sensualisme
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».
Début du xixe s.
Philosophie Générale
Attitude philosophique qui pose le primat éthique, ontologique et gnoséologique des sens.
Ce terme, s'il a longtemps désigné une forme de déviance philosophique, sorte de forme abâtardie de l'empirisme classique, possède néanmoins le sens d'une véritable réduction de l'expérience mentale à la seule sensation. Condillac, répondant à la Lettre sur les aveugles de Diderot(1) où ses propres positions sont identifiées à une forme de l'idéalisme de Berkeley, rétorque par une déduction rigoureuse des facultés traditionnelles du sujet. Cette opération ne suppose en retour que de poser, au moyen de cette véritable expérience de pensée qu'est la « statue de chair(2) » tout entière livrée à ses sensations, le caractère total et fondateur de la synthèse passive interne dont est issue la sensation. En ce sens la philosophie sensualiste est aussi un essai de psychologie radicalement dépris de toute la métaphysique requise dans l'empirisme ordinaire de Newton(3) ou de Locke(4).
Fabien Chareix
Notes bibliographiques
- 1 ↑ Diderot, D., Lettre sur les aveugles à l'usage de ceux qui voient, Paris, 1749 (in Œuvres philosophiques, Messidor, Paris, 1984).
- 2 ↑ Condillac, Traité des sensations, Le Roy, Paris, 1754 (PUF, Paris, 1947), pp. 222 et suiv.
- 3 ↑ Newton, I., Philosophiæ naturalis principia mathematica, édition I.B. Cohen & A. Koyré, 2 vol., Harvard University Press, Cambridge, 1972, III, Scholium generale & Regulæ Philosophandi.
- 4 ↑ Locke, J., Essai concernant l'entendement humain (1690), Vrin, Paris, 1972 (J. Schreuder et P. Mortier Eds.).