martin-pêcheur

Martin-pêcheur
Martin-pêcheur

Indissociable des milieux aquatiques, que l'on imagine difficilement sans sa présence discrète, le martin-pêcheur existe depuis le pléistocène. Aujourd'hui, sa silhouette familière, qui ne laisse bien souvent paraître qu'un trait de couleur à la surface de l'eau, se rencontre dans toute l'Eurasie, jusqu'au Japon et en Mélanésie.

Introduction

Les restes fossiles permettant de retracer l'évolution des oiseaux ne sont présents en quantité suffisante que dans des gisements correspondant à la fin du tertiaire et, surtout, au quaternaire. C'est de la première partie de cette dernière ère, le pléistocène (entre – 1,9 million d'années et – 10 000 ans), que datent les seuls restes fossilisés connus de martin-pêcheur. L'espèce existe donc au moins depuis cette époque, mais il n'est pas possible, aujourd'hui encore, de donner plus de détails relatifs à son origine exacte. Peut-être les fragments fossiles retrouvés çà et là en Europe seront-ils suivis d'autres découvertes permettant d'affiner les connaissances des paléornithologues. L'espoir est permis, l'étude de l'évolution des oiseaux à travers les fossiles ayant fait d'énormes progrès depuis deux ou trois décennies.

Selon la classification habituellement retenue, le martin-pêcheur d'Europe, comme tous les autres oiseaux de sa famille – celle des alcédinidés – appartient à l'ordre des coraciiformes, où il voisine avec les rolliers, les guêpiers, les calaos. Les coraciiformes, de même que les ordres proches (trogoniformes, coliiformes, piciformes) seraient issus d'un tronc commun dont l'origine est située, par hypothèse, au début de l'éocène, il y a environ 50 millions d'années. Ce tronc commun aurait commencé à se diversifier à partir du pliocène, voici quelque 4 à 5 millions d'années.

Bien que d'aspect fort varié, les martins-pêcheurs et les autres coraciiformes présentent des similitudes anatomiques, telles que l'os de l'oreille moyenne ou la disposition des doigts antérieurs. Leur plumage est souvent très coloré et à reflets métalliques, et leurs petits voient le jour dans une cavité. Ces ressemblances trahissent une indéniable origine commune. Il reste cependant à déterminer quand sont intervenues les différenciations ayant abouti à l'existence d'oiseaux aussi peu semblables au premier abord que les petits martins-pêcheurs et les gros calaos. Sans doute des facteurs écologiques ont-ils généré ces modifications adaptatives, mais ils n'ont pas été étudiés.

Actuellement, on dénombre une centaine d'espèces de martins-pêcheurs, dont le martin-pêcheur d'Europe, Alcedo atthis, vivent sur terre,vivant pour la plupart dans les régions tropicales et tempérées de l'Ancien Monde.

La vie du martin-pêcheur

Un territoire âprement défendu

En général, le martin-pêcheur est un solitaire qui, à l'âge adulte, défend un territoire, le plus souvent une portion de cours d'eau longue de un kilomètre environ.

Sans être un oiseau aquatique au sens strict, puisqu'il ne nage pas, le martin-pêcheur se baigne fréquemment ou plonge brusquement dans l'eau pour y chercher sa nourriture. Dans tous les cas, son séjour dans l'eau est si bref que ses plumes courtes et denses, parfaitement imperméabilisées, ne retiennent pas la moindre particule liquide.

Survolant sa portion de rivière au ras de l'eau ou faisant le guet sur un perchoir à proximité, le martin-pêcheur défend son territoire contre toute intrusion d'autres membres de son espèce.

Si un importun se présente, ce sont alors des poursuites rapides au-dessus de l'eau, à grand renfort de cris aigus aux sonorités métalliques... Les affrontements sont rares mais intenses : il arrive que les adversaires, se tenant par le bec, tombent à l'eau sans lâcher prise. Brèves le plus souvent, ces luttes peuvent se prolonger : ainsi le Suédois Svensson a observé deux martins-pêcheurs qui s'affrontèrent pendant huit heures avant que l'un d'eux abandonne la partie.

Bien adapté à l'eau

Bien adapté à l'eau



Le martin-pêcheur possède quelques adaptations qui dénotent un contact très fréquent avec l'élément liquide. L'hydrodynamisme de l'oiseau se traduit par un corps compact et des pattes de petite taille ; les ailes courtes assurent un meilleur appui sur l'eau. L'imperméabilité du plumage et l'isolation thermique sont garanties par des plumes courtes et denses, qui favorisent en outre la pénétration dans l'eau.

Migrateurs en fonction du climat

L'hiver venu, mâle et femelle se séparent, mais chacun continue de défendre une partie du territoire commun, de façon moins agressive cependant.

