coyote

Coyote
Coyote

À l'inverse de ceux du loup, les effectifs du coyote d'Amérique du Nord et son aire de répartition sont en expansion, bien que celui-ci soit piégé et empoisonné par l'homme. C'est l'une des rares espèces animales sauvages capables de survivre dans des régions urbanisées. Son extraordinaire plasticité écologique lui a permis de conquérir les deux tiers du continent américain.

Introduction

Le coyote, dont le nom vient du mot nahuatl (langue aztèque) coyotl, appartient à la famille des canidés, qui regroupe, outre les chiens, les loups, les chacals, les renards, le lycaon.

Les canidés seraient originaires des grandes plaines d'Amérique du Nord où, il y a 40 à 50 millions d'années, à l'éocène, vit leur ancêtre commun. Très vite, la branche des renards, Vulpes, se détache de ce tronc commun. Un peu plus tard, au pliocène, se différencient les autres branches de canidés, notamment les loups et les coyotes, qui, malgré leur proche parenté, évoluent séparément. À la fin de cette époque, il y a environ 2,5 millions d'années, apparaît Canis lepophagus, l'ancêtre des coyotes, qui devait être un peu plus grand que les animaux de l'espèce actuelle. D'après des fossiles plus récents du pléistocène découverts aux États-Unis dans le Maryland et le cañon de Cita au Texas, ses descendants lui ressemblent beaucoup. Sur le continent américain, ils côtoient alors le tigre à dents de sabre qui parcourt encore les plaines.

Depuis cette lointaine époque, les coyotes ont peu évolué dans leur morphologie et se sont peu différenciés de leurs ancêtres. L'étude comparative des crânes montre toutefois que leur boîte crânienne s'est développée, mais que l'os frontal est plus étroit chez les animaux actuels qu'il ne l'était chez leurs ancêtres. Leur non-spécialisation au cours des âges a permis aux coyotes de coloniser de nouveaux espaces et de s'adapter à toutes sortes d'habitats et de situations nouvelles. Ainsi, ils sont chasseurs, mais ils peuvent survivre en se nourrissant de charognes, d'insectes ou de fruits. En débarrassant les troupeaux sauvages des animaux les plus faibles, et en éliminant des individus déjà condamnés, ils jouent leur rôle dans l'équilibre naturel.

À l'origine habitant probablement les Grandes Plaines, le sud-ouest des États-Unis et le Mexique, les coyotes ont considérablement élargi leur habitat qui, bien qu'exclusivement américain, comprend aujourd'hui aussi les déserts, les montagnes, les forêts et la périphérie des grandes villes. Grâce à l'homme, qui a modifié l'environnement et chassé les loups jusqu'à leur extinction presque totale, leur territoire actuel est immense, car ils ont investi les vastes domaines occupés autrefois par ces derniers.

La vie du coyote

Une chasse silencieuse et intelligente

Le coyote est un chasseur solitaire qui se nourrit de tout ce qu'il peut capturer. Dans les plaines centrales, où les conditions climatiques sont assez stables, il a le même régime de base toute l'année, composé pour plus de 75 % de lièvres. Lapins, souris, faisans figurent aussi parmi ses proies favorites. À l'occasion il ne dédaigne pas les rats musqués, les ratons laveurs, les putois, les opossums et les castors, ainsi que les serpents et les gros insectes.

À la fin de l'été et en automne, le coyote mange les fruits tombés à terre. Mûres, myrtilles, poires, pommes, arachides représentent alors 50 % de son régime. Il sait choisir une pastèque mûre à point et l'ouvrir en deux pour en déguster la pulpe juteuse. Il ne dédaigne pas non plus le tourteau de soja ou de coton, distribué au bétail.

Dans les milieux plus arides, comme au Mexique, le coyote chasse surtout des petits rongeurs. Au Canada, il attaque aussi les marmottes et les spermophiles, des écureuils terrestres qui ressemblent à de gros cobayes. Mais ces deux espèces hibernent, et l'hiver, dans ces régions septentrionales, il est contraint, pour survivre, de devenir charognard.

Dans les zones suburbaines ou urbaines, le coyote se nourrit aussi des déchets de l'homme, de produits manufacturés par lui, comme par exemple la nourriture pour chiens, ou encore, de ses animaux domestiques.

Seul ou en coopération

Lorsqu'il entend une proie ou qu'il la repère de loin grâce à sa vue perçante, le coyote s'en approche sans bruit, face au vent, la queue basse, à pas lents entrecoupés de pauses. Arrivé à 2 mètres de sa victime, il bondit sur elle et la mord au cou. Pour l'achever, il la maintient dans sa gueule et la secoue violemment. La mort est rapide. Il dévore généralement l'animal sur place, mangeant même les os des petites proies.

