irritabilité
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».
Du latin irritabilitas, dérivé de rito, « exciter ».
Biologie
Propriété d'un organisme vivant ou d'une de ses parties de réagir à l'action d'une stimulation, interne ou externe. Dans le cas d'un état pathologique, sensibilité plus grande d'un organe à l'excitation.
Le concept a eu du succès auprès des vitalistes, car il expliquait des mécanismes physiologiques comme la nutrition, et auprès des sensualistes, tels que Locke (1632-1704), Condillac (1714-1780), etc., en ce qu'il dessinait le mécanisme des sensations.
Glisson (1596-1677) fait de la force particulière, dont sont doués les organes des vivants, l'« irritabilité musculaire » (1654). Au xviiie s., Haller (1708-1777), constatant que certaines « parties irritables » (les muscles) deviennent plus courtes au contact de corps étrangers, fera le succès de la doctrine.
L'animiste Stahl (1660-1734) en fait une « force tonique » qui est cause des mouvements dans le corps, telle que la circulation (1798).
Chez les vitalistes, Barthez (1734-1806) en fait un « principe vital » et Bichat (1771-1802) y regroupe la « sensibilité et la contractilité », apanage des tissus doués de propriétés animales et degrés de l'activité cérébrale.
Cette vision sera discutée par les mécanistes Cabanis, Broussais, Lamarck, etc., (fin du xviiie s. - début du xixe s.), qui récusent le rôle de l'irritabilité dans la sensation, ne produisant jamais de conscience de ces actions.
Cédric Crémière
Notes bibliographiques
- Canguilhem, G., la Formation du concept de réflexe aux xviie et xviiie s., seconde édition revue et augmentée, Paris, 1977.
- Duscheneau, F., « Théorie et pratique expérimentale dans la physiologie d'Albrecht von Haller », in Theoria cum praxi, Akten des III. int. Leibniz-Kongresses, Hannover 1977, vol. 4, Wiesbaden, 1982 (Studia Leibniziana, Suppl. 22).
- Haller, A. (von), Dissertation sur les parties irritables et sensibles des animaux ; trad. du latin par M. Tissot. À Lausanne, chez M.-M. Bousquet et Comp., 1755