Raymond Queneau, lecture de Zazie dans le métro
« Izont des bloudjinnzes, leurs surplus américains ? »
« Ne voulant pas montrer son enthousiasme à l'idée de se taper un cacocalo, Zazie se mit à considérer gravement la foule qui, de l'autre côté de la chaussée se canalisait entre deux rangées d'éventaires.
- Qu'est-ce qu'ils foutent, tous ces gens ? Demanda-t-elle.
- Ils vont à la foire aux puces, dit le type, ou plutôt c'est la foire aux puces qui va-t-à-z-eux, car elle commence là.
- Ah, la foire aux puces, dit Zazie de l'air de quelqu'un qui ne veut pas se laisser épater, c'est là qu'on trouve des ranbrans pour pas cher, ensuite on les revend à un Amerlo et on n'a pas perdu sa journée.
- Y a pas que des ranbrans, dit le type, y a aussi des semelles hygiéniques, de la lavande, des clous et même des vestes qui n'ont pas été portées.
- Y a aussi des surplus américains ?
- Bien sûr. Et aussi des marchands de frites. Des bonnes. Faites dans la matinée.
- C'est chouette, les surplus américains.
- Si on veut, y a même des moules. Des bonnes. Qu'empoisonnent pas.
- Izont des bloudjinnzes, leurs surplus américains ? »
Institut National de l'Audiovisuel