Sinead O'Connor
Chanteuse de rock et de pop irlandaise (Dublin 1966-Londres 2023).
Les premières apparitions de Sinead O'Connor, avec son regard si plein de rage, en ont laissé sceptique plus d'un. L'Irlandaise tondue fut d'ailleurs généreusement affublée du désagréable surnom de « Skinhead O'Connor ». Mais à l'écoute de son premier album, The Lion & The Cobra (1988), même les plus réticents ont été forcés de lui reconnaître tous les talents. Voix translucide et énergique, de la même veine que celle de Kate Bush, instrumentation pop-rock héroïque, les vertus de la Jeanne d'Arc celte ne mirent pas longtemps à s'imposer. D'autant plus que la diva pop s'était jetée corps et âme dans un rôle de trublion au pays de l'ultracatholicisme. Tondue, Sinead O'Connor ? C'est parce que sa maison de disques lui reprochait des cheveux encore trop courts qu'elle s'est rasé la tête. Engagée ? Enragée, plutôt. Contre le doublé « macho-facho ».
Belle rebelle. Et la langue de Sinead O'Connor ne lui sert pas qu'à chanter. Elle dénonce, s'insurge, refuse l'hypocrisie du monde. Quitte à en subir les pénibles conséquences. Ainsi, en 1992, elle accumule les provocations ; elle refuse de chanter l'hymne américain lors d'un de ses concerts ; puis, elle déchire la photo du pape, sur un plateau TV, devant 50 millions d'Américains. En octobre de la même année, à New York, elle n'a pas le temps de chanter qu'elle est déjà huée par le public du Madison Square Garden venu fêter les trente ans de carrière de Dylan. Mais Sinead s'en moque. Et dans le même temps, ses albums se suivent sans se ressembler, si ce n'est dans l'exquise qualité (I Do Not Want What I Haven't Got, en 1990, Am I Not Your Girl ?, avec reprises de Marilyn Monroe, Billie Holiday et Sarah Vaughan, en 1993, et Universal Mother, en 1994). Des albums où elle tente d'expulser ses rancœurs et son passé d'enfant battue. Émouvant. En juin 1997, elle ne peut pas chanter à Jérusalem sous la pression des partis religieux juifs irrités par ses prises de position pro-palestinienne.