délibération
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».
Du latin deliberatio, formé sur le verbe delibero, que les Anciens faisaient dériver de libra, « balance » ; semble plutôt être un composé de libero, « délivrer ». En grec : bouleusis.
Philosophie Antique
La délibération correspond, dans le cadre de l'action humaine, à la détermination des moyens en vue d'une fin. Elle occupe une place intermédiaire entre la volonté (boulesis), qui porte sur la fin, et la décision (prohairesis), qui est choix des moyens(1) effectué au terme de la délibération. Alors que la boulesis peut être souhait de l'impossible (par exemple, ne jamais mourir), la bouleusis ne porte que sur ce qui dépend de nous ou peut être effectué par nous(2). Elle intervient, pour cette raison, essentiellement dans les domaines de la technique et ne concerne pas ou peu les sciences(3) qui ne portent que sur le nécessaire. Vertu dianoétique, la bonne délibération (euboulia) est « rectitude de l'ordre de l'utile », c'est-à-dire concernant à la fois « ce qu'il faut faire, comment et quand le faire »(4) – entendons par là les moyens pour atteindre une fin qui, elle, n'est pas l'objet de la délibération : l'euboulia porte sur ce qui contribue à atteindre la fin qu'il appartient à la prudence de saisir(5).
Annie Hourcade
Notes bibliographiques
- 1 ↑ Aristote, Éthique à Nicomaque, III, 2, 1111b26.
- 2 ↑ Ibid., III, 3, 1112a31-35.
- 3 ↑ Ibid., III, 3, 1112b8.
- 4 ↑ Ibid., VI, 10, 1142b28.
- 5 ↑ Ibid., 1142b32-33.
- Voir aussi : Narcy, M., « Être de bon conseil et savoir écouter (Éthique à Nicomaque, VI, 10-11) », in J.-Y. Chateau (éd.), la Vérité pratique. Aristote, Éthique à Nicomaque, Livre VI, Paris, 1997, pp. 117-135.