Pierre Belon

Naturaliste et médecin français (Cérans, Sarthe, 1517-Paris 1564).

Né près du Mans, dans une famille modeste, Pierre Belon se fait remarquer très vite par d'exceptionnelles qualités intellectuelles et par son goût pour l'observation scientifique. Il est d'abord l'élève d'un apothicaire connu, puis il suit à l'université de Wittenberg, en Allemagne, les cours du botaniste Valerius Cordius, qu'il accompagne plus tard à travers l'Allemagne et en Bohême. En 1542, il devient l'apothicaire du cardinal de Tournon. Grâce à la générosité de ce mécène des arts et des sciences, il entreprend et mène à bien son grand voyage en Orient, de 1546 à 1549. De retour en France, il se fixe à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, où il écrit la plupart de ses ouvrages. Il effectue encore de nombreux voyages – en Angleterre, en Suisse et en Italie notamment. Le roi Charles IX lui donne un logement dans le petit château de Madrid, construit par François Ier dans le bois de Boulogne, près de Paris. C'est dans ce bois que Belon est mystérieusement assassiné un soir d'avril 1564. Il a quarante-sept ans.

Cet homme de la Renaissance, curieux de tout, est l'un des premiers voyageurs naturalistes. Il enrichit la science de son temps de nombreuses et précieuses observations sur les animaux et les plantes. En 1546, à une époque où les périples lointains sont longs et très périlleux, Pierre Belon entreprend un grand voyage en Orient dans le seul but de voir de près les substances médicamenteuses dont il a lu la description dans des ouvrages anciens. Au fil des étapes, ce voyage, qui le conduit notamment en Grèce, à Constantinople, en Asie Mineure, Égypte, Palestine et Syrie, se mue en une véritable expédition scientifique. Partout, Belon observe, se renseigne, prend des notes. Il ne s'intéresse plus seulement aux plantes, mais aussi aux animaux ; il étudie ceux qu'il ne connaît pas, les dessine et, le cas échéant, les dissèque ou s'arrange pour en rapporter un spécimen naturalisé. Sa curiosité s'étend à la géographie, aux modes de vie, mœurs et religions des habitants, aux ruines antiques, à l'agriculture, à la pêche et à la chasse, à la médecine, à la cuisine.

À son retour, il consigne le résultat de ses observations dans des ouvrages véritablement révolutionnaires pour l'époque : Histoire naturelle des étranges poissons marins, la Nature et diversité des poissons, Observation de plusieurs singularités et choses mémorables, Histoire de la nature des oiseaux, témoins de ses dons d'observation et de la profondeur de sa réflexion. Certes, il classe encore les poissons comme Pline l'Ancien, qui vivait au ier siècle de notre ère, mais il en décrit 175 espèces, alors que le naturaliste latin n'en dénombrait que 74. S'il range le dauphin parmi les poissons – comme d'ailleurs la loutre, le castor, le crocodile, le homard et même le lézard –, il constate que cet animal a des mamelles abdominales, mais au nombre de deux seulement, « à la manière des animaux à quatre pieds qui n'ont qu'un petit à la fois ». Il montre également que l'anatomie du cerveau du dauphin est proche de celle du cerveau humain.

Belon est, par ailleurs, l'un des premiers à entreprendre de classer les oiseaux de façon pertinente. Sa classification manque de rigueur scientifique, puisqu'elle se réfère tantôt aux mœurs, tantôt à l'anatomie, mais, comme il l'a fait pour les poissons, il apporte sur la gent ailée quantité d'informations très importantes et montre des analogies entre le squelette des oiseaux et celui de l'homme. Pour étudier leur mode d'alimentation, il ouvre d'innombrables jabots. Tout l'intéresse : la répartition géographique des oiseaux comme leurs migrations saisonnières (il est ainsi le premier à signaler que les cigognes passent l'hiver en Égypte et en Afrique du Nord).

Outre les poissons et les oiseaux, il évoque dans ses ouvrages de nombreux animaux qu'il a rencontrés au cours de ses voyages. Certains ne sont, à l'époque, connus en Europe que par de vagues descriptions et on les confond souvent avec des animaux fabuleux : ainsi, le rhinocéros, la panthère ou l'éléphant. Belon, lui, a acquis des connaissances plus précises. À Constantinople, il a vu des lions. Au Caire, il a admiré une girafe dont il fournit une bonne description. En Égypte, il a observé aussi certains gros singes, dont des babouins, dressés par des bateleurs. Les crocodiles du Nil, les caméléons, les gazelles et les chameaux ont retenu son attention.

Si son apport à la science dans le domaine de la botanique est très enrichissant, Belon s'intéresse aussi aux diverses utilisations des plantes (thérapeutique, alimentaire, technologique), aux procédés de culture et aux rendements. Son dernier ouvrage, Remontrances sur le défaut du labour et culture des plantes et de la connaissance d'icelles, cite les arbres exotiques qu'il serait utile, selon lui, d'introduire en France, et il invite le collège des médecins de Paris à fonder un établissement pour l'acclimatation des plantes étrangères. Le premier jardin botanique français n'est créé qu'en 1596, et à Montpellier, plus de trente ans après sa mort.

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