Hamid Karzai

Homme d'État afghan (Karz, Kandahar, 1957).

1. De la résistance à l’accession au pouvoir

Chef de la tribu pachtoune des Popalzai, il étudie les sciences politiques et les relations internationales en Inde. De retour dans son pays, il rejoint la résistance afghane contre l'intervention soviétique, est nommé vice-ministre des Affaires étrangères au sein du gouvernement intérimaire afghan à Kaboul (1992), mais se retire en 1994, à la suite des violentes dissensions opposant chefs de guerre et membres du gouvernement. Après avoir collaboré un temps avec les talibans, il rompt avec ces derniers en 1995 et décline, au lendemain de la prise de Kaboul, en 1996, leur offre de représentation du régime taliban aux Nations unies. Au cours des années suivantes, il œuvre pour faire advenir la tenue d'une assemblée traditionnelle (Loya Djirga), sous les auspices de l'ex-roi Zaher Chah.

2. Un président contesté

En vertu de l'accord de Bonn de décembre 2001, H. Karzai est désigné président du gouvernement intérimaire mis en place à la suite de la chute du régime des talibans, mais la réalité du pouvoir revient aux Panchiris, les partisans du défunt commandant Ahmad Chah Masud, qui détiennent les ministères les plus importants (Défense, Intérieur, Affaires étrangères, notamment).

Plébiscité (avec 55,4 % des suffrages) le 9 octobre 2004 lors de la première élection présidentielle démocratique en Afghanistan, H. Karzai s'appuie sur d'anciens communistes avant de réhabiliter, à partir de 2006, le réseau pachtoune et de faciliter, au grand dam des Occidentaux, le retour des chefs de guerre issus du djihad antisoviétique. Il est alors largement controversé pour sa pratique corrompue du pouvoir qui privilégie les allégeances tribales au détriment de la compétence.

En novembre 2009, il est reconduit à la tête de l'État à la suite du désistement de son principal concurrent, Abdullah Abdullah, ex-ministre des Affaires étrangères limogé en 2006 et ancien proche du commandant Masud, en raison des fraudes massives commises lors du premier tour du scrutin, le 20 août. Proclamé vainqueur avec moins de 50 % des suffrages, il tente, dans la perspective du retrait des troupes internationales de la Force internationale de sécurité et d’assistance de l’OTAN (FIAS) prévu fin 2014, d’ouvrir des négociations avec les talibans les plus modérés, un processus cependant semé d’obstacles dus notamment au développement dans le camp adverse de factions radicales. Parallèlement, il passe un accord stratégique avec l’Inde tout en invitant le Pakistan à participer au règlement de la crise afghane, tandis qu’il reporte la signature d’un accord de sécurité avec les États-Unis prévoyant le maintien d’un appui militaire en 2015, après le retrait de la FIAS. Élu dans des conditions controversées, Ashraf Ghani lui succède à la présidence de la République en septembre 2014.

Pour en savoir plus, voir l'article Afghanistan.