puma

Puma
Puma

Les Indiens Quechuas du Pérou donnèrent le nom de puma à ce grand chat mystérieux au pelage uni, sans doute originaire du vaste continent américain, qu'il peuple encore aujourd'hui. Présent du Canada à la Patagonie, il est le seul félidé à avoir une aussi large distribution géographique.

1. La vie du puma

1.1. Un vaste domaine pour un animal solitaire

Du Yukon, au nord de l'Amérique, jusqu'au sud de l'Argentine, le puma vit dans toutes sortes de milieux, pourvu que la végétation – brousse, conifères, plantes tropicales ou montagnardes – lui permette d'approcher sa proie sans être vu.

Ces félins sont des animaux solitaires. Toutes les études effectuées jusqu'à présent montrent que chaque animal vit sur son propre domaine vital et qu'il évite autant qu'il le peut de rencontrer ses congénères. Les quelques moments non solitaires sont la brève période de la reproduction et celle durant laquelle la femelle élève seule sa progéniture.

Dans le nord-ouest de l'Amérique du Nord, les pumas mâles vivent toujours sans contacts avec leurs voisins du même sexe, dans de vastes domaines vitaux. Lorsqu'il s'agit de femelles, ces domaines peuvent être plus restreints, et l'on assiste, dans certains cas, au recouvrement partiel d'un même territoire entre voisins. Habituellement, le domaine vital des femelles est, en partie ou en totalité, inclus dans le territoire d'un mâle. Mais les animaux ne se rencontrent pas, excepté lorsque l'époque de l'accouplement arrive.

Des migrations saisonnières

Toujours dans ces mêmes régions, la situation et l'étendue des territoires fréquentés varient selon les saisons. Le puma descend vers le fond des vallées en hiver et remonte sur les hauteurs à la fonte des neiges. En fait, l'animal suit ses proies. Le domaine fréquenté par un puma mâle en été peut couvrir jusqu'à 300 km2, alors qu'en hiver il ne représente qu'une centaine de kilomètres carrés. La superficie du territoire de la femelle est identique à celle du domaine du mâle, en hiver, alors qu'en été elle est de 100 à 200 km2. Plusieurs études sur l'étendue des domaines vitaux des pumas (mâles et femelles confondus) ont été menées. Elles ont montré que la fourchette des superficies varie de 106 à 293 km2 en été, et de 31 à 243 km2 en hiver. En moyenne, un mâle adulte occupe de 65 à 90 km2 et une femelle de 40 à 80 km2, ce qui donne une densité d'environ un puma pour 26 km2.

Il existe évidemment des records : au Canada, en Colombie-Britannique, à la limite nord de l'espace géographique fréquenté par l'espèce, un animal occupait à lui tout seul un domaine atteignant 650 km2.

Apparemment, les facteurs territoriaux propres à l'espèce sont plus importants pour la densité de la population que, par exemple, la disponibilité des proies. Ainsi, une étude menée dans l'État de l'Idaho, aux États-Unis, a montré que la densité de pumas restait stable à 1 sujet pour 35 km2 même si la densité de proies augmentait.

Très mobile, le puma couvre quotidiennement de grandes distances, et il lui faut plusieurs jours pour parcourir son domaine en entier. Il ne recherche pas d'abri fixe, sauf lorsque la femelle va mettre bas. Capable de grimper et de nager, il préfère cependant la terre ferme et n'aime guère se mouiller. L'essentiel pour sa survie est qu'il dispose en permanence d'eau douce et qu'il bénéficie d'un couvert végétal ou minéral (éboulis, blocs rocheux) lui permettant d'être à l'abri des regards au moment de la chasse.

En fait, si le puma possède un territoire propre, il ne va pas jusqu'à le disputer à ses congénères, qu'il se contente plutôt d'éviter. L'espace fréquenté est suffisamment vaste pour permettre l'errance des adultes ou, chez les jeunes, la recherche d'un domaine personnel. À chacun d'éviter la portion de domaine vital occupée ces jours-là par un résident.