Dans les régions tempérées, si les conditions météorologiques sont rigoureuses, les martins-pêcheurs sont amenés à quitter leur territoire. Les mâles se montrent alors plus attachés que les femelles à leur portion de cours d'eau et ne la quittent qu'à la dernière extrémité. Ils retrouvent leur territoire au printemps suivant.

Avaler des poissons la tête la première

Les poissons constituent l'essentiel du menu du martin-pêcheur, à condition d'être de petite taille : leur longueur moyenne varie de 3 à 5 cm, les proies les plus longues ne dépassant pas 7 cm. Selon les espèces sont capturés soit des adultes, soit des alevins. L'utilisation d'appareils de prise de vue automatiques, placés à proximité du perchoir et déclenchés par une cellule photoélectrique à chaque retour de l'oiseau, a permis de mieux connaître son régime alimentaire. Ainsi, on sait que le martin-pêcheur marque une prédilection pour les chabots, les loches, les vairons, les barbeaux, les ombres et les épinoches. Il capture également des truites, des perches de rivière, des brochets, des carpes, des ablettes et, à l'occasion, divers autres poissons, lors de ses séjours hivernaux, en mer notamment : gambusies, bars, épinochettes, lottes de rivière... Outre les poissons, le martin-pêcheur consomme une proportion plus ou moins importante de proies diverses ; ainsi, les chercheurs espagnols Iribarren et Nevado ont déterminé que la part des autres proies dans le régime de l'animal était de 22 %. Il s'agit en premier lieu de petits crustacés d'eau douce, d'insectes (libellules et coléoptères en particulier) et de batraciens (grenouilles et têtards).

La pêche à l'affût

Lorsqu'il pêche à l'affût, le martin-pêcheur se poste sur un perchoir et y demeure immobile, l'œil en éveil. Surplombant l'eau, le perchoir est souvent une branche, un poteau ou un roseau oblique, parfois une motte de terre ou de vase. Au bord de la mer, l'oiseau se poste sur un rocher, voire une bouée, une jetée ou les structures métalliques des parcs à huîtres.

Cette technique présente l'avantage d'être peu dépensière en énergie, ce qui est particulièrement important par mauvais temps, lorsque l'animal doit économiser ses forces. Le poste de guet se situe le plus souvent entre 1 et 3 m de hauteur ; au-dessous de 1 m, il arrive que le martin-pêcheur s'élève jusqu'à une hauteur convenable avant de piquer vers l'eau.

Une seconde méthode de pêche, plus active et plus efficace, consiste en un vol stationnaire très court au-dessus de l'eau. Au Népal, M. Pringmill a constaté que 54 % des plongées précédées d'un vol étaient couronnées de succès, contre 38 % pour celles effectuées depuis un perchoir.

C'est la vitesse acquise durant le vol en piqué qui assure le succès de la chasse du martin-pêcheur. Le piqué est accéléré par de rapides battements des ailes, et l'oiseau, après avoir crevé la surface, peut atteindre une profondeur de 1 m, bien que celle-ci ne dépasse généralement pas quelques centimètres. La proie est capturée par surprise et le martin-pêcheur remonte aussitôt à la surface.

De retour sur son perchoir, le martin-pêcheur assomme vigoureusement sa proie contre le sol ou une branche puis la place adroitement dans son bec, dans le sens de la longueur, et l'avale tête la première, de façon à ce que les nageoires n'opposent aucune résistance. Parfois, les circonstances l'obligent à lancer le poisson en l'air pour le rattraper dans la bonne position.

Pelote de réjection

Pelote de réjection



Dès son jeune âge, le martin-pêcheur, comme beaucoup d'oiseaux, rejette après ses repas une pelote de réjection. Assez petite et de forme ovale, elle est constituée d'arêtes et d'écailles agglomérées que l'animal n'a pu digérer, et parfois aussi des restes chitineux de gros insectes tels que libellules ou coléoptères.

Un accouplement après avoir construit le nid

Au printemps, que le mâle ait retrouvé le territoire quitté avant l'hiver ou qu'il soit resté sur place, il se met en quête d'une compagne, qui peut être la même que l'année précédente. La formation du couple commence par des poursuites aériennes ponctuées de cris aigus, dans le voisinage immédiat du futur nid. Ces démonstrations ont pour but de neutraliser l'agressivité que les oiseaux éprouvent pour les individus de leur propre espèce. Les postures que les deux partenaires adoptent, lorsque, enfin, ils se posent l'un près de l'autre, dérivent d'attitudes agressives : les oiseaux se tiennent verticalement, bec légèrement pointé vers le haut ; mais, contrairement à ce qui se passe en posture de menace, celui-ci demeure fermé et les plumes du crâne et du dos ne sont pas redressées.

