellement déployée. Il joue un rôle fondamental pour permettre aux tadornes de se reconnaître entre eux ; c'est pourquoi il est toujours présent, même en période de mue. La queue, assez courte, possède 14 rectrices.
S'il est déjà aisé de différencier le mâle de la femelle par leur taille, d'autres indices renforcent encore ce dimorphisme sexuel. Le corps du tadorne de Belon est, dans sa plus grande partie, blanc pur ; la tête, qui paraît noire de loin, est, en réalité, vert sombre, un baudrier roux vif ceinture la poitrine, et le ventre est parcouru d'une bande noire. Aux ailes, les scapulaires et les rémiges sont noires, vertes et rousses. Les plumes sous-caudales sont rousses. Chez le mâle, ces couleurs du plumage sont plus vives, le baudrier et la bande ventrale sont plus larges et mieux marqués. Le bec, rouge vif chez le mâle, a l'extrémité noire chez la femelle. Ce contraste est encore plus net lors de la période des noces, quand le mâle arbore à la racine de sa mandibule supérieure une magnifique protubérance (caroncule) rouge.
Les plumes de la tête et du cou sont nettement plus longues de la mue de printemps à la mue principale, en août, et les pattes sont roses. En hiver, les oiseaux deviennent plus ternes et leur bec pâlit.
Les jeunes ont le dessus du corps brun terne et le dessous blanc. Les pattes et le bec sont rose grisâtre.
Par leur position très à l'avant du corps, les pattes assurent à l'oiseau une bonne mobilité. Le tadorne marche le corps à l'horizontale, en se dandinant, mais il peut aussi courir.
Comme chez tous les ansériformes, la syrinx (ou organe vocal) du tadorne de Belon a une structure assez simple par rapport à celle des autres oiseaux. Elle est, en gros, formée par la dilatation des derniers anneaux de la trachée juste au-dessus des bronches ; ce volumineux « tambour » est en outre pourvu de membranes vibrantes et d'une musculature simple. Grâce à leur « tambour » syringo-bronchial ossifié et à la structure de leur trachée, les mâles se distinguent par la grande variété des sons, cris ou sifflements qu'ils peuvent émettre.
Les deux mandibules sont pourvues de lamelles sur leurs bords, qui opèrent le filtrage de l'alimentation. Comme tous les oiseaux vivant en milieu salé, les tadornes possèdent une glande à sel (au-dessus des narines, sur la mandibule supérieure) qui a pour fonction de rejeter l'excédent de sel absorbé. La langue est un excellent instrument pour compléter le bec dans son œuvre de filtrage des boues liquides. Elle est très épaisse et charnue, dotée d'un squelette cartilagineux et de muscles. Très sensible, elle est recouverte d'un épais épithélium semé de papilles et d'épines cornées.
La glande uropygienne, qui produit une sécrétion huileuse, est dissimulée sous les plumes. Après s'être soigneusement nettoyé lors du bain, l'oiseau prélève cette sécrétion et l'étend sur son plumage pour en assurer l'imperméabilité. Cette cérémonie est particulièrement fréquente et élaborée chez le tadorne, dont la santé et la survie dépendent en grande partie de la bonne tenue de son épais plumage, qui doit le protéger en toute circonstance.
TADORNE DE BELON |
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Nom (genre, espèce) : |
Tadorna tadorna |
Famille : |
Anatidés |
Ordre : |
Ansériformes |
Classe : |
Oiseaux |
Identification : |
Gros palmipède, plumage blanc, noir et vert sombre rehaussé de roux vif à la poitrine et aux ailes ; bec rouge ; pattes roses ; caroncule chez le mâle, en période de nidification ; mâles plus gros que femelles |
Taille : |
De 0,58 à 0,67 m, le corps en constituant les deux tiers |
Envergure : |
De 1,10 à 1,33 m |
Poids : |
De 750 à 1 500 g ; 600 g en moyenne |
Répartition : |
Europe, Afrique du Nord et Asie |
Habitat : |
Rivages marins, estuaires, lagunes et marais saumâtres côtiers, en Europe ; zones humides saumâtres de l'intérieur des terres, en Asie |
Régime alimentaire : |
Surtout des animaux (crustacés, mollusques, insectes et leurs larves...), algues et végétation herbacée |
Structure sociale : |
Très sociables hors nidification ; couples unis, territoriaux sur les sites d'alimentation |
Maturité sexuelle : |
De 2 à 3 ans |
Saison de reproduction : |
Printemps |
Nombre d'œufs : |
De 1 à 12 |
Longévité : |
De 4 à 5 ans en moyenne ; le plus vieux : 14 ans et 6 mois |
Effectifs et tendance : |
580 000 – 710 000 au total (estimations 2002) |
Statut, protection : |
Inscrite à l'annexe II (espèces strictement protégées) de la Convention de Berne (relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe) et, comme tous les anatidés, à l'annexe II de la Convention de Bonn (C.M.S, Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage) |
Signes particuliers
Bec
Aussi long que la tête et plus haut que large à sa base, le bec va en s'élargissant. La mandibule supérieure (le culmen), nettement convexe, lui donne cet aspect « retroussé » typique des tadornes. Ce bec est recouvert d'une membrane bien innervée qui lui confère une grande sensibilité. Le bec du mâle est, en outre, surmonté d'une grosse caroncule rouge qui atteint sa taille maximale à l'époque de la reproduction, puis régresse et disparaît presque complètement en hiver. Les jeunes mâles et les femelles en sont dépourvus.
