Roberta Joan Anderson, dite Joni Mitchell

Poète, peintre, chanteuse, guitariste, pianiste et compositrice de folk-rock et de jazz canadienne (Fort McLeod, Alberta, 1943).

Cette Canadienne de naissance et Californienne d'adoption, dont plusieurs pochettes d'albums sont ornées de ses propres tableaux, est l'une des très grands artistes de la chanson nord-américaine, l'une des rares femmes à trôner aux côtés de Leonard Cohen ou Neil Young. Son œuvre, longuement mûrie, a été régulièrement enrichie par les rencontres et collaborations avec les plus prestigieux musiciens de rock et de jazz.

Du folk-song au jazz. Sa carrière débute dans les années 1960 dans les clubs et festivals de folk au Canada, en duo avec son premier mari, Chuck Mitchell. Joni s'installe à New York en 1967 et joue dans le circuits des bars folk. Elle est remarquée par l'ex-Byrds, David Crosby, qui devient son amant et produit son premier album, Song To A Seagull, en 1968, suivi de Clouds en 1969. On y découvre une chanteuse folk aux textes introspectifs, s'accompagnant à la guitare sèche. Mais, très vite, elle enrichit sa palette sonore avec le piano et le dulcimer. Ladies Of The Canyon (1970), qui contient le tube Woodstock (seul grand festival où elle ne se produisit pas !), et, surtout, le douloureux Blue (1970) l'élèvent au pinacle et assurent son succès critique et commercial.

En 1972, installée en Californie, elle inaugure (avec Jackson Browne) le nouveau label Asylum, fondé par David Geffen, aborde le folk-rock dans For The Roses, puis le rock dans l'audacieux Court And Spark, et crée son groupe Los Angeles Express, avec Tom Scott pour les tournées (le double album Miles Of Aisles en 1974). Elle termine les années 1970 avec des disques musicalement et lyriquement de plus en plus aventureux. Cette fois, tout en traitant les multiples facettes de la société américaine et de son mal de vivre (The Hissing Of Summer Lawns, 1975), ainsi que de son mal d'aimer (le sublime et intimiste Hejira, en 1976), elle se régénère dans le jazz. Accompagnée par des pointures comme Jaco Pastorius à la basse ou John Guerin à la batterie, elle ose un double album difficile, accompagné de percussions africaines (Don Juan's Reckless Daughter, 1978). En 1979, elle rend un hommage à Charlie Mingus, rencontré quelques mois avant sa mort.

Des étapes décisives où Joni Mitchell mène la chanson à des altitudes et une qualité inouïes.

Une écriture exigeante. Country, rock, folk, jazz et blues : tous ces styles parfaitement maîtrisés explosent en 1980 dans le double album public (et la vidéo) Shadows And Light, dans lequel Mitchell retrouve Pastorius, le saxophoniste Michael Brecker et l'aérien et lumineux guitariste Pat Metheny.

Hélas, dans les années 1980, la production de Mitchell, sera plus inégale, malgré une collaboration avec Peter Gabriel. Dans la décennie suivante, et désormais avec le concours du bassiste Larry Klein, qu'elle a épousé en 1982, la chanteuse retrouve la beauté d'une écriture exigeante, douloureuse et passionnée, et une production musicale plus sobre, en osmose avec ce « refuge des routes », un de ses thèmes récurrents, comme en témoigne la chanson ouvrant l'album Night Ride Home (1991). « Le seul amant que je n'ai jamais trahi » : ainsi cette femme souveraine décrit-elle son art. On ne saurait mieux dire….