1.2. Une préférence marquée pour les cerfs

La liste des animaux chassés par ce grand chat est plutôt longue. Les lièvres, les castors, les porcs-épics de l'Amérique du Nord ne constituent pour lui qu'une ressource subsidiaire – tout comme les opossums, les agoutis et les pacas d'Amérique du Sud. Les proies qu'il préfère chasser sont toutes les espèces de cervidés : en Amérique du Nord, wapitis (Cervus canadensis), cerfs de Virginie (Odocoileus virginianus), cerfs-mulets (Odocoileus hemionus) — dans l'ouest du sous-continent, wapitis et cerfs-mulets représentent de fait la grande majorité de ses proies ; en Amérique du Sud, cerfs daguets (Mazama sp), cerfs des pampas (Ozotoceros bezoarticus) ou cerfs des Andes (Hippocamelus antisensis).

Le puma ne chasse pas vraiment à l'affût. Lors de ses déplacements nocturnes, il déambule en silence, attentif à tous les bruits. Au moindre mouvement, il se fige, évalue les distances et ses chances de réussite. Puis, c'est une approche feutrée jusqu'à quelques mètres de la proie convoitée et, enfin, la charge. L'attaque est foudroyante. Favorisée par la longueur et la puissance des pattes postérieures, elle s'effectue à 80 km/h, cette vitesse ne pouvant toutefois être maintenue que pendant quelques secondes. Si le puma démarre de trop loin, le cerf peut l'entendre et lui échapper. C'est pourquoi deux ou trois essais infructueux précèdent souvent une capture.

Le puma a besoin d'une proie par semaine, ou toutes les deux ou trois semaines, selon que l'animal tué est plus ou moins grand. Son premier repas achevé, il recouvre le cadavre de feuilles et de branchages et revient plus tard dévorer le reste de sa pitance, si un intrus n'est pas venu la lui dérober.

Une proie plus grosse que lui

Dans certains cas, la différence de taille entre le prédateur solitaire et sa proie est supérieure à celles que l'on connaît chez les autres grands carnivores. Il n'est pas rare qu'un puma tue un wapiti pesant 4 fois plus que lui. On a vu une femelle de 44 kg capturer un wapiti d'un poids 6 ou 7 fois supérieur au sien, et une autre, de 45 kg, se saisir d'un élan de 240 kg... Mais ces exploits ne sont pas sans danger : des pumas ont été blessés, voire tués, lors d'attaques manquées en terrain difficile, proie et prédateur, emportés par la violence du choc, allant se fracasser contre un arbre ou un rocher.

Pour tuer, le chasseur cherche tantôt à atteindre directement la carotide, tantôt à briser les vertèbres cervicales de sa victime en l'attaquant de biais ou de côté. La bête meurt aussitôt.

Enfin, le puma s'en prend beaucoup moins au bétail qu'on a voulu le prétendre, excepté dans le sud-ouest des États-Unis, où ce genre d'attaque est plus régulier.

1.3. En famille pendant presque deux ans

La vie relativement silencieuse et surtout solitaire du puma ne s'anime qu'au moment de la reproduction. Celle-ci peut avoir lieu à n'importe quelle saison. En Amérique du Nord, elle est toutefois plus fréquente à la fin de l'hiver et au printemps. Chez les pumas, la femelle peut avoir plusieurs cycles œstraux consécutifs, avec une période de chaleurs qui dure de 9 à 11 jours.

Pour les mâles, ces chaleurs sont alors repérables soit à l'urine, soit aux miaulements de la femelle, semblables à ceux des chattes domestiques, mais beaucoup plus bruyants encore. Il arrive que plusieurs mâles se retrouvent autour de la même femelle, ce qui peut entraîner des conflits. L'ovulation se produit, comme chez les chattes, à la suite d'accouplements assez brefs, puisqu'ils durent moins d'une minute. Durant ceux-ci, la femelle est couchée au sol, tandis que le mâle la mord généralement à la nuque. Ces accouplements se répètent plusieurs fois par jour pendant les quelques brèves journées où le couple est réuni. Après quoi, le mâle s'éloigne. Pendant les trois mois de gestation (de 90 à 96 jours) qui précèdent la naissance, la femelle vit et chasse seule. Au cours de cette période, les embryons sont fragiles et on a observé que la mortalité embryonnaire est assez élevée (15 %).