Des nids au-dessus de l'eau

Aussitôt que la femelle marque son accord en demeurant près du mâle, celui-ci s'occupe du nid : c'est un boyau creusé dans la berge abrupte, au-dessus de l'eau, et terminé par une chambre de ponte. Si le mâle réoccupe un ancien nid, il indique celui-ci à la femelle par ses fréquentes entrées et sorties. S'il est nécessaire de creuser un nouveau nid, le mâle s'agrippe à la paroi et se met à l'ouvrage : le bec gratte la terre, tandis que les pattes évacuent les matériaux effrités. L'orifice d'entrée surplombe l'eau d'une hauteur de 0,90 à 1,80 m, jamais en dessous de 0,60 m. Le conduit, d'un diamètre de 5 à 5,5 cm, est long de 54,5 cm en moyenne. Enfin, la chambre de ponte est du volume de deux poings réunis. L'excavation demande un peu plus d'une semaine. Mâle et femelle se partagent le travail, sauf en cas d'une deuxième nidification, quand la femelle s'occupe encore de la première nichée.

L'offrande du mâle

Une fois le nid terminé, la parade nuptiale a lieu, accompagnée de nombreux cris de contact. Lors du premier accouplement, le mâle capture un poisson, qu'il offre à la femelle perchée. Celle-ci accepte l'offrande de son partenaire, imitant parfois le comportement de quémandage de nourriture des jeunes, afin de stimuler le mâle. Dès l'offrande avalée, les oiseaux s'accouplent. Plusieurs accouplements peuvent se succéder ainsi pendant près d'une semaine.

Des oisillons déjà très disciplinés

Un couple de martins-pêcheurs élève normalement 2 nichées par an, voire 3 ou 4, si les conditions sont favorables ou si une nichée a été détruite.

La première ponte a lieu dès la mi-mars en Europe occidentale, un mois plus tard en Europe orientale. De 4 à 8 œufs sont pondus à un jour d'intervalle, à même le sol de la chambre de ponte. D'un beau blanc brillant et de forme presque sphérique, ils ont un diamètre moyen à peine supérieur à 2 cm et ne pèsent guère plus de 4 grammes.

Le couple se partage, à parts à peu près égales, le temps de couvaison et se relaie par factions de 2 à 5 heures. L'incubation dure trois semaines et ne commence qu'une fois le dernier œuf pondu ; les éclosions ont donc toutes lieu au même moment.

Nus à l'éclosion et incapables de maintenir leur température interne, les petits sont réchauffés par les adultes pendant une semaine, jusqu'à ce qu'ils se couvrent de courtes plumes. Les parents peuvent alors se consacrer tous deux à leur ravitaillement.

Les poissons apportés aux jeunes sont légèrement plus longs que ceux que les adultes capturent pour eux-mêmes : entre 4 et 7 cm, avec un maximum de 10 cm. Pendant la becquée, les petits, disposés en étoile à l'intérieur de la chambre, sont nourris chacun à son tour durant les deux à trois premières semaines. C'est l'époque où le sol du nid se couvre de leurs pelotes de réjection, et où les parents se baignent souvent. Un peu plus tard, les jeunes se tournent tous vers le boyau d'entrée, serrés les uns contre les autres, ou s'avancent dans le couloir à la rencontre des adultes.

L'étoile

L'étoile



Pendant la becquée, les oisillons sont disposés en étoile, bec pointé vers l'extérieur. Seul celui qui se trouve face à l'entrée du couloir réclame la nourriture. Dès qu'il l'a reçue, l'étoile tourne pour présenter le jeune suivant.

Autonomes à 5 semaines

La sortie du nid a lieu à trois ou quatre semaines. Les jeunes martins-pêcheurs gagnent un perchoir, où les parents continuent de les nourrir pendant 2 à 4 jours. Bien souvent, les adultes ont alors déjà pondu une seconde nichée, et le mâle seul se charge de finir d'élever les jeunes. Puis ceux-ci quittent le territoire ou en sont chassés. Ils resteront nomades jusqu'au printemps suivant, où ils devront à leur tour trouver un domaine.

Pour tout savoir sur le martin-pêcheur

Martin-pêcheur (Alcedo atthis)

Le martin-pêcheur présente une silhouette typique, aisément reconnaissable, avec son corps compact, son cou bref supportant la grosse tête que prolonge un bec pointu, sa queue et ses pattes réduites. La tête est d'un bleu-vert un peu plus foncé que le corps. Une bande rousse que souligne une large bande bleue court depuis le bec jusqu'aux tempes, au-dessus de la gorge blanche.

L'adaptation de l'espèce à un régime alimentaire piscivore est marquée par la forme du bec, fort et pointu, apte à saisir et maintenir les proies. Le bec, un peu plus rouge chez la femelle, est le seul signe extérieur qui permette de définir l'appartenance à l'un ou l'autre sexe.