Syrinx et tambour : les organes vocaux
Pour produire des sons en faisant vibrer les membranes de la syrinx, son organe vocal, le tadorne de Belon expulse l'air de ses poumons et celui de ses sacs aériens en comprimant fortement sa musculature respiratoire à la manière d'un soufflet. Mais la syrinx du mâle présente de grandes différences anatomiques avec celle de la femelle, elle lui permet d'émettre des sons beaucoup plus variés et plus puissants. En effet, il est doté d'une bulle osseuse (tambour) au niveau de la syrinx (à la hauteur des derniers anneaux de la trachée), qui forme une véritable caisse de résonance. Sa trachée est plus longue et s'élargit en un endroit (la bullae). Ce qui amplifie les sons émis.
Pattes
Les pattes du tadorne de Belon sont robustes. Les tarses sont longs et nus, comme la partie inférieure du tibia. Les trois doigts antérieurs sont proportionnellement assez courts et réunis par une palmure. Le doigt postérieur est placé assez haut sur le tarse. Lorsque l'oiseau est en position de repos sur une jambe, la seconde est placée, de façon caractéristique, dans une véritable poche imperméable située au niveau du flanc.
Les autres tadornes
Parmi les 23 espèces de tadorninés répartis en 10 genres, les tadornes « vrais » (genre Tadorna) n'en représentent que 7. Tous les oiseaux de cette sous-famille sont de gros palmipèdes semi-terrestres qui présentent des caractères intermédiaires entre les ansérinés (oies) et les anatinés (canards) ; ils sont tous brouteurs et se déplacent aisément au sol grâce à la position de leurs tarses en avant du corps. Les 7 « tadornes vrais » ont en outre un plumage souvent éclatant et contrasté, même chez les femelles ; ils n'ont pas de véritable plumage d'éclipsé qui distingue les oiseaux nicheurs, et les mâles ont tous la même structure particulière de la trachée que le tadorne de Belon.
Outre ce dernier, les tadornes vrais sont :
Tadorne à crête (Tadorna cristata)
Aussi appelé « tadorne de Corée ».
Identification : net dimorphisme sexuel, mais les deux sexes ont une crête de plumes en arrière de la nuque, le bec et les pattes rouges ; ailes aux extrémités noires avec miroir blanc sur la partie antérieure. Mâle : dessus de la tête, nuque et poitrine noirs ; reste du corps gris. Femelle : côtés de la tête et cou blancs ; corps chamois finement barré de blanc et de gris-brun, œil entouré de « lunettes » blanc et noir.
Répartition : régions forestières, le long des rivières ; Chine, Russie, Corées du Nord et du Sud.
Comportement : pratiquement inconnu, oiseau déjà très rare au xixe siècle.
Effectifs, statut : l'espèce est peut-être éteinte à l'heure actuelle. La dernière observation se rapporte à six oiseaux vus à l'embouchure de la rivière Pouchon (nord de la péninsule coréenne) en 1971. De petits groupes auraient également été aperçus dans le nord-est de la Chine. Éteinte au Japon, l'espèce est classée dans la catégorie « en danger critique d'extinction » depuis 2000. Des recherches avec campagne publique auprès des populations sont toujours encouragées aujourd'hui.
Tadorne de paradis (Tadorna variegata)
Identification : dimorphisme sexuel marqué. Mâle d'une teinte fuligineuse sombre. Femelle rousse à tête blanche. Couvertures des ailes blanches ; bec, pattes et pieds noirâtres ; iris brun.