Lorsque les coyotes vivent à plusieurs, ils choisissent des proies plus grosses comme les cerfs, les wapitis et autres ongulés. Ils courent autour du troupeau. Dans l'affolement un individu est isolé, puis encerclé et attaqué.

Quand les coyotes chassent à deux, ils obligent l'isolé à courir en cercle, se relayant pour le fatiguer. Cette technique est employée avec le caribou. La proie tuée est éventrée avec les griffes et les dents et partagée.

Des chasseurs crépusculaires et matinaux

Des chasseurs crépusculaires et matinaux



Essentiellement nocturnes, les adultes se déplacent beaucoup, chassant plus volontiers à l'aube ou à la tombée de la nuit. En revanche, les jeunes entre 4 mois et un an se déplacent davantage durant la journée et moins la nuit. Leurs tentatives de chasse, souvent infructueuses, les obligent à y consacrer beaucoup de temps, mais ils n'ont encore ni territoire ni progéniture à surveiller.

Charognard pour survivre en hiver

En Alaska et dans plusieurs provinces canadiennes, où ils sont arrivés en suivant les chercheurs d'or au milieu du xixe siècle, les coyotes ont appris à affronter le froid rigoureux de l'hiver. Dans ces régions, les animaux doivent pouvoir vivre et se nourrir lorsque la température est de - 10 °C. L'épaisse fourrure des coyotes du Grand Nord leur recouvre tout te corps et possède le même pouvoir isolant que celle du loup gris. Les poils de garde atteignent 11 cm de long contre 5 cm chez les animaux vivant sous un climat plus chaud. Dru et serré, le sous-poil peut mesurer 5 cm d'épaisseur.

Mais le coyote court mal dans la neige épaisse. De toute façon, lièvres et lapins ne sortent pas de leur terrier lorsque la température extérieure est trop basse, et les marmottes hibernent. Le coyote ne survivrait pas à l'hiver s'il ne se rabattait sur les animaux morts. Se repaissant de toutes les charognes qu'il trouve, il les partage avec ses congénères.

Toutefois, si les loups arrivent, il doit céder la place. Il enterre ou cache parfois des restes pour y revenir plus tard. Son meilleur allié est le froid, qui achève les animaux malades ou affaiblis, souvent en queue des troupeaux de grands herbivores. Ainsi, l'hiver, il se déplace donc à la suite de ces derniers, dévorant les ongulés morts. Guettant la moindre défaillance, il n'hésite pas à donner le « coup de grâce » au wapiti ou au caribou, épuisés et incapables de se défendre. Si la neige n'est pas trop épaisse et que les charognes sont en nombre insuffisant, les coyotes se mettent à plusieurs pour attaquer.

Souvent solitaire, le coyote préfère vivre en couple

À mi-chemin entre le renard, solitaire, et le loup, qui vit en meutes organisées, le coyote est un animal relativement sociable. Le couple mâle-femelle est l'unité de base de cette société, où l'on rencontre également de nombreux animaux solitaires et des bandes.

Le couple se forme au milieu de l'hiver, au début de la saison des amours, et reste parfois uni pendant plusieurs années, partageant tanière et territoire.

Des groupes familiaux hiérarchisés

Dans les régions où la densité en coyotes est assez faible, certains animaux vivent en solitaires. En général, ce sont eux qui hurlent à la tombée de la nuit, du haut des roches escarpées.

Dans les régions où les coyotes sont nombreux et la nourriture abondante, de petits groupes se constituent, comprenant 5 ou 6 individus, c'est-à-dire les parents accompagnés des jeunes de l'année précédente. Ces groupes familiaux sont nettement hiérarchisés, les animaux les plus âgés étant dominants et conduisant le reste de la troupe. Ce type d'association apparaît aussi lorsque les petits rongeurs se raréfient. Seule une solide coopération permet alors aux coyotes d'attraper des animaux de la taille d'un wapiti ou d'un caribou, souvent plus rapides qu'eux.

Les véritables affrontements entre coyotes sont rares. Les grognements et les mimiques d'intimidation suffisent souvent pour que l'un des animaux abandonne la lutte et se soumette. Il doit alors quitter le territoire du vainqueur ou lui abandonner la carcasse dont il est en train de se repaître.

Le jeu, lui, est fréquent. Fausses bagarres, poursuites et mordillages sont courants dans une famille. Cela fait partie de l'éducation des jeunes : les parents leur apprennent ainsi à communiquer et à chasser.

Le cri du coyote

Le répertoire des coyotes est immense : aboiements à la façon du chien, hurlements comme le loup, jappements comme un petit chiot, grognements... Ils utilisent des combinaisons de tous ces sons pour appeler les membres de leur groupe, signaler leur présence ou un danger immédiat. Il semble aussi qu'ils prennent plaisir à s'écouter aboyer ou hurler dans l'obscurité. C'est ainsi que les animaux solitaires se regroupant pour une partie de chasse à la tombée de la nuit font entendre un concert discordant célèbre dans tout l'Ouest américain et audible à des kilomètres à la ronde.

