Stéphane Brizé
Cinéaste français (Rennes 1966).
Après des études scientifiques, Stéphane Brizé met en scène plusieurs pièces de théâtre avant de réaliser Bleu dommage, son premier court-métrage, en 1993. Il enchaîne avec un moyen-métrage, L’œil qui traîne (1996), qui remporte de nombreux prix dans les festivals. Suit le Bleu des villes, son premier long-métrage, sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs au festival de Cannes 1999. Avec cette histoire si belle d’une contractuelle qui « pète les plombs » et désire devenir chanteuse, voilà déjà posée la grande question qui structure et sous-tend l’œuvre naissante du jeune réalisateur : comment faire pour concilier ses sentiments, ses blessures, ses échecs, ses désirs, le réel et les rêves ?
En 2003, il réalise le Bel Instant, documentaire dont l’action se déroule dans un hôpital gériatrique, avant d’entamer la réalisation de son deuxième long-métrage, Je ne suis pas là pour être aimé, où, en confiant à des comédiens que le système médiatique a laissé quelque peu de côté, les rôles de petites gens dont on ne parle jamais, des laissés-pour-compte de la société – un huissier de justice fatigué et timide, une jeune femme effacée et soumise, danseuse de tango, un vieux bougon qui végète dans un hospice –, il réussit à tenir en haleine et à émouvoir, en tenant sa note singulière de délicatesse et d’exigence, de pudeur et de vérité, sans jamais tomber dans le pathos ou les bons sentiments. Patrick Chesnais, Anne Consigny, Georges Wilson sont ici particulièrement magnifiques. Le film, qui est sorti sur les écrans en octobre 2005, a d’ailleurs reçu un formidable accueil public et critique ainsi que trois nominations aux Césars 2006 dans les catégories « meilleur acteur », « meilleure actrice » et « meilleur acteur dans un second rôle ».
Entre adultes, son troisième long-métrage, est produit par Claude Lelouch et sort en février 2007. Une chaîne de douze couples, de douze scènes qui glissent de l’une à l’autre grâce aux notes claires et enfantines d’une mélodie de boîte à musique. Travail, humilité, honnêteté, et formidable direction d’acteurs caractérisent la façon de Stéphane Brizé. Y a-t-il un autre chemin pour accéder à la vérité du réel ? Pas de tours de passe-passe, pas de fioritures ni d’entourloupe ici ni dans le traitement du sujet ni dans la mise en scène, Stéphane Brizé ne nous berce d’aucune illusion. Comme son titre l’indique, ce film ne s’adresse pas aux personnes cotonneuses ou de peu de courage ni aux adeptes de courriers du cœur lénifiants et convenus, mais à des adultes. C’est une œuvre dure, cruelle. Le réalisateur filme là où ça fait mal. Comment s’aimer et continuer à s’aimer quand nos pulsions sont le plus souvent contradictoires ? Comment concilier besoin de sécurité et envie de liberté ? Comment concilier l’accord avec l’autre et avec soi-même ? « J’essaie d’être sincère, c’est foutrement difficile » disait Johan à Marianne dans Scènes de la vie conjugale, d’Ingmar Bergman. Avec Entre adultes, Stéphane Brizé a tourné ses scènes de la vie conjugale. C’est aussi fort, aussi implacable, aussi bouleversant.
En 2009, prolongeant avec finesse l'étude des sentiments et des non-dits amoureux, le cinéaste signe Mademoiselle Chambon, adaptation d’un roman d’Éric Holder, avec Vincent Lindon, Sandrine Kiberlain et Aure Atika.