Répartition : le plus souvent le long des rivières et des lacs boisés, mais aussi estuaires, baies et côtes, parfois aussi plateaux et montagnes ; oiseau endémique de Nouvelle-Zélande, ne se rencontre pas dans la partie nord.
Comportement : très territorial d'août à janvier (nidification) ; niche dans des trous d'arbres, de rochers ou dans la terre. Rassemblements pour la mue.
Effectifs, statut : l'un des rares oiseaux endémiques de Nouvelle-Zélande dont les populations ne soient pas en danger. La courte période de chasse (trois mois) a peu d'effet sur ses effectifs (150 000 – 180 000 en 2002).
Tadorne raja (Tadorna radjah)
Identification : petit oiseau facile à identifier ; les deux sexes sont semblables : tête, cou, poitrine et ventre blanc pur ; poitrine traversée d'un baudrier marron vif ; dessus du corps également marron vif ; miroir alaire vert métallique, encadré de blanc ; rémiges primaires noires ; bec et pattes rose pâle.
Répartition : vastes zones saumâtres ou salées, eaux peu profondes des mangroves, baies abritées et, parfois, eaux plus douces des lacs ou des rivières ; régions côtières et lagunes du nord de l'Australie, de Nouvelle-Guinée et des îles proches. Deux populations : l'une, T.r. radjah, en Nouvelle-Guinée et alentour, et l'autre, T.r. rufitergum, plus importante, au nord de l'Australie.
Comportement : assez sédentaire et plutôt nocturne, se repose le jour, le plus souvent perché dans les arbres. Niche au plus fort de la saison des pluies ; les mâles deviennent alors très territoriaux.
Effectifs : 160 000 – 250 000 individus. A disparu, au cours du xixe siècle, de quelques régions de son aire de répartition. La chasse semble être le facteur principal de ce déclin. Espèce peu farouche.
Tadorne d'Australie (Tadorna tadornoides)
Identification : mâle à tête, cou et corps gris très sombre ; petit collier blanc ; poitrine roux cannelle vif. Femelle : tour de l'œil et base du bec blancs. En vol, aile bicolore blanche, noire ; miroir vert métallique.
Répartition : marais doux, rives des lacs, mais aussi zones saumâtres. Apprécie la présence d'arbres, se rencontre également dans les plaines et les campagnes ouvertes ; espèce endémique du sud de l'Australie.
Comportement : très sociable ; vit en couples (fidèles) ou en petits groupes familiaux. Niche de la mi-juin à septembre dans le trou d'un arbre, d'une falaise ou sur les rives d'un lac. Très farouche, il gagne le milieu des zones humides dès qu'il se sent menacé.
Effectifs, statut : sa chair étant peu comestible, cet oiseau n'est pratiquement pas chassé ; aujourd'hui, ses populations, en augmentation, conquièrent de nouveaux territoires.
Tadorne à tète grise (Tadorna cana)
Appelé également « tadorne du Cap ».
Identification : mâle à tête gris cendré ; poitrine et subcaudales jaunâtres ; flancs et dessus du corps marron-orangé, plus pâles que la poitrine ; ailes noir, blanc et vert. Femelle plus sombre que le mâle : corps plus marron, tête gris plus sombre et contrasté ; taches faciales blanches.
Répartition : petits lacs d'eau douce ou saumâtre dans les plaines ou sur les hauts plateaux ; rassemblements de mue sur les grands lacs profonds ou les lacs-réservoirs de barrages. Afrique du Sud, Namibie, Botswana, Lesotho.
Comportement : niche à la saison sèche dans des terriers de mammifères proches de l'eau ; couple fidèle toute l'année. Âpre compétition entre mâles, même sur les lieux d'hivernage. Se nourrit surtout en pâturant dans les champs.
Effectifs, statut : 50 000 oiseaux en 2002 (estimations) ; espèce commune dans son aire de répartition, assez abondante dans la province du Cap et dans le sud de la Namibie.
Tadorne casarca (Tadorna ferruginea)
Identification : mâle à tête et cou chamois, à collier noir ; reste du corps chamois orange ; queue et bas du dos noirs ; couvertures alaires blanches contrastant avec rémiges noires, miroir vert ; femelle un peu plus terne que le mâle, sans le collier noir ; bec et pattes noirâtres chez les deux sexes.