Les ailes sont courtes et arrondies. Il s'ensuit que le vol est très rapide et sans souplesse (la vitesse peut atteindre 80 km/h), grâce à des battements très vifs. Les déplacements sont en général directs et le vol plané n'est utilisé que sur de courtes distances, surtout dans les quelques secondes précédant l'accès au perchoir.

L'oiseau se déplace en ligne droite, rasant la surface de l'eau le plus souvent, et ne s'élève que pour passer par-dessus la cime de grands arbres, comme les peupliers, qui bordent fréquemment les cours d'eau des régions tempérées. Il est également capable de voler sur place de courts instants, essentiellement lorsqu'il pêche. La brièveté des ailes n'empêche pas les individus d'effectuer des migrations et de se rendre jusqu'à 2 000 km du point de départ.

Le plumage aux teintes bleues à reflets métalliques, en contraste avec le ventre orangé, est pour la plupart des promeneurs la seule chose qu'ils aperçoivent de l'animal lorsqu'il file au-dessus de l'eau et disparaît à un détour de la rivière, ne laissant de lui que le souvenir d'un éclair étincelant. Le plumage est entretenu avec soin, au cours de séances de grattage et de lissage qui durent de 15 à 20 minutes et se répètent jusqu'à six fois par jour. Le martin-pêcheur montre même un mouvement particulier qui n'a été observé chez aucune autre espèce : il se frotte le crâne avec la face inférieure de l'aile déployée. L'oiseau se baigne souvent, surtout lorsque l'élevage des jeunes touche à sa fin et que le nid est souillé par les déjections des petits ; il plonge comme s'il péchait, émerge immédiatement pour replonger ou barboter quelques secondes. L'opération est renouvelée de deux à vingt fois. Plus les jeunes réclament de la nourriture, et plus les parents abrègent leur baignade. Ils ne peuvent se consacrer pleinement à leur toilette que lorsque toute la nichée est rassasiée.

L'organisation surprenante des petits dans le nid durant les premières semaines et leur « entente solidaire » semblent innées. Tout jeune tentant de prendre le tour d'un autre est harcelé par ses compagnons, qui le piquent du bec jusqu'à ce qu'il abandonne sa tentative.

Comme presque tous les oiseaux, le martin-pêcheur n'a pas d'odorat ; il utilise, en revanche, surtout son ouïe et sa vue, celle-ci étant très performante. Protégé sous l'eau par une membrane nictitante, ou troisième paupière, l'œil possède une seconde fovéa, située en arrière de la fovéa centrale. Une image s'y forme lorsqu'un objet est vu des deux yeux avec la même acuité. Cette adaptation n'existe que chez les rapaces diurnes, les perroquets, les martinets et les martins-pêcheurs.

La troisième paupière, à déplacement latéral, est presque transparente. Hors de l'eau, elle ne recouvre pas l'œil et sert, par un rapide balayage, à nettoyer la surface du globe oculaire.

Huit sous-espèces

Le martin-pêcheur présente, à travers son aire de répartition étendue, des variations de coloration ou de taille qui font distinguer 8 sous-espèces.

Alcedo atthis atthis est présent autour de la Méditerranée, en Syrie et en Arabie.

A. a. ispida se rencontre dans toute l'Europe.

A. a. bengalensis vit du nord de l'Inde aux Philippines et aux grandes îles de la Sonde.

A. a. taprobana n'habite que le sud de l'Inde et le Sri Lanka.

A. a. japonica est propre au Japon, à Taïwan et à l'île Sakhaline.

Enfin, les autres sous-espèces sont très localisées : A. a. floresiana à Bali et Timor, A. a. hispidoides à Sulawesi et dans l'archipel Bismarck, enfin A. a. salomonensis aux îles Salomon.

          

MARTIN-PÊCHEUR

Nom (genre, espèce) :

Alcedo atthis

Famille :

Alcédinidés

Ordre :

Coraciiformes

Classe :

Oiseaux

Identification :

Petit oiseau bleu et orange ; corps compact ; long bec pointu et rouge ; ailes courtes

Taille :

De 24 à 26 cm d'envergure

Poids :

De 36 à 46 g

Répartition :

10 000 000 km2 environ. Europe, de la Scandinavie à la Grèce et l'Espagne ; toute l'Asie y compris l'Asie centrale ; Afrique du nord ponctuellement ; Proche-Orient et Péninsule arabique

Habitat :

Rives des cours d'eau, côtes

Régime alimentaire :

Poissons, mais aussi des insectes

Structure sociale :

Territorial et monogame ; polygamie occasionnelle

Maturité sexuelle :

1 an

Saison de reproduction :

Printemps en régions tempérées

Durée d'incubation :

De 19 à 21 jours

Poids de l'œuf :

De 3,6 à 4,7 g

Nombre de jeunes par portée :

De 4 à 8 ; plusieurs couvées par an

Longévité :

Le record est de 15 ans

Effectifs, tendances :

Population totale inconnue, en régression en Europe (160 000 – 320 000)

Statut :

Espèce protégée en Europe (Annexe II de la Cites [Convention sur le commerce international des espèces menacées d'extinction])

 

Signes particuliers

Œil

Comme chez toutes les espèces prédatrices repérant leurs proies à la vue, l'œil du martin-pêcheur est d'autant plus performant qu'il doit être capable de remplir son rôle hors de l'eau comme dans l'eau. Dans ce dernier élément, les puissants muscles accommodateurs entrent aussitôt en action afin de permettre la correction des effets de la diffraction. L'œil est recouvert sous l'eau par une 3e paupière transparente.