Un territoire à superficie variable

Chaque coyote, chaque couple ou groupe familial possède un territoire propre, centré sur le gîte, ou tanière. Les limites de ce territoire sont marquées par tous les occupants, qui le balisent très régulièrement en urinant. Mais peu de coyotes se battent vraiment pour interdire l'entrée de leur domaine à un congénère. L'animal dominé se contente de s'éloigner pour aller chercher asile ailleurs. Il semble toutefois que les groupes défendent plus activement leur territoire que les couples ou les animaux solitaires. Des affrontements bruyants, mais peu violents, ont parfois lieu aux frontières. Les coyotes semblent se reconnaître de loin, jusqu'à 200 m. Lorsque deux individus se croisent, s'ils se connaissent déjà, ils passent leur chemin.

L'importance du territoire (de quelques kilomètres à plus de 50 km) dépend de la densité en coyotes dans la région, de la saison et de l'abondance des proies. Une étude menée dans le territoire du Yukon, dans le nord-ouest du Canada, a montré que la densité de coyotes y varie de 1 à 9 individus pour 100 km2 en hiver à 2,3 individus par km2 en été. Voyageant plutôt la nuit – en moyenne, un coyote parcourt, au cours d'une nuit de chasse, 4 km –, les coyotes sont capables d'effectuer de longs déplacements pour trouver un territoire ou pour se nourrir.

Le langage du corps

Le langage du corps



Tout le corps du coyote lui sert à se faire comprendre. Retrousser les babines, baisser ou relever la queue, plaquer ou dresser les oreilles, hérisser le poil sont autant de signaux. Les expressions faciales sont encore renforcées par les taches noires du pelage : lèvres bordées de poils blancs, tour des yeux et pointe des oreilles. Un coyote dominant ouvre grand les yeux. Un coyote en colère aplatit les oreilles. L'agressivité est indiquée par les oreilles droites, les épaules remontées, le poil du dos hérissé, les babines retroussées, la queue légèrement relevée. Un mâle soumis montre ses organes génitaux à l'adversaire.

À neuf mois, les petits sont adultes

La saison des amours se prolonge de janvier à mars, mais débute plus tôt dans le Nord que dans le Sud. Plus de 90 % des femelles âgées d'au moins 20 mois entrent en chaleur. Environ 60 % des femelles de 10 mois attendent la fin de février, si les conditions climatiques sont favorables. Si l'hiver est trop rude, elles attendront une année de plus pour s'accoupler.

Les mâles sont attirés très tôt par l'odeur des hormones présentes dans l'urine des femelles en chaleur. Leur cour est assidue pendant plusieurs semaines, car la période précédant la fécondation (pré-œstrus) dure de 2 à 3 mois. Souvent, plusieurs mâles s'intéressent à la même femelle et la suivent sans se battre. Au moment de l'œstrus, qui dure 10 jours, la femelle choisit son futur partenaire et vient lui donner quelques coups de museau. Comme les autres canidés, les coyotes peuvent demeurer accouplés plus de 25 minutes. Les autres mâles présents n'essaient pas d'intervenir et partent tenter leur chance auprès d'une femelle encore disponible.

Un père dévoué

Le couple délimite un nouveau territoire, choisit et nettoie un ancien terrier de blaireau, de marmotte ou de renard, ou décide de creuser une nouvelle tanière. Pendant la gestation, qui dure 2 mois environ (en moyenne 63 jours), les deux partenaires chassent ensemble et dorment côte à côte. Quand la mise-bas approche, le mâle se débrouille seul pour assurer la pitance quotidienne et il apporte de la nourriture à sa compagne. Celle-ci aménage le terrier en y déposant des feuilles, des herbes ou des poils arrachés de son ventre. Certaines femelles donnent naissance à leurs petits sur le sol nu.

Une portée comprend entre 2 et 12 petits (en moyenne 4). Les deux parents s'occupent d'eux. Ainsi, le père aide à la toilette et à l'alimentation des petits après qu'ils ont été sevrés. Il garde l'entrée du terrier. En cas de danger, il transporte les jeunes, un à un, vers un refuge sûr, parfois éloigné de plusieurs kilomètres.

Pendant les dix premiers jours, les petits tètent toutes les 2 heures environ. Leurs yeux s'ouvrent vers le dixième jour. Les premières dents apparaissent vers le douzième jour. Ils marchent vers 3 semaines et commencent dès lors à sortir de la tanière, surveillés par les parents, pour explorer leur environnement. Ils courent avant d'avoir 6 semaines. Ils sont généralement sevrés à l'âge de 1 mois, mais reçoivent en relai de la viande régurgitée par leurs deux parents. Ils commencent à s'attaquer à des proies mortes, souris, puis lapins.