Répartition : milieux ouverts au bord des lacs ou des salines de plaines ou de steppes ; au bord des rivières en montagne ; absent des régions boisées ; évite les côtes maritimes. Population principale de la Turquie à la Mongolie et à l'ouest de la Chine, à travers les plateaux centraux d'Asie.
L'espèce est devenue rare en Europe (elle ne se rencontre plus guère qu'en Turquie, en Bulgarie, Roumanie, Russie et en Grèce), mais elle est encore abondante en Asie, et niche aussi en Afrique du Nord-Ouest.
Comportement : la plus grande partie des populations est migratrice. Rassemblements postnuptiaux pour la mue le long des rivières. Oiseau cavernicole pour sa nidification. Peut devenir, lorsqu'il n'est pas persécuté, extrêmement confiant et s'installer, comme au Tibet, jusque dans les maisons. Se nourrit en pâturant ou en fouillant la vase des rives des lacs ou des marais.
Effectifs, statut : 170 000 – 220 000 individus ; la population asiatique se porte bien ; la petite population d'Afrique du Nord (Algérie et Maroc) compte plus de 2 000 individus.
La population européenne ne subsiste plus que de manière relique, sans doute à cause de la mise en place de méthodes agricoles modernes modifiant le milieu de l'oiseau. Elle est strictement protégée (de même que le tadorne de Belon) par son inscription à l'annexe II de la Convention de Berne relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe.
Milieu naturel et écologie
Pour satisfaire ses exigences de vie, en particulier alimentaires, le tadorne de Belon sait s'adapter à des zones géographiques et physiques très différentes. La population qui niche dans l'Ouest paléarctique est nettement liée à un habitat salé de côtes maritimes. On la rencontre aux abords des larges estuaires, des côtes vaseuses et dunaires, des étendues lagunaires et des marais salants. L'autre population importante qui se reproduit dans le centre de l'Asie, vit au contraire au milieu des steppes, voire dans des zones plus désertiques, pourvu qu'elle y trouve de grandes étendues d'eau salée ou saumâtre. En règle générale, l'espèce choisit ses sites de nidification à proximité d'eaux salées ou saumâtres, mais cela ne l'empêche pas d'apprécier, de temps à autre, une toilette dans une eau douce. Certains tadornes vont même jusqu'à s'installer en bordure de rivières ou de marais plus doux. Nettement moins aquatique que les autres canards, le tadorne de Belon se rencontre rarement en haute mer ; il préfère de beaucoup nager ou barboter dans les eaux peu profondes et boueuses. Il fréquente les îles surtout pendant la période de mue où ces dernières lui assurent une plus grande sécurité.
Le tadorne de Belon choisit un lieu surtout pour sa richesse en nourriture, critère pour lui plus important que l'abondance des sites de nidification, car il est prêt à nicher à plusieurs kilomètres de son site d'alimentation.
Sa préférence va aux climats marins doux. Il est absent de toute la zone boréale et subarctique au nord du 5e parallèle, mais on le trouve parfois dans des régions relativement chaudes, voire semi-arides, jusqu'au tropique du Cancer. Sur le pourtour du bassin méditerranéen, de petites populations éparses vivent en Espagne, en France, en Italie, en Grèce ; l'espèce ne constitue que de rares îlots de populations reliques en Algérie et en Tunisie.
Certaines populations effectuent de longues migrations pour se rendre sur les sites de mue ou pour hiverner, de l'Europe du Nord-Ouest jusqu'en Afrique ou en Espagne, par exemple. D'autres sont plus sédentaires (sauf en cas de rigueur climatique), telles celles de l'Europe du Sud-Est.
Les trois principaux facteurs de régulation naturelle des populations sont le taux de réussite des couvées, la compétition alimentaire et les prédateurs. Des études menées en 1960-1963 par l'ornithologiste D. Hori dans la région anglaise du Kent ont montré que le taux de réussite des couvées était relativement faible : 27 % seulement des œufs pondus donnaient des jeunes encore vivants 50 jours après leur naissance, à l'époque de l'envol. Les études complémentaires de Patterson dans la même région, en 1974, ont révélé que ce taux de survie variait suivant le nombre de petits. Dans une nichée de 1 à 5 poussins, 11,9 % d'entre eux survivaient jusqu'à l'envol, contre 38,5 % dans une nichée de 6 à 10 petits et 26,9 % dans une nichée de 11 à 15.