Pattes

Rares sont les oiseaux dont les doigts antérieurs sont partiellement soudés (syndactiles), tels les calaos, un coq de roche et les martins-pêcheurs. Ce caractère original ne s'explique pas par une augmentation évidente de la fonctionnalité du pied. Dans le cas du martin-pêcheur, la jonction des doigts forme une surface plantaire plus importante, améliorant ainsi le rôle de pelle joué par les pieds lors du creusement du terrier. Les pattes sont aussi l'un des indices permettant de préciser l'âge du martin-pêcheur. Elles sont brun foncé chez le jeune et deviennent rouges ou rouge-orangé chez l'adulte.

Plumes

Les couleurs très tranchées du martin-pêcheur, ventre orangé et dessus bleu métallique, sont d'origine tout à fait différente. L'orangé est dû à la présence de pigments organiques de la famille des caroténoïdes. Au contraire, les diverses nuances de bleu proviennent de la structure même des plumes concernées. Certains de leurs minuscules éléments constitutifs, les barbules, sont aplatis de façon à renvoyer la lumière solaire tout en la décomposant pour ne laisser apparaître que le bleu. L'iridescence obtenue est fonction de l'incidence de la lumière : les couleurs métalliques de l'oiseau varient quelque peu selon la quantité de lumière reçue et selon l'angle de vision. Comme celui de nombreux autres coraciiformes tels que rolliers et guêpiers, le plumage des martins-pêcheurs immatures ne se distingue pas de celui des adultes. La différenciation des oiseaux selon l'âge se fait en observant l'oiseau de près.

Les autres martins-pêcheurs

Les quelque 100 espèces de la famille des alcédinidés habitent pour la plupart les régions tropicales de l'Ancien Monde et sont réunies en 3 sous-familles. Les cérylinés (9 espèces en 3 genres : Chloroceryle, 4 espèces ; Megaceryle, 4 espèces ; Ceryle, 1 espèce) sont piscivores. Les alcédininés, ou martins-pêcheurs proprement dits (22 espèces en 2 genres : Ceyx, 7 espèces ; Alcedo, (15 espèces), sont très semblables à Alcedo atthis. Les halcyoninés  (61 espèces en 12 genres) comprennent les martins-chasseurs et les kookaburras. Parmi eux, le genre Todiramphus est le plus important avec 22 espèces, suivi d'Halcyon avec 11 espèces dont certaines sont très répandues comme Halcyon chloris qui vit en Afrique, en Inde et en Australasie.

Tous sont de petits oiseaux ; leur bec, toujours fort, est pointu, en forme de poignard chez les chasseurs et aplati en pince chez les chasseurs carnivores.

Quelques espèces :

Martin-pêcheur  vert (Chloroceryle americana)

Une des 4 espèces du genre Chloroceryle.

Identification : 22 cm ; dessus vert, dessous blanc et noir ; joues blanches.

Répartition : bord des cours d'eau ; Amérique du Sud et centrale, de l'Argentine aux États-Unis.

Martin-pêcheur  géant (Megaceryle maxima)

Une des 4 espèces de Megaceryle.

Identification : 42 cm ; gris foncé moucheté de blanc, gorge blanche, poitrine brun-roux, ventre rayé blanc et gris clair ; grosse tête ; bec fort.

Répartition : bord des cours d'eau ; Afrique sub-saharienne, sur 13 000 000 km2.

Martin-pêcheur  pie (Ceryle rudis)

Seule espèce du genre Ceryle.

Identification : 28 cm ; plumage noir et blanc ; seul alcédinidé bicolore.

Répartition : zones humides tropicales, Afrique, Asie. Petite population européenne (200 – 400 individus).

Martin-pêcheur pygmée (Ceyx pictus)

Une des 7 espèces du genre Ceyx.

Identification : 11,5cm ; dessus bleu métallique foncé, dessous orangé ; gorge blanche.

Répartition : savane arbustive, clairières, souvent loin de l'eau ; Afrique sub-saharienne sur 14 000 000 km2.

Alimentation : insectivore.

Martin-pêcheur à tête rousse (Ceyx lecontei)

Identification : 10 cm ; semblable au précédent ; tête rousse ; bandeau frontal noir.