Pour une fois sédentaire

L'approche de la mise-bas incite la future mère à rechercher sur son domaine un abri sûr où elle pourra donner le jour à sa portée. C'est l'unique moment où l'on voit un puma demeurer dans une tanière. Il s'agit tantôt d'une caverne, tantôt d'une grotte, tantôt encore, dans les zones de forêts, d'un fourré dense ou d'une cavité formée par un grand arbre déraciné.

Le nombre de jeunes varie de 1 à 6 (3 à 4 en moyenne). À la naissance, les petits sont aveugles et pèsent de 220 à 450 grammes. Leur queue est annelée et leur pelage est tacheté comme celui des lionceaux africains. Ces taches disparaissent quand les jeunes atteignent l'âge de 6 mois. Pendant les deux premiers mois, ils sont totalement dépendants de leur mère. Celle-ci, d'habitude si mobile, ne s'éloigne d'eux que le temps indispensable pour se nourrir. Les petits sont alors à la merci de n'importe quel maraudeur. D'où l'importance de la saison à laquelle survient la mise-bas et du choix du lieu, à proximité d'une nourriture abondante.

La femelle possède 3 paires de mamelles et son lait contient 35,5 % de matière sèche (le lait de chat en contient seulement 18,2 %). Il s'agit d'un aliment particulièrement riche en lipides ou matières grasses et en protéines, mais assez peu sucré.

Le sevrage a lieu lorsque les petits ont 3 mois, âge auquel ils suivent déjà leur mère dans sa vie itinérante. À 6 semaines, les jeunes pumas goûtent à la nourriture solide. S'ils naissent au printemps, ils sauront chasser seuls dès la fin de l'hiver, époque à laquelle ils commencent à s'émanciper. Le plus souvent, ils restent avec leur mère pendant 18 à 20 mois ; puis, parfois, les jeunes d'une même portée vivent ensemble durant 2 à 3 mois, avant de s'engager dans la vie solitaire des adultes. Les femelles se reproduisent en général une année sur deux.

La croissance des jeunes pumas

La croissance des jeunes pumas



Les petits pumas grandissent très vite. De 6 à 18 mois environ, quand les animaux vivent en famille avec leur mère, cette croissance s'accélère tant chez les mâles que chez les femelles. Ils mènent alors ensemble une vie itinérante. Puis ils s'émancipent, se séparent et commencent leur vie solitaire. Cette dispersion coïncide avec une interruption marquée de la croissance des animaux des deux sexes. À cet âge, les femelles ont pratiquement atteint leur taille adulte. En revanche, la croissance des jeunes mâles reprend et peut se prolonger au-delà de la maturité sexuelle (3 ans).

1.4. Les jeunes pumas sont curieux, vifs et très souples

Première épreuve à affronter par les jeunes pumas au moment de leur émancipation : l'acquisition d'un domaine vital. Dans certains cas, il leur faut parcourir près de 50 km avant de trouver un espace qui leur convienne, riche en gibier et en abris. C'est, pour ces prédateurs, une question de survie. D'où l'importance du jeu comme apprentissage.

Chez tous les mammifères, le jeu fait partie de la croissance normale des jeunes. Il est essentiel pour les jeunes carnivores, en vue de la chasse. Les exercices des chatons évoquent précisément ceux de l'adulte face à sa proie : on retrouve l'approche, le bond sur l'animal, l'étreinte avec les pattes antérieures et la morsure. À cette différence que le petit gaspille beaucoup d'énergie. Mais ce gaspillage n'est pas inutile. Plus tard, le jeune saura apprécier la distance qui le sépare du cervidé, mesurer son effort pour l'atteindre et même évaluer le danger que représente un mâle chargé de face.