Généralement, les jeunes mâles s'émancipent et quittent leur groupe familial entre 6 et 9 mois. Les jeunes femelles restent plutôt avec leurs parents.

La tanière du coyote

La tanière du coyote



Lorsque le coyote n'aménage pas un ancien terrier de blaireau ou de renard pour mettre bas sa portée, il en creuse un, très caractéristique. L'entrée, unique, de 30 à 60 cm de diamètre, est souvent dissimulée par des buissons. Un tunnel, long de 3 m environ et large de 40 à 50 cm, relie celle-ci à une chambre centrale, ou nurserie, où seront installés les petits. D'environ 1,50 m de diamètre, elle est bien ventilée, car l'air y pénètre par une cheminée d'aération.

Pour tout savoir sur le coyote

Coyote (Canis latrans)

Le coyote est beaucoup plus petit que le loup. Sa taille est toutefois variable en fonction des régions, entre 75 cm et 1 m (queue comprise), de même que son poids, entre 7 et 21 kg. La femelle est toujours plus petite que le mâle.

   Le pelage est plus court chez les coyotes du Mexique que chez ceux des prairies des Grandes Plaines et du Grand Nord. Il se compose d'un duvet (5 cm maximum) et de poils de garde (11 cm maximum). La mue a lieu une fois l'an, en été dans le Nord, le nouveau poil plus court remplaçant peu à peu l'ancien. La couleur du dos et des flancs va du gris au jaune terne. Le pelage du dos et les poils de la queue sont frangés de noir. La gorge est blanche, alors que la poitrine et le ventre sont plutôt gris pâle. L'arrière des oreilles est roussâtre et le museau grisâtre. En fait, la coloration varie, les animaux du Sud étant souvent plus clairs que ceux du Nord, parfois presque entièrement noirs.

La truffe du coyote est plus petite que celle du loup, sa boîte crânienne est plus volumineuse, ses coussinets plantaires plus étroits et ses oreilles plus longues.

Le coyote peut faire des bonds de 2 m et maintenir une vitesse de croisière de 40 à 50 km/h ; sur de courts trajets, ses pointes peuvent atteindre 65 km/h. Les coyotes peuvent se déplacer sur de grandes distances. Certains animaux, munis d'un collier émetteur, ont été suivis pendant plus de 650 km.

Excellent nageur, le coyote à la poursuite d'une proie n'hésite pas à se jeter à l'eau. Outre ses proies habituelles, mustélidés, grenouilles, tritons, serpents, poissons, écrevisses peuvent figurer à son menu. C'est aussi l'un des rares prédateurs à s'attaquer au castor.

Il est sans doute le canidé possédant les sens les plus développés. Capable de voir à 200 m en terrain dégagé, il voit aussi bien de jour que de nuit.

Son répertoire vocal est varié, mais ses appels les plus caractéristiques s'entendent à la tombée de la nuit, au lever du jour ou pendant la nuit. Ils consistent en une série de jappements suivis d'un long hurlement.

Sous-espèces

19 sous-espèces du coyote, ou races géographiques, ont été définies :

Canis latrans latrans, plaines centrales nord-américaines ;

Canis l. frustor, Missouri et sud-est des États-Unis ;

Canis l. lestes, montagnes : sud du Canada et nord des États-Unis ;

Canis l. mearnsi, ouest du rio Grande, Colorado, Utah et Nevada ;

Canis l. microdon, partie basse du rio Grande ;

Canis l. peninsulae, Canis l. ochropus et Canis l. jamesi, Californie ;

Canis l. cagottis, Canis l. vigilis, Canis l. impavidus, Canis l. clepticus, Mexique ;

Canis l. goldmani, Mexique et ouest du Guatemala ;

Canis l. texensis, Texas ;

Canis l. dickeyi, Nicaragua, Salvador et Costa Rica ;

Canis l. incolatus, Alaska et Canada ;

Canis l. thamnos, nord-est du Manitoba et États du nord des États-Unis ;

Canis l. umpquensis, Oregon et État de Washington.