Répartition : taillis forestiers ; Angola, Cameroun, République centrafricaine, Congo, République démocratique du Congo, Côte d'Ivoire,  Guinée, Guinée équatoriale, Gabon, Ghana, Liberia; Nigeria, Ouganda, Sierra Leone, Soudan.  

Alimentation : insectivore, fourmis magnans notamment.

Martin-pêcheur à ventre blanc (Alcedo leucogaster)

Une des 15 espèces du genre Alcedo..

Identification : 14 cm ; dessus bleu-violet, dessous blanc, séparés par une zone rousse.

Répartition : Angola, Bénin,  Cameroun, République centrafricaine, Congo, République démocratique du Congo, Côte d'Ivoire, Guinée, Guinée-Bissau, Guinée équatoriale, Gabon,  Ghana, Liberia, Nigeria, Ouganda, São Tomé et Príncipe,  Sierra Leone, Tanzanie, Togo, Zambie. .

Alimentation : piscivore.

Martin-pêcheur huppé (Alcedo cristata)

Identification : 12 cm ; dessus bleu-violet, dessous orangé, gorge blanche ; huppe érectile rayée bleu et noir.

Répartition : eaux courantes ou dormantes, Afrique sub-saharienne sur 14 000 000 km2.

Alimentation : piscivore.

Martin-sylvain (Tanysiptera sylvia)

Une des 8 espèces du genre Tanysiptera.

Identification : de 29 à 35 cm, dont la moitié pour la queue, constituée surtout de 2 rectrices médianes effilées ; dessus bleu-violet, triangle blanc sur le dos, dessous orange ; bec pointu vermillon.

Répartition : forêts pluviales de plaine ; Indonésie, Papouasie-Nouvelle-Guinée, nord-est de l'Australie.

Alimentation : insectivore.

Martin-chasseur princier (Actenoides princeps)

Une des 6 espèces du genre Actenoides ; mal connu.

Répartition : de la Malaisie aux îles Salomon.

Martin-chasseur à oreillon bleu (Cittura cyanotis)

Seule espèce du genre.

Répartition : île de Sulawesi.

Espèce endémique insulaire. Classée « quasi en danger » par l'U.I.C.N. (Union internationale pour la conservation de la nature) en 2004.

Martin-pêcheur mignon (Lacedo pulchella)

Seule espèce du genre Lacedo.

Répartition : Birmanie, Brunei, Cambodge, Indonésie, Laos, Malaisie, Thaïlande, Viêt Nam. .

Martin-chasseur d'Euphrosine (Melidora macrorrhina )

Seule espèce du genre.

Répartition : Indonésie, Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Martin-chasseur bec-en-cuiller (Clytoceyx  rex)

Seule espèce du genre.

Identification : 32 cm ; teinte orangée, tête et dos marron ; gorge blanche ; du bleu azur aux ailes ; queue bleue ; bec massif et court.

Répartition : forêts et mangroves. Indonésie, Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Alimentation : petits vertébrés, insectes, mollusques ; se nourrit à terre en creusant le sol ; crabes.

Kookaburra rieur (Dacelo novaeguineae)

Une des 4 espèces du genre Dacelo ; surnommé « réveil-matin » à cause de son rire sonore, audible dès l'aube.

Identification : 46 cm ; plumage dessous blanc et dessus brun, ailes brunes tachetées de bleu clair, queue rayée de roux et de noir ; grosse tête et bec fort (mandibule supérieure noirâtre, mandibule inférieure jaunâtre).

Répartition : forêts claires et bois ouverts ; Australie et Nouvelle-Guinée. Introduit en Nouvelle-Zélande.

Alimentation : petits vertébrés ; lézards, batraciens, oisillons, insectes.

Martin-chasseur à poitrine bleue (Halcyon malimbica)

Une des 11 espèces du genre Halcyon.

Identification : 26 cm ; bleu clair, dessus de la tête gris, gorge et ventre blancs.

Répartition : forêts et mangroves d'Afrique tropicale.

Alimentation : gros insectes et petits vertébrés.

Martin-chasseur à tête grise (Halcyon leucocephala)

Identification : 18 cm, tête grisâtre, dos, ailes et queue bleu roi, gorge et poitrine blanches, ventre roux, bec orangé.

Répartition : savane ouverte ou boisée ; Afrique sub-saharienne sur 10 000 000 km2.

Alimentation : insectivore.

Milieu naturel et écologie

Le martin-pêcheur vit en Europe, en Afrique et en Asie. En Europe, c'est un oiseau de plaine, qui, en général, ne dépasse guère l'altitude de 650 m, mais il peut atteindre 900 m et même des altitudes très supérieures ailleurs.