Le petit puma a toujours tout un arsenal de « jouets » qui lui permettent d'apprendre à chasser. La tortue en fait partie, à son corps défendant, et cela même si les pumas ne mangent pas cet animal. Plus tard, les jeunes sauront faire la distinction entre les espèces que l'on peut chasser et les autres. Peut-être est-ce en jouant avec les tortues que les pumas apprennent à retourner, sans se piquer, les porcs-épics, dont ils sont très friands, et à les saisir avec précaution par le ventre, sans se blesser.

1.5. Milieu naturel et écologie

La vaste zone géographique couverte par le puma sur le continent américain – du Yukon à la Patagonie – amène cet animal à s'adapter à des faunes et à des milieux très divers. Sur une aussi grande étendue, les populations présentent des différences de morphologie (taille, couleur du pelage) ou de comportement. On distingue plusieurs sous-espèces géographiques, et certains auteurs sont allés jusqu'à en compter 30. La seule certitude est qu'au moins 3 de ces sous-espèces se trouvent dans des conditions pour le moins précaires.

Autrefois présente dans tout le sud-est des États-Unis, la sous-espèce de Floride, Puma concolor coryi (appelé aux États-Unis « panthère de Floride » — Florida panther), très menacée, ne survit plus maintenant que dans quelques poches dans le sud de l'État, au cœur des marais. Elle fait l'objet de programmes de protection et de renforcement ; en 2007, ses effectifs étaient compris entre 80 et 100 individus (contre 50 au plus en 1996).

Puma concolor couguar, présent dans le nord-est du Canada et des États-Unis, a connu une diminution dramatique de sa population à l'arrivée des Européens et a pratiquement disparu dans les années 1900. Actuellement, il est seulement représenté par une petite population, menacée ; il pourrait s'agir d'une population descendant de quelques individus sauvages ayant survécu aux massacres, ou d'animaux échappés de captivité (les pumas ont été à une époque utilisés comme animaux de compagnie).

Quant à la sous-espèce d'Amérique centrale, Puma concolor costaricensis, elle est également en difficulté en raison de problèmes politiques et sociaux liés en particulier au déboisement.

L'ensemble des populations de pumas, en Amérique du Nord (Canada et États-Unis), en Amérique centrale et en Amérique du Sud, est estimé à moins de 50 000 individus adultes.  

Les pumas, comme tous les super-prédateurs (situés au sommet des chaînes alimentaires) terrestres, jouent un rôle capital dans la régulation des populations de grands herbivores. On dispose d'un exemple historique d'un aspect de cette interaction :  en 1920, pour protéger les cerfs-mulets sur le plateau de Kaibab en Arizona, on avait procédé tout simplement à l'élimination de tous les prédateurs – loups, coyotes et pumas. Le résultat avait été spectaculaire : de 3 000, l'effectif de ces cervidés était passé à 30 000 ! Il avait ensuite chuté en raison d'un surpâturage considérable.

En ce qui concerne les rapports entre prédateurs, on constate que l'ours, le loup et le puma semblent s'éviter systématiquement en Amérique du Nord. Un puma jeune ou malade peut parfois servir de repas à un autre grand prédateur, loup ou ours. Les loups peuvent aussi usurper les carcasses d'animaux tués par les couguars. La présence d'autres grands prédateurs modifie aussi le régime alimentaire du puma. Ainsi, une étude menée au début des années 2000 dans le parc national de Banff (Alberta, Canada), a montré qu'à la suite du retour des loups, qui ont, dans cette région, pour proies favorites les wapitis (ce qui a eu pour conséquence une diminution de la population de ces grands herbivores), les pumas ont modifié leur comportement alimentaire en hiver : alors que leur régime hivernal était composé essentiellement de wapitis avant le retour des loups, il s'est modifié pour comprendre majoritairement des cerfs et d'autres proies.  

Puma et jaguar

Il reste beaucoup à faire pour comprendre la cohabitation de ces deux félidés américains. En montagne, l'habitat du puma atteint des hauteurs supérieures à celles fréquentées par le jaguar (Panthera onca). Au sud-est du Pérou, une première étude comparative de l'alimentation des deux espèces tend à montrer que le puma doit y modifier son régime et se nourrir de petites proies (de 1 à 10 kg), car le jaguar capture de préférence les proies habituelles du puma de taille plus importante telles que cerfs et pécaris. Au Belize, le jaguar est également tenté par les petits tatous.

