Épiménide de Cnossos

Poète, philosophe et législateur crétois (vie s. avant J.-C. ?).

Diogène Laërce (I, 114) rapporte qu'il aurait vécu 299 ans (d'autres auteurs disent 157 ans ou 154 ans), qu'il aurait dormi 50 ans et qu'il « reçut des Nymphes une nourriture particulière et qu'il la conserva dans un sabot de bœuf. En prenant de cette nourriture un tout petit peu à la fois, il ne rejetait aucun excrément et paraissait ne jamais manger ». La tradition le nomme parmi les fondateurs de l'orphisme.

LE PARADOXE DU MENTEUR

On attribue à Épiménide la fameuse antinomie suivante, connue également sous le nom du paradoxe du menteur : « Épiménide le Crétois affirme que tous les Crétois sont menteurs. », qu'on trouve également exprimé sous la forme suivante : « Tu dis que tu mens. Si c'est vrai, alors tu mens aussi en disant que tu mens, et il est donc faux que tu mentes. Mais si c'est faux, alors tu ne mens pas non plus en disant que tu mens, et il est donc vrai que tu mens. » D'après les sophistes grecs, cette antinomie révèle la contradiction absolue qui réside entre la vérité d'un énoncé négatif impliquant l'auteur de l'énoncé, et la fausseté résultant de cette implication.

Sous ses nombreuses variantes - depuis Aristote (« Celui qui a juré de se parjurer, en se parjurant tient son serment ») jusqu'à Groucho Marx (« Je n'accepterais jamais de faire partie d'un club qui m'accepterait comme membre ») en passant par Buridan, Guillaume d'Occam et Bertrand Russell (« Considérons l'ensemble E des ensembles qui ne sont pas des éléments d'eux-mêmes. E est-il un élément de lui-même ? S'il l'est, il devra posséder la caractéristique de ses éléments et donc n'être pas un élément de lui-même. S'il ne l'est pas, il vérifie la condition d'auto-appartenance et est donc un élément de lui-même »), - le paradoxe du menteur a fait depuis des siècles l'objet d'innombrables analyses. Sous une apparence puérile, le paradoxe sémantique du menteur a en effet le mérite de mettre en évidence, avec la possibilité de l'autoréférence, une des possibilités majeures des langues naturelles. Ces réflexions ont connu des prolongements dans des domaines aussi divers que la linguistique et la psychiatrie avec la théorie de la double contrainte (R. Laing, Nœuds) et la théorie systémique de la communication (Gregory Bateson, Vers une théorie de la schizophrénie ; Paul Watzlawick, Une logique de la communication).