Philostrate l'Ancien

Sophiste grec, originaire de Lemnos (vers 165-vers 250 après J.-C.).

On connaît sous ce nom au moins deux auteurs des premiers siècles de notre ère.

Après avoir étudié auprès d'Antipater de Hiérapolis, le premier, qu'on désigne généralement sous le nom de Philostrate l'Ancien, aurait exercé à Athènes le métier de rhéteur avant d'enseigner à Rome où il fit partie du cercle de lettrés, médecins, sophistes et rhétoriciens, que Julia Domna, épouse de l'empereur Septime Sévère, avait réunis autour d'elle. C'est à la demande celle-ci qu'il rédigea une Vie d'Apollonios de Tyane en huit livres. En écrivant cette vie romancée d'un sage qui fut, de son vivant même, révéré comme un homme divin, Philostrate entendait présenter à la société païenne de son siècle un idéal de « syncrétisme religieux capable de satisfaire tout le monde, légitimant toutes les traditions locales, offrant néanmoins aux âmes avides d'une religion morale les enseignements les plus purs et les plus élevés, et aboutissant en dernière analyse à la suprématie de la philosophie néopythagoricienne professée par les beaux esprits du cercle impérial et à l'apologie du culte du Soleil, auquel la famille de l'impératrice présidait de longue date dans l'un des plus vieux sanctuaires de l'Orient » (A. Réville, "Le Christ païen du iiie s.", Revue des Deux Mondes, t. 59, 1865, p. 620-654).

Par ailleurs, outre un Héroïcos, des Vies des sophistes, ainsi qu'un Traité sur la gymnastique (Gymnasticos), deux textes de conférences (dialexis) et un ensemble de soixante-treize Lettres, nous sont parvenues, sous le nom de Philostrate et sous le titre commun d'Eikones (Images), deux séries de descriptions de tableaux ou, plus précisément de panneaux peints (pinakes), dont les scènes mythologiques sont censées orner les murs de la stoa (galerie) de la villa d'un hypothétique patricien de Naples. On s'accorde généralement aujourd'hui à retenir Philostrate l'Ancien comme l'auteur des seules soixante cinq premières de ces descriptions, et à attribuer les autres à un Philostrate le Jeune qui pourrait être le petit-fils ou le petit-neveu du premier. Héritières d'un genre devenu classique dans la littérature grecque depuis l'énumération par Homère des figures ornant le bouclier d'Achille, longuement évoquées dans l'Iliade, ces descriptions de tableaux (ekphrasis) exercèrent une grande influence sur l'iconographie de la Renaissance italienne (Titien, Raphaël, Jules Romain, le Rosso, Primatice, etc.)