Il est aussi possible que jaguars et pumas n'exploitent pas les mêmes milieux ou, en tout cas, pas en même temps. Enfin, il n'est pas exclu qu'un jaguar puisse, à l'occasion, tuer un puma.

2. Une seule espèce de puma

2.1. Puma (Puma concolor)

Plus proche, malgré sa taille, du chat domestique que du lion ou du tigre, le puma, appelé aussi couguar (d'un mot tupi, une langue amérindienne), est un félin d'une élégance remarquable. Sa tête est relativement petite. Ses pattes assez fines et allongées, plus longues à l'arrière que devant, assurent la puissance et la rapidité de l'animal lors de l'attaque des proies. Elles sont terminées par des doigts aux griffes rétractiles – 5 à l'avant et 4 à l'arrière. Un puma peut sauter dans un arbre à 5,5 m au-dessus du sol. Comme les membres du genre Felis (les chats sauvages et domestiques), il ronronne, mais ne rugit pas.

Les sens, surtout en ce qui concerne l'ouïe et la vision, sont bien développés. La pupille de ce félin se rétrécit en pleine lumière et forme alors une mince fente verticale, mais elle donne toute sa mesure dans la pénombre et l'obscurité. L'importance de la vue chez ce prédateur est sans doute à l'origine de la réaction de sa proie, qui se fige sur place lorsqu'elle se sent observée, cherchant ainsi à se fondre dans le paysage. En revanche, l'odorat du puma paraît moins aiguisé (pourtant, le mâle reconnaît la femelle en chaleurs à ses cris, mais aussi à l'odeur de son urine, et l'animal utilise sans doute son odorat lors de la phase finale de la chasse). Les vibrisses sont importantes sur le museau et autour de l'œil, favorisant la sensibilité du félin.

On distingue deux types de pelage chez le puma : l'un roux, qu'on associe d'ordinaire aux zones tropicales, l'autre d'un gris argenté, qu'on associe aux zones tempérées. Mais toutes les teintes intermédiaires existent et l'on trouve dans toutes les régions presque autant d'individus roux que d'individus gris.

La puissance de ce félidé a, de tout temps, frappé les biologistes. Elle est supérieure à celle des panthères, dont la taille est pourtant comparable. Le poids d'un puma adulte se situe autour de 60 kg. Les mâles les plus lourds atteignent 80 kg, voire 100 kg, le record connu étant de 125 kg pour un puma tué dans l'Arizona.

Mais ce poids n'empêché pas ce félidé de tuer des proies dont la masse est, dans certains cas, 5 fois supérieure à la sienne. Étant donné que le puma ne se contente pas de tuer sa victime, mais qu'il doit ensuite traîner la carcasse pour la mettre à l'abri dans un endroit propice à sa conservation, l'effort peut être considérable. Pour tuer, le félin utilise toutes ses dents – il en a 30. Les canines sont très développées et relativement innervées. Lors de la morsure, il est probable qu'elles permettent au puma de porter rapidement le coup fatal.

Le système digestif de ce carnivore est assez court et l'assimilation de la viande, rapide. Les besoins quotidiens d'un animal adulte sont de l'ordre de 1,8 à 2,7 kg. Ainsi, un cerf de 64 kg peut (si l'on tient compte des os) nourrir un puma pendant 10 à 14 jours.

Pour la reproduction, les cycles se succèdent régulièrement, apparemment tous les 23 jours. Une femelle a une portée tous les deux ans, plus rarement une par an, si la nourriture est particulièrement abondante. Il est possible que des femelles âgées donnent moins de petits que les plus jeunes.

