Antoine de Saint-Exupéry, octobre 1936
« Une secousse ininterrompue, d'une extrême violence »
Antoine de Saint-Exupéry, le 3 octobre 1936.
Récit de son accident dans le désert.
« C'est au cours de cette manœuvre, et déjà hors des nuages, à la cote 400 de mon altimètre, à la cote réelle de 300 environ, que j'emboutis le sol. Quoique dégagé des cumulus, je ne vis rien. J'étais cependant occupé, à cet instant-là, à chercher sous moi des lumières, mais une brume basse et légère répandue sur le désert, suffisait à créer l'impression fausse de profondeur. D'ailleurs, la nuit surplombée ici de cumulus était extrêmement opaque. À ma grande surprise, le premier craquement, au lieu d'aboutir à l'écrasement définitif, se prolongea dans la cabine à la façon d'un tremblement de terre. Je subissais une secousse ininterrompue d'une extrême violence, et qui se prolongea pendant six secondes environ. Je ne savais comment interpréter ce phénomène, quand je subis la secousse d'arrêt, qui fut plus forte que les autres, et pulvérisa l'aile droite. L'avion sur un cheval de bois s'était bloqué. »
Institut National de l'Audiovisuel