          

COYOTE

Nom (genre, espèce:

Canis latrans

Famille :

Canidés

Ordre :

Carnivores

Classe :

Mammifères

Identification :

Ressemble à un chien de berger un peu maigre ; queue touffue ; pelage gris-noir à roux ; truffe noire

Taille :

De 1 m à 1,50 m

Poids :

Mâles : de 12 à 18 kg ; femelles plus petites

Répartition :

Canada, États-Unis, Mexique, Guatemala, Belize, Salvador, Honduras, Nicaragua, Costa Rica, Panamá

Habitat :

Plaines et prairies, désert, périphérie des villes ; parfois régions boisées

Régime alimentaire :

Généralement carnivore ; consomme aussi fruits et végétaux divers, ou charognes

Structure sociale :

Couple parfois accompagné de ses petits ; nombreux individus solitaires

Maturité sexuelle :

9 mois

Saison de reproduction :

Accouplements de janvier à mars ; naissances d'avril à mai

Durée de gestation :

63 jours ; 1 portée par an

Nombre de petits par portée :

De 2 à 12 (6 en moyenne)

Poids à la naissance : de 240 à 275 g

Longévité :

13,5 ans en nature (18 ans en captivité)

Effectifs :

Difficiles à estimer ; plusieurs millions

Statut :

En expansion (géographique et numérique) ; l'espèce est chassée notamment pour sa fourrure

 

Signes particuliers

Empreintes

Repérables dans les zones marécageuses, elles sont facilement identifiables. Chez l'adulte, la largeur de l'empreinte du pied antérieur est de 6 cm, sa longueur est de 7 cm. Les empreintes du pied postérieur sont légèrement plus petites. Selon l'allure de l'animal, la distance entre deux séries d'empreintes est de 30 à 40 cm. La largeur totale du chemin tracé par le coyote est de 10,5 à 15,5 cm.

Glandes exocrines

Elles servent à l'animal pour marquer son territoire ou pour déposer son odeur en différents endroits. Il en existe 3 groupes :

les glandes anales, de part et d'autre de l'anus ;

les glandes supra-caudales, sur la partie dorsale de la queue, à 1/3 de la base ;

les glandes des coussinets plantaires des 4 pieds, qui jouent un rôle dans la thermorégulation.

Truffe

Elle est noire et mesure environ 25 mm. Le sens olfactif est très développé. Comme les autres mammifères, le coyote possède un organe voméronasal, situé ventralement par rapport à la fosse nasale et relié à la cavité buccale par le canal naso-palatin. Cet organe, dédié à la perception des phéromones, est impliqué dans la communication chimique et olfactive entre individus.

Vibrisses

De taille intermédiaire entre celles du loup et du renard, elles mesurent de 5 à 7 cm. Peu nombreuses, elles sont plantées sur le museau à proximité de la truffe et jouent un rôle dans la réception et la transmission des signaux tactiles, notamment chez les jeunes nourris par les parents. Les vibrisses servent aussi lorsque les animaux se saluent en se touchant mutuellement le museau.

Dents

Elles sont plus étroites et moins robustes que celles du loup. Les canines sont plus petites, mais plus longues. Un large espace sépare les prémolaires.

Milieu naturel et écologie

Les coyotes occupent, en Amérique du Nord et en Amérique centrale, une grande variété d'habitats, depuis le nord de l'Alaska (70 °N.) jusqu'au Costa Rica (10 °N.).

Lorsque les premiers colons européens prennent pied sur le sol nord-américain, le coyote ne jouit pas d'une aussi vaste répartition. Il est vraisemblablement absent du sud du Mexique, de l'Alaska et d'une grande partie du Canada, et n'existe pas en Amérique centrale. Il n'habite probablement que le centre et le nord du Mexique, le sud des États-Unis et les Grandes Plaines du centre et de l'ouest des États-Unis et du Canada. Il est l'une des rares espèces animales à avoir prospéré grâce à l'homme, alors que ce dernier a tout fait, ou presque, pour le détruire.

La répartition du coyote au milieu du xixe siècle est bien connue : l'espèce se cantonne du fleuve Mississippi aux montagnes de la sierra Nevada, avec pour limites, au nord, la province canadienne de l'Alberta et, au sud, le Mexique. Le coyote est, à l'époque, complètement absent des États bordant le golfe du Mexique (Louisiane, Mississippi, Géorgie, Floride...), mais, ailleurs, ses populations sont importantes. Dès 1850, les coyotes pénètrent dans l'Illinois, le Michigan, le nord de la Californie et dans le Yucatan, au Mexique. De même, ils se dirigent vers le nord, suivant la trace des chercheurs d'or lors des années 1850-1860, se nourrissant des cadavres de leurs chevaux abandonnés sur les pistes. C'est alors que les coyotes font leur apparition en Alaska.

Dès 1950, les coyotes occupent la plus grande partie du Yukon et de l'Alaska, jusqu'à Point Barrow. À la fin des années 1960, ils investissent le sud-est (Tennessee, Mississippi, Louisiane). C'est vers la même époque que ce canidé est volontairement introduit en Géorgie et en Floride comme gibier. Aujourd'hui, il est présent dans tous les États américains à l'exception d'Hawaii. Suivant l'expansion humaine, le coyote s'est aussi étendu vers le sud, occupant d'abord le sud du Mexique puis toute l'Amérique centrale. Son expansion géographique se poursuit à l'heure actuelle.