Nulle part il n'est uniformément réparti : l'eau est indispensable à sa présence. Il fréquente plutôt les eaux douces naturelles (ruisseaux et rivières) ou artificielles (canaux, fossés de drainage) ; il apprécie moins les étendues ouvertes, mais on peut trouver des martins-pêcheurs au bord des grands étangs, des lacs et des estuaires. Tous les milieux aquatiques ne lui sont cependant pas favorables, et plusieurs conditions sont requises pour son installation.

L'abondance de poissons d'une taille lui convenant, inférieure à 10 cm de long, est indispensable à sa subsistance, mais il faut encore que l'eau soit claire et que l'oiseau puisse repérer ses proies : une eau trop chargée de particules en suspension, telles que boue ou algue, ne lui convient pas. De même, l'existence de secteurs ombragés où l'oiseau peut pêcher sans être perturbé par les reflets à la surface influe également sur l'attrait d'un site.

La présence de perchoirs est un élément important, mais l'oiseau peut s'en passer si les autres conditions sont remplies.

Enfin, un emplacement favorable à la construction du nid, situé à proximité de l'eau, est indispensable à l'espèce à l'époque de la reproduction. Le site de nidification est, le plus souvent, une berge verticale surplombant un cours d'eau ; à défaut, le couple peut s'installer sur un talus vertical à quelque distance de l'eau, à flanc de carrière par exemple ; cependant, ce n'est pas une habitude.

En dehors de la période de nidification, le martin-pêcheur est beaucoup moins exigeant quant au choix de son cadre de vie. C'est ainsi qu'en hiver on rencontre l'oiseau bleu sur des côtes rocheuses, au bord d'étendues d'eau dormante, jusqu'en pleine ville, et dans Paris même.

Des déplacements imposés par l'hiver

Dans le nord et l'est de l'Europe ainsi qu'en Asie centrale et orientale entre 40° et 60° de latitude, les hivers rigoureux rendent ces régions inhospitalières pour les martins-pêcheurs qui migrent. De même, dans les régions tempérées, des vagues de froid particulièrement sévères provoquent des exodes précipités vers les côtes ; ce sont les seuls moments où l'on peut observer des regroupements de ces oiseaux si solitaires. Le gel, qui fige l'eau et leur interdit de pêcher, provoque de véritables hécatombes : les oiseaux, pris au dépourvu, meurent avant d'avoir pu gagner des contrées où l'eau est demeurée libre. Si la couche de glace est mince, elle cède sous l'impact lorsque certains oiseaux percutent la glace translucide qui recouvre l'eau ; si elle est épaisse, le choc violent leur est fatal.

Les jeunes, eux, sont amenés à se déplacer lorsque, chassés du territoire natal, ils errent à la recherche d'un territoire vide d'occupant. Les distances qu'ils doivent alors parcourir sont en moyenne de quelques dizaines de kilomètres, mais elles peuvent varier considérablement. Aux Pays-Bas, 14 oiseaux bagués, sur 83, ont été repris à plus de 100 km de leur lieu de baguage, et l'un d'eux à 890 km ! De même, un jeune, capturé par les Tchécoslovaques Hladik et Kadlec, avait parcouru 1 820 km pour rallier le sud de l'Espagne. Bien souvent, les jeunes réintègrent le territoire de leur naissance après une année. En Russie, les chercheurs Nuperov et Kotyukov ont observé qu'ils s'installaient dans un rayon de 20 km autour du lieu de leur naissance.

Des populations assez stables

Grâce à la rapidité de son vol, le plus souvent à très basse altitude, le martin-pêcheur est une proie difficilement accessible pour les rapaces. En revanche, les mammifères tels que vison, belette et putois sont plus à craindre, surtout par les jeunes encore au nid. Mais la situation du nid limite l'impact de ces prédations en outre compensées par la forte fécondité de l'espèce. Une femelle peut chaque année s'occuper de trois nichées successives de 6 ou 7 petits, et un même mâle peut féconder 2, voire 3 femelles durant la même saison de reproduction. Ainsi, les martins-pêcheurs continuent à s'inscrire dans la chaîne alimentaire en contribuant à réguler les populations de poissons, évitant ainsi un appauvrissement du milieu aquatique.

Le martin-pêcheur et l'homme

Un petit oiseau familier de nos contrées

Source d'inspiration pour les uns, concurrent déloyal pour les autres, le martin-pêcheur témoigne par sa présence de la bonne santé des rivières où il vit et souffre des maux dont elles sont atteintes : pollution, rectification des cours d'eau et dérangements incessants.

Une complicité ancienne avec les artistes

Le martin-pêcheur a toujours été présent dans l'imaginaire collectif de nombreuses civilisations. Une légende rapporte que le martin-pêcheur, gris à l'origine, aurait acquis ses couleurs en quittant l'arche de Noé, son ventre ayant été rougi par le soleil couchant et son dos ayant pris la teinte bleu acier du ciel.

