Jean Sainte-Claire-Deville

Entomologiste français (Paris 1870-Paris 1932).

Jean Sainte-Claire-Deville appartient à une famille de scientifiques de haut niveau. Son grand-père paternel est le chimiste Henri Sainte-Claire-Deville, son grand-oncle un géologue renommé, et son père dirige le laboratoire de la Société du Gaz de Paris. Lui-même, malgré un goût précoce pour l'entomologie, prépare l'École polytechnique. Il y entre en 1889, puis suit les cours de l'École d'application de l'artillerie de Fontainebleau. Il devient lieutenant en 1892, et sera successivement en garnison à Rennes puis à Nice. Nommé capitaine en 1903, il est affecté au service des Forges à Saint-Dizier et au Creusot (1903-1906), avant de l'être à la Fonderie de Bourges. En 1909, il reprend le service actif et, après deux ans en garnison à Épinal, il entre au ministère de la Guerre à Paris. Quand éclate le premier conflit mondial en 1914, il part tout de suite pour le front. Blessé deux fois durant la guerre, il quitte l'armée en 1919 avec le grade de lieutenant-colonel. Il entre alors aux Mines domaniales de la Sarre comme ingénieur principal et directeur des laboratoires centraux.

Militaire, technicien, Jean Sainte-Claire-Deville est aussi et surtout un naturaliste. Sa première communication scientifique, qui a pour titre Chasses entomologiques à l'île de Jersey, remonte à 1889. Il n'a alors que dix-neuf ans, mais rêve déjà d'établir un catalogue « raisonné » des coléoptères de France. Cependant, ces insectes aux ailes antérieures en forme d'étuis cornés sont très nombreux (des centaines d'espèces rien qu'en France, et l'œuvre à accomplir est considérable. Dans les diverses régions de France où sa vie active l'appelle, Jean Sainte-Claire-Deville consacre tous ses efforts à cette entreprise méthodique.

En garnison à Nice de 1895 à 1903, il parcourt le sud-est de la France, depuis la Côte d'Azur jusqu'aux régions élevées des Alpes. Il prépare une étude sur la faune cavernicole des Alpes-Maritimes et accumule des notes devant servir à l'édition d'un « Catalogue des coléoptères de Provence » qui, faute de temps, ne verra jamais le jour. En revanche, il publie, entre 1906 et 1914, un Catalogue critique des coléoptères de la Corse donnant, en particulier, quantité de détails relatifs à l'origine des espèces de l'île ; il montre que la faune corse est très différente de celle de la France métropolitaine, et même de celle de la Provence, mais se rapproche de la faune de la Sardaigne, de l'île d'Elbe et de la Sicile.

Jean Sainte-Claire-Deville met à profit son séjour dans le centre de la France, entre 1903 et 1909, pour poursuivre ses recherches d'ensemble sur les coléoptères de l'Hexagone. En 1907 paraît le début de sa Faune des coléoptères du bassin de la Seine, étude à laquelle il apporte de nouveaux éléments lorsqu'il séjourne dans la région parisienne, entre 1911 et 1914. La guerre vient interrompre le cours de ses travaux mais, même durant le conflit, il parvient à enrichir ses connaissances sur les insectes, puisqu'il dresse une liste des captures de coléoptères faites… « sur la ligne du front ».

La paix revenue, il recommence à publier. Ses Études de zoogéographie (1921) témoignent de son intérêt pour les questions touchant l'origine, les migrations, la répartition des espèces, et montrent ce que l'étude des peuplements insulaires peut apporter comme éléments révélateurs à cet égard. Jean Sainte-Claire-Deville est donc l'un des précurseurs de la biogéographie actuelle.