Cette extension de l'aire de répartition du coyote, l'une des rares espèces sauvages à ne pas être menacée par les activités humaines, est unique dans l'histoire des mammifères modernes. Elle prouve que le coyote s'adapte parfaitement à des conditions et à des milieux très divers.

Le coyote a remplacé le loup

L'expansion du coyote vers l'ouest et le nord-ouest a été consécutive à la raréfaction du loup gris (Canis lupus) et rendue possible par la déforestation et la disponibilité en nourriture sous forme notamment de chevaux morts. Vers l'est et le nord-est, ce sont aussi la disparition des loups et la transformation de millions d'hectares de forêts en pâtures et en zones buissonnantes qui ont favorisé son expansion. Vers le sud, c'est surtout de la disparition du loup rouge (Canis rufus) qu'a profité le coyote. Partout, il a occupé fort opportunément les niches écologiques laissées vacantes. Cependant, si le loup gris et le coyote ne peuvent pas vivre ensemble sur le même secteur et s'excluent mutuellement, le loup rouge, plus petit, aurait pu côtoyer le coyote. Mais il a été exterminé et les tentatives actuelles de réintroduction sont trop peu efficaces pour lui redonner sa place.

Un habitant des vastes espaces

À l'origine, le coyote est essentiellement un habitant des prairies des Grandes Plaines. Il partage son territoire avec les bisons, les antilopes, les wapitis, les cerfs. Il ne s'aventure guère dans les forêts, alors peuplées de pumas et de loups. En revanche, il est tout à fait à l'aise dans les zones arides et semi-désertiques, domaine des cactus, où abondent les lièvres, les rats-kangourous et les serpents. Dans ces zones, il est capable de creuser le sol jusqu'à 60 cm de profondeur pour trouver l'eau dont il a besoin. Le coyote se rencontre aussi dans les vastes zones herbeuses peuplées de chiens de prairie : en fait, le coyote est présent partout où il n'entre pas en concurrence avec le loup gris.

Aujourd'hui, le coyote a colonisé tous les anciens territoires des loups, depuis les pentes nord de l'Alaska au nord jusqu'aux régions tropicales du Costa Rica au sud. Il a étendu les types d'habitats dans lesquels il vit, y ajoutant les forêts et les zones humides.

Si les animaux occupant les régions nord du continent sont plus grands et plus massifs que ceux vivant dans les déserts du sud, tous appartiennent à la même espèce. Les légères différences morphologiques sont dues à la variété des climats auxquels l'animal a dû s'adapter. Les biologistes ont regroupé ces différents types en sous-espèces, ou races géographiques, dont 19 ont été répertoriées, mais tous les auteurs ne sont pas d'accord. Car le coyote est un vagabond et les limites entre deux sous-espèces ne sont pas nettes et s'établissent difficilement.

Autrefois, les Amérindiens appelaient indifféremment le coyote « loup des prairies » ou « loup des buissons », soulignant ainsi l'extraordinaire faculté de ce carnivore à utiliser tous les habitats accessibles. Sans se soucier de la présence de l'homme, le coyote vit aujourd'hui également dans les zones suburbaines, voire en ville. Occupant les jardins et les rues, il se nourrit dans ce cas de petits rongeurs, de lapins, de fruits, mais aussi d'animaux domestiques ou de déchets.

Un rôle d'assainissement

Les seuls prédateurs naturels du coyote sont les loups gris, les grizzlis et les pumas. Aujourd'hui peu nombreuses ou proches de l'extinction, ces espèces animales ne représentent plus pour lui une menace, mais il évite toutefois leurs territoires. Le renard roux est un animal que le coyote ne tolère absolument pas sur son territoire. Tous deux sont concurrents sur le plan alimentaire et s'évitent mutuellement. Le coyote, cependant, n'est pas un prédateur du renard.

Le coyote assainit les troupeaux de cervidés en s'attaquant aux animaux malades, blessés ou déficients génétiquement. Régulateur des populations d'ongulés comme tout carnivore, il joue un rôle majeur dans les écosystèmes, comme le montre le cas du parc naturel du Grand Canyon (États-Unis) pendant la première moitié du xxe siècle. Pour protéger la population résidente de cerfs mulets (Odocoileus hemionus), alors de 4 000 individus environ – et à laquelle s'intéresse personnellement le président Théodore Roosevelt, fondateur de la réserve –, le gouvernement encourage à partir de 1907 l'abattage de tous les prédateurs sans discernement : loups, lynx roux, couguars, coyotes. La disparition des carnivores prédateurs (en tout, plus de 8 000 animaux sont massacrés au cours des premières décennies du xxe siècle) engendre alors un déséquilibre écologique qui menace tout l'écosystème et met en péril toutes les populations d'herbivores. En effet, en l'absence des grands prédateurs, la population de cerfs mulets se multiplie de façon anarchique ; à la fin des années 1910, ils sont 40 000 et, au milieu des années 1920, dépassent 100 000 individus. Cette densité, anormalement élevée, ne tarde pas à causer la perte des cerfs eux-mêmes, comme celle des autres herbivores : la pression trop importante qu'ils exercent sur les ressources entraîne une dégradation rapide de la végétation, qui ne parvient pas à se renouveler, tandis que le sol s'érode. Des dizaines de milliers de cerfs mulets meurent ainsi de faim en raison de ressources alimentaires devenues insuffisantes ; à la fin des années 1930, ils ne sont plus que 10 000.