          

PUMA

Nom (genre, espèce) :

Puma concolor

Famille :

Félidés

Ordre :

Carnivores

Classe :

Mammifères

Identification :

Félin de grande taille, de couleur unie, grise ou fauve ; dessous du corps blanc ; marques brun foncé sur le museau, derrière les oreilles et au bout de la queue ; jeunes tachetés

Taille :

Mâles : de 1,05 à 1,95 m ; queue de 66 à 78 cm

Femelles : de 0,96 m à 1,51 m ; queue de 53 à 81 cm

Hauteur au garrot : de 60 à 70 cm

Poids :

Mâles : de 67 à 103 kg ; femelles : de 36 à 60 kg

Répartition :

Du Canada à l'Argentine. Limitée aux États-Unis à l'ouest du Mississippi. Une population en Floride

Habitat :

De la mer à 3 300 m d'altitude aux États-Unis (Californie) et 4 500 m d'altitude en Équateur

Régime alimentaire :

Carnivore et chasseur spécialisé en cervidés

Structure sociale :

Solitaire

Maturité sexuelle :

De 2,5 à 3 ans

Saison de reproduction :

Toute l'année

Durée de gestation :

3 mois (de 82 à 98 jours)

Nombre de jeunes par portée :

De 1 à 6 ; moyenne 3 ou 4. Le plus souvent une portée tous les 2 ans

Poids à la naissance :

400 g

Longévité :

10-12 ans dans la nature ; 19 ans en captivité

Effectifs, tendances :

Moins de 50 000 individus adultes (estimation) ; effectifs en diminution

Statut, protection :

Officiellement protégé sur l'essentiel de son aire de répartition. Sous-espèces de Floride (Puma Concolor coryi) et de l'Est (P. c. couguar) en danger critique d'extinction, inscrites en Annexe I de la Cites (Convention sur le commerce international des espèces menacées d'extinction), avec la sous-espèce du Costa Rica (P. c. costarencis) — chasse et commerce interdits ; autres sous-espèces en Annexe II

 

2.2. Signes particuliers

Mimique

Le puma souffle comme un chat et a souvent cette mimique qui exprime à la fois l'agressivité et la crainte. Il montre les dents, tout en couchant les oreilles et en clignant des yeux. Il découvre ses petites incisives et ses 2 crocs, présents à la mâchoire inférieure comme à la mâchoire supérieure. Le contraste entre la truffe, le blanc entouré de brun foncé du museau et le fond gris du pelage apparaît nettement, tandis que les oreilles, foncées elles aussi, sont rabattues.

Vibrisses

Les longues vibrisses plantées autour du museau et des yeux sont importantes chez le puma. Elles lui permettent de protéger ses yeux, l'aident à mieux s'orienter et à mieux repérer sa proie.

Griffes

À l'extrémité de la phalange terminale des doigts, les griffes rétractiles du puma restent très acérées. Protégées par leurs étuis, elles ne sont jamais utilisées lors de la marche. Le marquage à coups de griffes sur les arbres semble indiquer une simple sensation de bien-être plutôt qu'une délimitation du territoire.

Œil

Comme les chats, le puma voit bien. En pleine lumière, la pupille se rétrécit grâce aux deux muscles en forme de ruban de l'iris, qui se croisent et ferment la pupille lorsque le puma les contracte.

3. Origine et évolution du puma

Longtemps appelé Felis concolor – ce qui le plaçait dans le même genre que les chats –, le puma a désormais son genre propre, Puma.

La lignée de puma se serait séparée de celle ayant mené au jaguar et au guépard il y a environ 8 millions d'années. Aucun reste fossile de puma n'a été retrouvé dans le monde ailleurs que sur le continent américain. Les fossiles les plus anciens qui puissent être attribués au puma actuel, Puma concolor, datent d'il y a 400 000 ans et ont été trouvés dispersés à travers les États-Unis. Des documents paléontologiques attestent la présence du puma à la même époque en Amérique du Sud ; apparu dans le nord du continent américain, il aurait migrée jusque dans le sud en empruntant l'isthme de Panamá. On a également retrouvé les restes d'une  autre espèce plus ancienne, proche du puma, mais de taille supérieure d'un tiers environ, Felis (Puma) inexpectata. Des fossiles de ce félidé remontant à une période située entre 2 500 000 et 500 000 ans ont été trouvés essentiellement dans le centre et l'est des États-Unis. On ignore encore si Puma concolor et Felis (Puma) inexpectata descendent d'un ancêtre commun.

