Zine el-Abidine Ben Ali
en arabe Zīn al-‘Abidīn Bin ‘Alī
Général et homme d'État tunisien (Hammam-Sousse 1936-Djeddah, Arabie Saoudite 2019).
Quatrième enfant d'une fratrie de onze, ancien élève de Saint-Cyr, il complète sa formation militaire aux États-Unis à l'École supérieure de renseignement et de sécurité avant d'intégrer l'état-major tunisien. De 1958 à 1974, il occupe le poste de directeur de la sécurité militaire avant d'être nommé à la tête de la sûreté nationale (1977). Il fait réprimer les manifestations de janvier 1978. N'ayant pu empêcher l'attaque de la ville de Gafsa par un commando armé soutenu par la Libye et par l'Algérie, il est contraint de démissionner et est nommé ambassadeur de Tunisie à Varsovie (1980). Rappelé à Tunis après les émeutes sanglantes de janvier 1984, il retrouve la direction de la sûreté nationale, avant d'être successivement désigné secrétaire d'État à la sûreté (1985), ministre de l'Intérieur (1986) et Premier ministre en octobre 1987. Un mois plus tard, le 7 novembre, il dépose le président Habib Bourguiba pour « incapacité à gouverner ».
Accueilli avec soulagement, Ben Ali engage son pays sur la voie du changement (libéralisme, ouverture progressive aux investisseurs internationaux) et d'une relative démocratisation (autorisation du multipartisme, promotion de la femme, encouragement de l'arabisation de l'enseignement et développement d'un islam d'État). Il transforme le parti socialiste destourien, dont il est secrétaire général depuis 1986, en Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD). Ce vent de liberté est salué à l'intérieur comme à l'extérieur du pays.
Rapidement, le régime se durcit. Confirmé à la tête de l'État lors de l'élection présidentielle d'avril 1989, où, candidat unique, il est plébiscité avec 99,27 % des voix, Ben Ali instaure, après la découverte d'un « plan islamiste visant à la prise du pouvoir » en 1991, un régime autoritaire réprimant les islamistes du mouvement Ennahda, les communistes, les défenseurs des libertés et quiconque osant émettre la moindre forme de protestation ou de critique à l'encontre du pouvoir. Par le biais du RCD, dont la mainmise sur les institutions est omniprésente, le président règne en autocrate, anéantissant toute liberté d'expression, enfermant l'opposition et quadrillant la société civile. De ses alliés occidentaux, qui voient dans son régime un rempart contre l'islamisme, il obtient un soutien sans faille, et des Tunisiens qui s'estiment ainsi préservés du pire, une adhésion a minima. Enchaînant les réélections grâce aux scrutins détournés de 1994, de 1999, de 2004 (après avoir fait amender la Constitution par référendum en 2002 pour pouvoir se représenter à vie) et de 2009, il parvient à se maintenir à la tête du pays tout en étant honni d'une part grandissante de ses concitoyens. Le 14 janvier 2011 toutefois, il quitte le pouvoir après un mois de manifestations à l’origine de la révolution tunisienne. Réfugié en Arabie saoudite, il est condamné par contumace, ainsi que son épouse Leïla Trabelsi, au premier jour de leur procès ouvert le 20 juin, à 35 ans de détention et à des amendes de 45 millions d'euros pour détournement de fonds publics et malversations.
Pour en savoir plus, voir l'article Histoire de la Tunisie.