Les coyotes sont aussi utiles dans la limitation des populations de lapins et de lièvres, car ils évitent des pullulements toujours catastrophiques. Très mobile, le coyote migre toujours bien avant d'avoir épuisé les ressources alimentaires de son territoire.

Le coyote et l'homme

Un mal-aimé qui fait face aux défis du modernisme

Depuis son arrivée sur le continent américain, l'homme est en relation avec le coyote. Les Aztèques vénéraient l'animal, partout présent dans leur art, tandis que les Amérindiens des plaines avaient des « chiens » ressemblant à des coyotes apprivoisés.

Une histoire commune avec l'homme et le chien

Dans plusieurs légendes amérindiennes, un grand déluge noya tous ceux qui peuplaient le premier monde. C'étaient des animaux géants qui parlaient et agissaient comme des hommes. Seul le coyote échappa à la destruction grâce à sa ruse. Métamorphosé en bûche, il flotta jusqu'au retrait des eaux. Puis il épousa les arbres et de cette union naquirent les peuples amérindiens. Alors, le coyote parcourut ce nouveau monde, détruisant les monstres qui l'infestaient, tel le serpent à cornes. On ignore si les Amérindiens, emmenant leurs « chiens » avec eux, ont contribué à la dispersion du coyote hors de ses frontières d'origine. Mais quoi qu'il en soit, l'histoire du coyote continue, depuis, à être intimement liée à celle des hommes du continent nord-américain. Partout où ceux-ci sont allés, les coyotes ont suivi dans la mesure où le climat et la végétation permettaient leur survie.

Les relations coyotes-chiens sont aussi très anciennes. Les deux espèces se tolèrent au temps des amours. Lorsqu'une chienne est en chaleur à proximité du territoire d'un coyote mâle, celui-ci peut se rapprocher et essayer de s'accoupler avec elle. Parfois, c'est la chienne qui fait une fugue de quelques jours afin de trouver un partenaire, chien ou coyote. Inversement, les chiens domestiques mâles peuvent aussi s'accoupler avec des coyotes femelles, bien que cela soit plus rare dans la nature. Appelés coydogs (s'ils sont issus d'un coyote mâle et d'une chienne) ou dogotes (issus d'une femelle coyote et d'un chien), les hybrides nés de cette alliance sont fertiles.

Depuis un millier d'années, plusieurs canidés cohabitent dans le sud-est des États-Unis : le coyote, le chien domestique et le loup. Ces diverses espèces peuvent s'hybrider et donner naissance à des jeunes fertiles (l'hybride coyote-loup est appelé coywolf).

Le conflit coyotes-éleveurs : une guerre déclarée

L'homme moderne considère les prédateurs comme des concurrents directs qu'il convient d'éliminer. Or, ces prédateurs ne tuent nullement pour le plaisir, mais pour se nourrir et nourrir leur famille, avec les moyens qui sont les leurs. Face à eux, les herbivores sauvages ont acquis l'agilité, la défiance, la rapidité ou la force qui leur donnent leur chance de ne pas être pris. Inversement, les animaux domestiques, sélectionnés depuis des millénaires, ont acquis généralement de l'embonpoint et une certaine passivité. Souvent, ils ont perdu tout réflexe défensif et sont tout à fait incapables de résister aux prédateurs. Ces animaux aux instincts atrophiés sont donc des proies beaucoup plus faciles que les espèces sauvages, toujours sur leurs gardes.

La cause du conflit entre l'homme et le carnivore sauvage n'est pas nouvelle. C'est elle qui a entraîné la quasi-extermination des loups en Europe et aux États-Unis. De la même façon, les tigres ont disparu d'une grande partie de l'Asie. Aujourd'hui encore, on déclare la guerre au coyote, même si certains tentent de limiter la chasse et les captures.

Tirant intelligemment parti de la non-surveillance des animaux d'élevage, le coyote a acquis une réputation d'animal dangereux et sanguinaire. Certains chercheurs sont même allés jusqu'à estimer que l'espèce est inutile (Shelton, 1973) – ce qui, on l'a vu, est un non-sens. Jusqu'en 1960, le gouvernement américain soutenait toutes les actions prises en faveur de la destruction des prédateurs. On ne faisait pas la différence entre les espèces : une peau de loup ou de coyote était payée le même prix et valait 1 dollar au début des années 1900. Toutes les méthodes de chasse étaient autorisées, à la condition d'être efficaces.