Malgré sa grande taille, le puma est plus proche des chats sauvages que des panthères (genre Panthera), même si sa population de Floride est appelée du nom de cette espèce (Florida panther, « panthère de Floride »). Son anatomie (notamment ses caractéristiques crâniennes) indique sa relation avec les petits félins (membres du genre Felis comme les chats, du genre Lynx, les lynx, ou du genre Leopardus, l'ocelot). Comme ces derniers, il ne peut pas rugir et possède une bande de peau nue sur le dessus du nez.

4. Le puma et l'homme

Les Européens ont découvert le puma en même temps que le Nouveau Monde. Pendant longtemps, ils ont invoqué toutes sortes de prétextes pour l'éliminer. Aujourd'hui, on connaît mieux sa vraie nature et l'on tâche de le protéger.

4.1. Une réputation d'animal dangereux

Comme le bison, le grizzly, le loup et le wapiti, le puma, qui vivait jadis dans les forêts de l'est et les plaines du centre de l'Amérique, en a été éliminé et s'est réfugié dans les montagnes Rocheuses. Les Amérindiens devaient admirer la force de ce félin solitaire et un peu mystérieux, qui n'était que rarement tué. Il n'en a pas été de même pour les Européens débarqués avec leurs fusils à la fin du xve et au début du xvie siècle. C'est à cette époque que les massacres ont commencé. Pour les pionniers, en effet, le puma était le symbole de la nature sauvage à dompter, alors qu'il ne représentait pour eux qu'un danger relatif. Certes, il lui arrivait d'attaquer les jeunes chevaux (et, aujourd'hui, il lui arrive encore de tuer de jeunes bovins et surtout des moutons), mais il avait, avec les grands ongulés qui étaient très répandus, largement de quoi se nourrir sans menacer les troupeaux.

Quant aux agressions contre l'homme, elles existent, mais restent très rares. On a enregistré moins de 90 attaques confirmées entre 1890 et 2004, la majorité n'entraînant que des blessures — sur l'ensemble de cette période, on comptabilise 20 décès (à titre de comparaison, on déplore annuellement aux États-Unis 12 décès par morsure de crotale et 40 par piqûre d'hyménoptère). Plus de 60 % des victimes de pumas étaient des enfants, la majorité non accompagnés par des adultes. On note toutefois que la moitié des attaques et des décès s'est produite depuis 1991. Cette tendance est imputable à des rencontres plus fréquentes qu'autrefois, liées d'une part à l'installation de l'homme sur des territoires sauvages fréquentés par des pumas, d'autre part à l'augmentation de la population de pumas dans certains États (Californie, Nevada, Texas…).

4.2. Les méfaits de l'ignorance

En fait, les Européens n'ont guère eu le temps de connaître la faune du Nouveau Monde : leurs haches, leurs fusils et les feux en ont eu trop tôt raison. Les pionniers ont laissé de vagues récits, des légendes trop fascinantes pour être vraies, mais crédibles à force d'être racontées. Le cas des pumas est exemplaire, et deux anecdotes illustrent bien l'attitude irrationnelle des hommes à leur égard.

Au xixe siècle, à Papinsville, une bourgade du Missouri (États-Unis), un villageois rentre un beau soir chez lui dans tous ses états. Il prétend avoir entendu un peu plus loin dans la vallée un hurlement abominable, poussé, c'est certain, par un gigantesque puma. Toute la population est alors prise de panique, et le responsable du village rassemble tous les hommes valides, leur donne des armes et, après avoir demandé aux femmes et aux enfants de rester calfeutrés chez eux, il conduit sa petite armée au bord de la rivière Osage. Quand la nuit tombe, on entend encore le monstre hurler, le cri inhumain semble venir d'un peu plus bas, des bords de l'eau. Les hommes s'installent dans une grotte en surplomb et font le guet toute la nuit. Au petit matin, le hurlement semble s'être rapproché. C'est alors qu'on voit apparaître, au détour de la rivière, le Flora Jones, premier navire à vapeur à remonter l'Osage ! Pour les habitants de Papinsville, qui n'en avaient jamais vu ni entendu, le sifflement de ce bateau ne pouvait être que l'appel d'un puma.