  Le nom scientifique de l'espèce témoigne de cette rencontre du passé et du présent. C'est en effet la mythologie gréco-romaine qui a inspiré les ornithologues lorsqu'ils durent attribuer un nom à l'oiseau. Les noms de genre Halcyon et Ceyx dérivent d'Alcyoné, fille d'Éole, dieu du Vent, et de Céyx, fils de l'Astre du matin. Alcyoné et Céyx s'unirent mais déplurent aux dieux, qui les changèrent en oiseaux. En Chine, les martins-pêcheurs qui volent en couples au moment des parades nuptiales évoquent la fidélité conjugale, et la tradition populaire en a fait le symbole de cette vertu.

Plus récemment, les couleurs vives du martin-pêcheur ont souvent inspiré les peintres, notamment en Europe, aux xvie et xviiie siècles, et au Japon. On retrouve l'oiseau d'azur sur de nombreux tableaux d'artistes flamands. Par exemple, un couple de martins-pêcheurs figure sur le tableau de Roland Savery, peint en 1622 et intitulé Oiseaux dans un paysage (Bruxelles, musées royaux des Beaux-Arts). L'une des représentations les plus réussies de l'espèce a été peinte par Jérôme Bosch au début du xvie siècle, dans son triptyque le Jardin des délices (Madrid, musée du Prado).

Un habitat fragile

Le martin-pêcheur bénéficie de la sympathie de tous ceux qui apprécient la nature et savent admirer la beauté de cet oiseau paré de bleu vif, qui file au ras de l'eau. C'est à juste titre qu'il est protégé par la loi, comme la plupart des oiseaux.

Les rapports de l'espèce avec l'homme ne sont pas toujours empreints de bienveillance de la part de celui-ci ; pêcheurs et exploitants piscicoles n'éprouvent pas toujours une admiration inconditionnelle pour l'oiseau. À leurs yeux, le martin-pêcheur est un concurrent, voire un pirate, qui prélève le poisson, objet de loisirs ou source de profit. Dans son ouvrage Histoire des oiseaux d'Europe, L. Yeatman rapporte qu'un des participants au Congrès international d'ornithologie de Paris, en 1900, demanda que soient adoptées des mesures visant à éradiquer le martin-pêcheur. L'intervenant précisa avoir lui-même détruit dans un élevage de truites, entre 1892 et 1899, de 60 à 165 martins-pêcheurs par an, soit un total proche de 800 oiseaux, alors qu'il aurait été facile de placer un grillage de protection au-dessus des bassins d'élevage.

Heureusement, l'espèce n'est plus déclarée nuisible depuis 1970. Les grillages de protection sont de plus en plus employés dans les élevages piscicoles, mais, en France et ailleurs en Europe, la destruction systématique et illégale des martins-pêcheurs par piégeage a encore cours dans de nombreux établissements.

Il est pourtant assez aisé d'éviter que les oiseaux pêcheurs ne viennent s'alimenter dans les bassins, en veillant à ce qu'aucune branche, aux alentours, ne puisse servir de perchoir ou de poste d'observation.

Plus que ces destructions directes, celle de son habitat menace surtout le martin-pêcheur. La pollution fait disparaître les poissons et rend les eaux troubles. De même, le calibrage des cours d'eau (opération qui en rectifie le tracé), dont les rives sont empierrées ou bétonnées, appauvrit la flore et la faune de ces milieux et interdit au martin-pêcheur d'y creuser son nid.

Enfin, le dérangement causé par les loisirs nautiques a des effets néfastes sur cette espèce d'oiseau, discrète et farouche. Ces sports qui débutent au printemps, en même temps que la reproduction du martin-pêcheur, perturbent celle-ci et, parfois même, cette gêne intempestive, certes involontaire, contraint l'oiseau à abandonner sa nidification pour l'année.

Si la plupart des espèces ne sont pas menacées, l'U.I.C.N. en a classé 10 dans la catégorie « vulnérable » (Actenoides bougainvillei, Actenoides hombroni, Alcedo argentata, Alcedo euryzona, Alcedo websteri, Ceyx melanurus, Todiramphus farquhari, Todiramphus funebris, Todiramphus ruficollaris, Todiramphus winchelli) et 12 dans la catégorie « quasi en danger » (Actenoides concretus, Actenoides monachus, Alcedo hercules, Ceyx fallax, Cittura cyanotis, Pelargopsis amauroptera, Tanysiptera carolinae, Tanysiptera riedelii, Todiramphus albonotatus, Todiramphus australasia, Todiramphus enigma, Todiramphus lazuli). Le martin-pêcheur des îles Marquises (Todiramphus godeffroyi) est « en danger » et celui  de Tuamotu (Todiramphus gambieri), en Polynésie française, est en « danger critique d'extinction ».