psychanalyse
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».
En allemand : Psychoanalyse. Du grec analusis, « décomposition » et « résolution », et psukhê, « souffle », « respiration », « âme ».
Psychanalyse
1. Procédé pour l'investigation de processus de l'âme, qui sinon sont à peine accessibles. – 2. Méthode de traitement de troubles névrotiques qui se fonde sur cette investigation. – 3. Série d'apercevances psychologiques acquises sur cette voie, qui croissent peu à peu en une nouvelle discipline scientifique(1).
Proposé dès 1896(2), le terme souligne le travail de décomposition des formations psychiques – symptômes, rêves, lapsus, traits d'esprit, mais aussi moi, caractère, convictions et idéaux – grâce à la technique des associations libres (le « procédé ») et au transfert (la « méthode »). « Science du psychique-inconscient »(3), la psychanalyse envisage les processus psychiques comme des formes évolutives dépendant d'une dynamique de conflits sous-jacente, alimentée par une énergie somatique. La sexualité – pulsion sexuelle, libido – en est un pôle essentiel dès la petite enfance, lors de la morphogenèse psychique. La psychanalyse met au jour deux faits décisifs de l'histoire de l'évolution : la prématuration, avec la longue dépendance à l'endroit des adultes ; l'instauration de la sexualité en deux temps, avec le complexe d'Œdipe et la période de latence qu'il ouvre. Ces conditions biologiques donnent forme tant au psychisme individuel – narcissisme, inconscient refoulé, sublimation, etc. – qu'à la vie collective – meurtres au sein de l'espèce, fonctions d'autorité.
Au contraire des psychologies statiques, la psychanalyse freudienne est étiologique – en tant que dynamique. Elle révoque en doute la distinction normal – pathologique, et instaure un régime thérapeutique où la levée des symptômes coïncide avec leur intelligibilité. La parole s'avérant un équivalent des actes, dans la cure, la question d'une dynamique du sens est posée. La pluralité des personnes psychiques ainsi que la réduction de la conscience à une qualité sans efficience objectent aux philosophies du sujet et de la conscience. Les déterminations réciproques du psychique et du somatique incitent au réexamen des liens de la physis et du nomos.
Michèle Porte
Notes bibliographiques