Bien plus tard, en 1934, sur l'île de Vancouver, en Colombie-Britannique (Canada), des chasseurs tuent un puma, le dépècent et trouvent dans son estomac un morceau d'étoffe bleue ainsi que deux petits boutons ornés d'une ancre. C'est clair : le puma a dévoré un marin. La nouvelle fait le tour de l'île. On ferme les écoles, et les entreprises proposent des primes à qui abattra les bêtes féroces qui hantent la région. La presse locale s'empare du fait divers et l'amplifie. Des groupes d'hommes en armes fouillent les bois. Personne, toutefois, n'a pris la précaution de s'informer pour savoir s'il y avait un disparu. Or, peu de temps après, un marin se présente au poste de police où l'on a exposé l'étoffe et les boutons. Ces morceaux sont ceux de la vieille veste toute imprégnée d'huile de baleine dont il s'est récemment débarrassé dans une décharge. Ce n'est pas lui, mais ce vêtement, que le puma a avalé...

Pareil climat de peur explique que des primes aient été distribuées, il y a encore une trentaine d'années, à tous ceux qui éliminaient des pumas. Aujourd'hui, c'est pour protéger l'espèce que des subventions gouvernementales sont versées.

4.3. Une protection non uniformisée

Après des siècles de persécutions et de massacres, essentiellement parce qu'il était considéré comme un nuisible pour les troupeaux, le puma a connu une réduction dramatique de ses effectifs. Aujourd'hui, on estime que sa population totale, sur l'ensemble du continent américain, est inférieure à 50 000 individus. II est désormais protégé sur une grande partie de son aire de répartition, et de nombreux pays d'Amérique du Sud et centrale ont strictement interdit sa chasse. Aux États-Unis, Canada, Mexique et Pérou, sa chasse est autorisée, mais elle est régulée et nécessite des autorisations. Toutefois, elle ne laisse généralement aucune chance à l'animal : poursuivi par les chasseurs accompagnés de chiens, le puma grimpe se réfugier dans un arbre… où il se trouve pris au piège.

Il reste quelques pays où le puma est plus vulnérable face à l'homme : il ne bénéficie d'aucune protection légale en Équateur, au Salvador et au Guyana.

Comme bien d'autres espèces, le puma souffre aussi de la destruction et du morcellement de son habitat (construction de routes, expansion humaine, déforestation, etc.). Dans certains États comme la Californie et la Floride, on déplore de plus en plus d'accidents routiers coûtant la vie au félin.

Les sous-espèces devenues les plus rares, le puma de Floride, le puma de l'Est et le puma du Costa Rica, sont inscrites à l'Annexe I de la Cites (Convention sur le commerce international des espèces menacées d'extinction) : commerce international et chasse strictement interdits. Pour les autres sous-espèces, inscrites en Annexe II, les prélèvements sont régulés et soumis à autorisation.

4.4. Les pumas de Floride

En Floride, la sous-espèce Puma concolor coryi, en danger critique d'extinction, fait l'objet d'un programme de protection et d'un contrôle très spécifiques. Ces pumas sont les seuls qui vivent aujourd'hui à l'est du Mississippi. Ils sont localisés en trois endroits : Big Cypress, Raccoon Point et les Everglades. L'habitat y est protégé et des couloirs ont été aménagés pour permettre la circulation des pumas entre ces zones. Des passages ont aussi été réalisés sous l'autoroute, pour éviter que les animaux se fassent écraser.

Le puma de Floride reste extrêmement menacé, mais les mesures de protection mises en place ont permis de renforcer sa population résiduelle en Floride, qui est passée de moins de 50 individus au milieu des années 1990 (1996) à plus de 80 – et peut-être jusqu'à 100 – une décennie plus tard (2007).