Puis, dans les années 1960, le public américain commence à s'intéresser aux animaux sauvages. La cruauté de certaines méthodes employées par les exterminateurs émeut l'opinion publique, qui réclame des contrôles de la part du gouvernement. Plusieurs lois sont mises en place. Malheureusement, elles ne s'appliquent souvent pas aux propriétés privées et certains éleveurs continuent à abattre tous les prédateurs sans discernement. Le coyote reste le point de mire de tout l'Ouest américain, car il est aujourd'hui le plus répandu. Pourtant, ces persécutions ne semble pas l'affecter, et ses effectifs continuent au contraire d'augmenter. Sans doute un autre type de gestion de ses populations est-il nécessaire…

Une espèce en expansion malgré les massacres

En 1978, le service de la faune américaine, Fish and Wildlife, tente d'évaluer les dommages causés par les coyotes dans 15 États de l'ouest des États-Unis. Les pertes varient d'un ranch à l'autre. 45 % des éleveurs de moutons de ces États ne rapportent aucun dégât, mais 10 % d'entre eux déclarent avoir perdu plus de 20 % de leurs agneaux à cause des coyotes. Au total, cette année-là, les pertes dues aux coyotes sont estimées à 14 millions de dollars en agneaux et 5 millions de dollars en brebis. Pourtant, des chiens retournés à l'état sauvage ont sans doute commis certaines de ces déprédations.

Pour réduire les effectifs de coyotes, plusieurs méthodes ont été utilisées. Efficaces dans le cas des loups, avec le triste résultat de la disparition quasi totale de ces prédateurs dans 48 États américains, elles paraissent plus aléatoires avec les coyotes. Parmi les méthodes non létales, citons l'utilisation des chiens de berger pour garder les troupeaux, les clôtures anti-prédateurs et divers répulsifs. Des éleveurs ont eu aussi l'idée de mettre des cloches autour du cou de certains moutons, mais très vite les coyotes n'ont attaqué que les autres. Les méthodes létales, beaucoup plus radicales, sont de quatre types : les trappes qui se referment sur la patte de l'infortuné, attiré par l'appât ; l'asphyxie des petits dans leur tanière ; la chasse directe, très meurtrière, et qui se pratique avec des chiens, des appâts, ou à bord d'un petit avion ; l'empoisonnement avec des substances comme la strychnine, le monofluoroacétate de sodium (composé 1080) ou le cyanure de potassium, déposées dans des cadavres d'agneaux servant d'appâts.

Malheureusement, toutes ces méthodes ont fait bien d'autres victimes que les coyotes. Comme le montrent les résultats d'une campagne anti-coyotes menée en 1986, de nombreuses autres espèces ont été tuées. On a relevé notamment pour quatre États de l'ouest des États-Unis : 1 247 blaireaux, 1 924 lynx, 4 220 putois et 2 ours noirs tués par la trappe ; 15 blaireaux, 146 lynx, 70 putois et 77 ours noirs empoisonnés ; 144 lynx tués d'un avion ; on note aussi la mort de 49 pumas et de 3 684 renards. Dans le même temps, 84 499 coyotes ont été exterminés dans ces mêmes États. Les destructions au terrier et depuis un avion semblent plus sélectives, confondant moins le coyote avec d'autres espèces animales non visées à l'origine par la campagne.

Devant cette destruction aveugle, encore augmentée avec la mise sur le marché de nouveaux poisons, des lois ont été votées. Les mesures limitant les abattages de coyotes varient selon les États. Le tir est toujours légal, et le coyote toujours chassé pour sa fourrure.

Cependant, malgré l'abattage conséquent de coyotes (plus de 100 000 « déclarés » certaines années), le contrôle des populations n'est pas efficace ; pour preuve, l'espèce ne cesse de s'étendre, et ses effectifs sont en augmentation. Il est donc inutile de continuer à utiliser des méthodes dangereuses pour les autres espèces. Tant que les paramètres biologiques et écologiques de l'espèce ne seront pas parfaitement cernés, il sera impossible de gérer rationnellement les populations de coyotes. L'abondance des coyotes autorise l'existence de nombreux programmes de recherche, en Amérique du Nord et en Amérique centrale, visant à mieux comprendre la dynamique de ses populations, les relations écologiques prédateurs-proies, les relations entre le coyote et les autres prédateurs, l'adaptation de ces canidés aux environnements variés dans lesquels ils vivent, ainsi que les détails de leur physiologie et de leur reproduction, qui ne sont pas encore totalement connus, ou encore les différences génétiques existant avec les autres canidés.