Scott Joplin

Pianiste et compositeur de ragtime américain (Texarkana, Texas, 1868-New York 1917).

Il débuta comme pianiste de bar dans le sud des États-Unis. Scott Joplin fut le premier musicien noir à prendre conscience du génie de son peuple. Il composa de très nombreux ragtimes, dont Maple Leaf Rag en 1899.

On pourrait comparer son destin à celui de son contemporain Charles Ives : à ceci près que la mort aura empêché Joplin de profiter de sa reconnaissance comme pionnier de la musique américaine, avec plusieurs décennies de retard. Fils d'un cheminot violoneux et d'une domestique qui grattait le banjo, il avait tout pour devenir un de ces bluesmen obscurs, voués à l'interprétation des folksongs du Texas. Mais l'accès au piano, qui à la fin du XIXe s. est devenu un « meuble » très répandu jusque dans les fermes, en décide autrement : quelques leçons gratuites d'un voisin allemand lui font découvrir les « classiques favoris » du romantisme, qui le hantera désormais sans lui faire oublier son patrimoine rural.

Pianiste itinérant, Joplin n'adopte pas pour autant les mœurs flambeuses et dissolues de ses confrères. Sa timidité, mais aussi son ambition l'amènent à se fixer, vers 1885, à Saint Louis, où il se perfectionne dans un collège méthodiste. Il participe activement à la vie musicale du Missouri, jouant du cornet et dirigeant un orchestre de danse. À peine a-t-il commencé d'écrire quelques romances qu'il est emporté par la fièvre du ragtime, qui balaie littéralement tous les autres genres de musique légère au tournant du siècle. Il s'associe avec un certain Johnny Stark, un petit fermier blanc devenu marchand de pianos, et qui sera désormais son éditeur. La première partition publiée, Maple Leaf Rag, est immédiatement un best-seller qui dépassera le million d'exemplaires dès la première année. Compositeur exigeant, il n'éditera en vingt ans que trente-trois ragtimes, chacun étant plus élaboré et ingénieux que le précédent. En 1907, il s'installe à New York et se consacre entièrement à la composition. Après un premier opéra malheureusement disparu- Un hôte d'honneur, 1903- il en entreprend un deuxième, moins exclusivement imprégné de ragtime : ce Treemonisha, qui est une sorte de Porgy and Bess avec trente ans d'avance, décrivant la vie spirituelle et affective des Noirs dans les plantations, est représenté à Harlem en 1915 aux frais du compositeur. La réaction du public est tellement indifférente que Joplin en mourra de chagrin dans un asile d'aliénés. Il faudra attendre les années 1970 pour que le compositeur de jazz Gunther Schuller- entièrement dévoué à la « réhabilitation » de Joplin- réussisse à faire de cette œuvre extraordinaire un des plus grands succès de Broadway.

Autres traces précieuses du génie de Joplin : ses rouleaux de piano mécanique, édités en disques par la firme Biograph, et le recueil de ragtime orchestrés Red Back Book.

  • 1903 The Ragtime Dance, ballet de S. Joplin.