Wynton Marsalis
Trompettiste et compositeur de jazz américain (La Nouvelle-Orléans 1961).
Après avoir étudié le classique et le jazz dans de prestigieuses écoles, il est engagé par Art Blakey dans les Jazz Messengers. La même année 1982, il enregistre le premier disque de jazz sous son nom et des concertos de Haydn et de Leopold Mozart. On reconnaît ses qualités d'instrumentiste et son autorité musicale. Instrumentalement et esthétiquement, il représente bien la génération du jazz des années 1980, tendant vers une reprise synthétique des phases successives de ce genre musical qui, sous certains aspects, est devenu classique. Parmi ses enregistrements citons, Think of One (1982), The Majesty of the Blues (1988), In this House, On this Morning (1994), The Midnight Blues (1997).
Le jeune prodige des années 1980 aurait pu, comme la plupart des musiciens de sa génération, se laisser séduire par le chant des sirènes du jazz rock. Fils d'Ellis, professeur et pianiste plus qu'estimable (qui le prénomma Wynton en hommage à Wynton Kelly), frère cadet d'un an de Branford, saxophoniste, virtuose lui aussi, Wynton Marsalis a choisi une autre voie, ou plutôt une double direction : il sera jazzman- et le revendiquera très fort- et concertiste classique. À quatorze ans, il joue le Concerto pour trompette de Haydn avec le New Orleans Symphony Orchestra, mais se fait aussi entendre dans les orchestres de jazz, de funk, quand il n'écoute pas les disques de Miles Davis, Louis Armstrong, Fats Navarro, Clifford Brown et Freddie Hubbard (ses influences majeures), quand il n'étudie pas la musique classique au New Orleans Center for Creative Arts, puis, en 1979, à la Juilliard School.
Engagé dans les Jazz Messengers d'Art Blakey où le rejoindra son frère, travaillant également dans le Booklyn Philharmonic, Wynton Marsalis s'intégrera l'année suivante au quartette composé d'anciens compagnons de Miles Davis : Herbie Hancock, Ron Carter, Tony Williams. Son style s'affermit au contact de ces géants qui encouragent le jeune homme, à l'allure très bon chic-bon genre, à enregistrer un premier disque stupéfiant de maturité. Conjonction de l'extension et du développement du be-bop, notamment par les changements d'accords, et du concept modal de l'improvisation, son jeu maîtrisé jusqu'à la perfection (on cherchera en vain les défauts) se conjugue avec un sens profond du swing (une bien particulière façon de phraser binaire sur une rythmique ternaire). Avec un son ample, clair, un peu cuivré, et des effets hérités de sa pratique de la musique classique, Marsalis (qui enregistrera les concertos de Haydn, Hummel et Leopold Mozart à Londres en 1982) impose sa forte personnalité, avec une assurance un peu hautaine, dans ses disques suivants.
Il y a, chez cette nouvelle star, une chaleur d'expression caractéristique des musiciens de La Nouvelle-Orléans dans ces sortes de dérives méditatives sur tempo lent ou ces atmosphères d'étranges sortilèges lorsque la fureur s'empare de lui. À la manière de Miles Davis dans les années 1960, il laisse longuement s'exprimer ses compères, tous solistes de haut niveau, le pianiste Marcus Roberts, le batteur Jeff « Tain » Watts. Il continuera à jouer avec des orchestres symphoniques en alternance avec son quartette, parfois augmenté d'un saxophoniste, comme ce fut le cas à la Grande Parade du jazz de Nice en 1988, où il obtint un véritable triomphe.