dépassement

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


Trad. l'allemand Aufhebung.

Philosophie Générale

En régime hégélien, le dépassement permet de conserver tout en supprimant ; par extension, on peut considérer que Sartre réinvestit cette notion par sa méthode dialectique progressive-régressive.

Pour Hegel, le dépassement désigne le moment dans lequel un état antérieur est à la fois nié comme antérieur et conservé dans l'état ultérieur ; par exemple, le bourgeon est nié et conservé dans la fleur. Les deux dimensions sont également importantes et constitutives de tout ce qui se donne dans une histoire ou une temporalité quelconque. C'est pourquoi le dépassement est l'autre nom de la dialectique, qui caractérise chez Hegel « tout mouvement, toute vie et [...] toute manifestation active dans l'effectivité » ; il ajoute que « tout ce qui nous entoure peut être considéré comme un exemple du dialectique » (Encyclopédie des sciences philosophiques, I, La Science de la logique, § 81).

La notion de dépassement se restreint considérablement chez Sartre, puisqu'elle renvoie désormais à tout ce qui est strictement historique et humain. Plus question donc de parler de dialectique de la nature. Se dépasser, pour l'auteur de L'Être et le néant, c'est être capable de formuler un projet, c'est-à-dire se situer par rapport à une facticité, un donné de départ auquel notre projet a précisément pour tâche de donner sens. Dans Questions de méthode, Sartre expose la méthode progressive-régressive, qui se donne comme un double mouvement, en lequel consiste le dépassement : elle est à la fois mouvement vers le passé, qui replace l'homme dans la facticité de son histoire, et mouvement vers l'avenir, dans lequel s'inscrit son projet. On peut lire une tentative d'application de cette méthode dans L'Idiot de la famille, qui se penche sur le cas singulier de Flaubert.

Clara da Silva-Charrak

Notes bibliographiques

  • Hegel, G. W. F., Phénoménologie de l'Esprit, trad. de Jean Hyppolite, Aubier-Montaigne, Paris, 1941.
  • Encyclopédie des sciences philosophiques, I ; La Science de la logique, trad. B. Bourgeois, Vrin, Paris, 1970.
  • Sartre, L'Être et le Néant, Gallimard, Paris, 1943 ;
    Critique de la raison dialectique, Gallimard, Paris, 1985 ;
    Questions de méthode, Gallimard, Paris, 1960.

Psychanalyse

En allemand : Überwindung, de über-, « au dessus de », et winden, de winnen, « combattre, vaincre ». La traduction la plus exacte est surmontement (Littré).

Processus par lequel le moi élabore les exigences pulsionnelles (surmonter l'auto-érotisme, les fixations et la toute-puissance infantiles, etc.) et les résistances. Ce faisant, le moi reconnaît les réalités psychique et extérieure, et s'y soumet. Lorsque le moi-réalité canalise le moi-plaisir, on peut parler de surmontement.

Le surmontement n'est pas un concept métapsychologique élaboré comme tel, ses occurrences étant nombreuses et diversifiées chez Freud. Le surmontement est un effort qui, s'il exige du courage, demeure instable, du fait de la puissance des motions pulsionnelles inconscientes.

Mazarine Pingeot

→ « enfantin et infantile », fantasme, métapsychologie, moi, pulsion, réalité, sexualité