La compétition dans la recherche de nourriture, notamment en hiver, ainsi que les comportements territoriaux sur les lieux d'alimentation ont une répercussion sur la quantité d'oiseaux adultes ou immatures au sein des populations. En moyenne, environ 20 % d'oiseaux adultes meurent chaque année. L'espérance de vie d'un tadorne de Belon est de 4 à 5 ans. Les prédateurs de l'espèce sont les mammifères carnivores qui fréquentent les mêmes milieux qu'elle. En premier lieu le renard, mais aussi des mustélidés qui s'attaquent aux poussins.
Le tadorne de Belon et l'homme
Une chair immangeable et pourtant célébrée
La richesse de sa livrée fit longtemps rechercher le tadorne de Belon pour ses plumes. Jusqu'au début de ce siècle, cette qualité fut sans doute jugée suffisante pour que les chasseurs continuent à tirer ce gibier dont la chair n'est pas vraiment fameuse. Mais depuis, heureusement, des mesures de protection ont mis fin au massacre de l'espèce.
Un nom aux mystérieuses origines
Tadorne : un nom curieux, aux origines mystérieuses, dont certains disent qu'il viendrait du gaulois, mais que nul, à ce jour, n'a jamais pu véritablement rattacher à aucun sens commun.
Rabelais l'appelle « tadourne » lorsqu'il cite l'oiseau dans le gigantesque menu du repas de Grandgousier et de Gargantua : « ... et quelques douzaines de ramiers, d'oiseaux de rivière, de sarcelles, butors, courlis, pluviers, francolins, cravants, chevalier-gambette, vannereaux, tadournes, spatules tachetées, héronneaux, foulques, aigrettes, cigognes, canepetières, oranges flamants qui sont phénicoptères, terrigoles, poules d'Inde, force couscous et renfort de potage... » Dans les textes de 1465 et ceux de Pierre Belon en 1555, le nom de l'oiseau est du genre féminin ; en 1660, il devient masculin. Entre-temps, ce tadorne ordinaire est devenu « tadorne de Belon » en hommage au célèbre naturaliste qui, le premier, l'a décrit : « La tadorne est oyseau moult ressemblant à une cane, mais on la voit rarement en notre France, si non ès courts des grands seigneurs à qui on les apporte des autres provinces du dehors. »
Une beauté dangereuse
Dans la description de P. Belon qui figure dans le dictionnaire de la langue française du xvie siècle, la rareté du tadorne de Belon est mise en parallèle avec la valeur « décorative » de l'oiseau, fort apprécié et réservé aux « grands seigneurs ». Ce statut d'« oiseau d'ornement » s'est pérennisé jusqu'à nos jours dans les parcs et jardins publics où les promeneurs ne voient en lui qu'un oiseau exotique comparable aux canards mandarins ou autres anatidés originaires d'Asie ou d'Amérique.
Son éclatant plumage valut aussi au tadorne d'être poursuivi par les chasseurs, cause sans doute du déclin de l'espèce en Europe. Un recueil du Chasseur français du début du siècle accorde au tadorne le prix de beauté toutes catégories. Pourtant, « il ne faut pas juger les canards – ni les gens – sur la mine. Si le tadorne est revêtu d'une si belle livrée, ce qu'il y a dessous n'est pas très fameux... »
Il fallut attendre 1962 pour que le tadorne de Belon soit protégé en France, comme dans d'autres pays d'Europe. Après avoir été menacée de disparition, l'espèce voit enfin s'accroître ses populations.
Le tadorne à crête est-il encore vivant ?
Les dernières observations de tadornes à crête remontent à la fin du mois de mars 1971, quand deux mâles et quatre femelles de Tadorna cristata ont été observés à l'embouchure du fleuve Pouchon, en Corée du Nord. Les précédentes données concernant l'espèce avaient été recueillies en 1964. Déjà alors, l'oiseau n'avait pas été observé depuis 1943. Aujourd'hui, personne ne sait s'il est encore vivant. Malgré plusieurs missions infructueuses, les ornithologues espèrent toujours retrouver la trace de quelques populations. Mais leurs investigations sont entravées par l'isolement des régions où l'oiseau, s'il existe encore, est confiné : dans l'extrême nord-est de la Chine, dans l'extrême sud-est de la Sibérie et en Corée du Nord. Aussi les scientifiques de l'Institut d'ornithologie de la faculté Kyung Hee de Séoul (Corée du Sud) ont-ils distribué des fiches signalétiques de l'oiseau dans les campagnes, en demandant qu'on leur signale toute présence suspectée d'un représentant de l'espèce. Sans grand résultat pour l'instant...