Richard Bohringer
Acteur français (Paris 1941).
Conférant à ses personnages toute l'épaisseur d'une personnalité peu banale, entière et fragile à la fois, Richard Bohringer a imposé sa voix cassée et son physique balafré dans le cinéma français, en particulier dans les comédies dramatiques. Ce poète entré en cinéma presque par hasard a longtemps joué le rôle du méchant…
Fils d'une Française et d'un officier allemand, il grandit dans la France occupée, élevé par sa grand-mère. Jeune, il fréquente Saint-Germain-des-Prés et les boîtes de jazz. Ses idoles sont Charlie Parker, John Coltrane et Bud Powell. Curieux de toutes les transgressions – il avoue avoir tâté des drogues les plus dures –, il écrit des pièces de théâtre comme Zorglub (1966) et les Girafes (1967) ou des scénarios de films. Pour vivre, car il se définit comme écrivain, il tourne de petits rôles pour le cinéma : l'Italien des roses (1972), de Charles Matton, un peintre venu à la réalisation ; Martin et Léa (1978), d'Alain Cavalier, ou encore Inspecteur la Bavure (1980), de Claude Zidi. Le public le découvre véritablement dans le Dernier Métro (1980), de François Truffaut, et surtout dans Diva (1980), de Jean-Jacques Beineix, qui signe ici son premier film.
Sa carrière d'acteur va prendre le pas sur l'écriture. Bohringer tourne alors plus de trente films en sept ans. On peut citer Un mauvais fils (1980), de Claude Sautet, Cap canaille (1982), de Juliet Berto, qui évoque le milieu marseillais, et J'ai épousé une ombre (1983), de Robin Davis, un film sur la bourgeoisie bordelaise où il a pour partenaire Nathalie Baye. En 1985, il reçoit le César du meilleur second rôle pour l'Addition (1984), de Denis Amar, qui dépeint l'univers carcéral. Habitué aux seconds rôles, il joue ainsi auprès de Christophe Lambert dans Subway (1985), de Luc Besson, et de Nicole Garcia, Christophe Malavoy et Anémone dans Péril en la demeure (1985), de Michel Deville, où il fait merveille dans un rôle ambigu, avant de révéler sa vraie nature auprès d'Anémone, dans un rôle de père bourru au cœur tendre (le Grand Chemin, 1987, de Jean-Loup Hubert). Il tourne encore la Reine blanche, du même cinéaste, avec Catherine Deneuve, Une époque formidable (1991), de Gérard Jugnot, enchaînant jusqu'à plus de cinq films par an. Après la Lumière des étoiles mortes (1994), il retrouve Charles Matton en 1999 pour Rembrand Van Rijn.
Ses deux livres, C'est beau une ville la nuit (qu'il a porté à l'écran en 2006) et le Bord intime des rivières, confirment cet étonnant mélange de force et de vulnérabilité qui le rend si émouvant.
Romane (née en 1973 à Pont-Sainte-Maxence), sa fille, également comédienne de théâtre et actrice, a débuté à son côté dans Kamikaze (1986), de Didier Grousset, Ragazzi (1981), de Mama Kaïta, et l'Accompagnatrice (1992), de Claude Miller. Puis elle a pris son autonomie et s'est distinguée notamment dans les Nuits fauves (1992), de Cyril Collard, qui lui a valu le César du meilleur espoir féminin, puis dans Vigo : Passion for Life (1999), de Julien Temple.