autarcie
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».
Du grec autarkeia, de autarkès, « qui se suffit à soi-même, autosuffisant ».
Philosophie Antique, Politique
Autosuffisance d'un individu, d'un État.
Les morales antiques affirment ainsi souvent l'autarcie du sage, délivré, tel un dieu, de toute dépendance extérieure. Ce thème de l'autarcie individuelle a une origine socratique ; on le retrouve chez les cyniques, chez Platon et, plus tard, dans les écoles hellénistiques(1).
L'autarcie au sens actuel d'autosuffisance économique d'un État se met en place à partir de Platon : dès lors, l'autarcie est conçue comme la réponse à la menace que constitue le désordre économique. Platon explique la naissance de la Cité par l'existence du besoin et la non-autarcie des individus(2). Mais le passage de la première cité, autarcique et répondant aux besoins, à la cité « gonflée d'humeurs », engagée dans de plus larges échanges, n'est accepté qu'à regret. À la suite de son maître, Aristote a fait la théorie de la Cité autarcique(3). Cet idéal est repensé par Fichte (L'État commerçant clos, 1800), dont l'utopie protectionniste d'un État autosuffisant, planificateur et dirigiste, isolé dans ses « frontières naturelles », aura une fortune certaine auprès des penseurs allemands d'une « autarcie d'expansion » (conquête de l'espace vital) dans l'entre-deux-guerres. En période de crise, l'idéal d'autarcie tend à resurgir : en 1933, Keynes vantera, contre les avantages comparatifs ricardiens, la self-sufficiency de la nation.
Christophe Rogue
Notes bibliographiques