Otis Redding
Chanteur de soul et de rhythm and blues américain (Dawson, Géorgie, 1941-1967).
Une voix à la fois puissante et plaintive, une présence exceptionnelle et un talent immense, Otis Redding est sans doute le plus grand chanteur de musique soul des années 1960. Ses deux influences majeures s'appellent Sam Cooke et Little Richard. C'est d'ailleurs dans la veine de ce dernier qu'il sort en 1958 et 1960, avec Johnny Jenkins à la guitare, ses deux premiers 45 tours : Tuff Enough /He's All Right et Gettin'Hip /Gamma Lama sur deux labels obscurs basés à Los Angeles. En 1961, sous le nom d'Otis And The Shouters, il grave un nouveau single, Fat Girl /Shout Bamalama, qui ne retient pas non plus l'attention du public. En attendant une éventuelle carrière solo, il écume les quatre coins des États-Unis avec le groupe Johnny Jenkins & The Pinetoppers, pour lequel il cumule les fonctions de chanteur, roadie et chauffeur.
La soul de Memphis. En 1963, lors d'une séance au studio Stax, à Memphis, il enregistre sous son propre nom — en compagnie du guitariste Steve Cropper, de l'organiste Booker T. Jones, du batteur Al Jackson et de Johnny Jenkins à la guitare — une de ses compositions, These Arms Of Mine. Ce sera sa première irruption dans un hit-parade (en 1963, à la 85e place) et, surtout, le début de sa carrière : devant ce succès inattendu, confirmé par le titre suivant (Pain In My Heart), la revue Stax l'adopte. Une revue qui parcourt les quatre coins du pays, et dont la principale attraction devient bientôt Otis Redding en personne. Partout où elle s'arrête, le public noir réserve un accueil de plus en plus enthousiaste à ce chanteur dont tout le monde commence à parler, aussi à l'aise dans les ballades que dans les tempos plus enlevés.
Le début de la gloire. Au début de l'année 1965, Otis est invité à se produire sur les légendaires planches de l'Apollo de Harlem, à New York. Un concert immortalisé sur l'album Apollo Saturday Night. En février, il réussit un doublé en classant les deux faces de son nouveau single dans les charts (Mr Pitiful, № 41, et That's How Strong My Love Is, № 74). Dès lors, la majorité de ses 45 tours caracolent en haut des hit-parades de musique noire (I've Been Loving You Too Long, № 2 ; Fa Fa Fa Fa Fa (Sad Song), № 12 ; Respect, № 4 ; I Can't Turn You Loose, № 11), ainsi que dans les classements de musique rock, habituellement réservés aux chanteurs blancs. Parallèlement, ses albums se succèdent au rythme de deux par an : Pain In My Heart et Otis Blue en 1965, Dictionary Of Soul et The Soul Album en 1966.
Otis en Europe. Le 30 mars 1966, Otis se produit sur les planches du Whiskey A Go Go de Los Angeles, moment immortalisé par le disque In Person At The Whiskey A Go Go (qui sortira en 1968). Après ce succès grandissant aux États-Unis, Otis se doit de venir conquérir le public européen. Le 10 septembre 1966, la salle de l'Olympia s'enflamme à deux reprises. L'émission télévisée anglaise Rock Steady Go lui consacre un numéro spécial le 16 septembre. Try A Little Tenderness, son nouveau single, profite pleinement de cet accueil triomphal. C'est un énorme hit. Début 1967, Otis Redding est de retour pour quelques dates en France et en Angleterre. Le 17 mars, toujours à l'Olympia, il partage l'affiche avec Sam and Dave, Booker T. and the MG's, Arthur Conley et Eddie Floyd. Dans la même période, Otis Redding enregistre en compagnie de Carla Thomas un album intitulé King & Queen : en résulte un nouveau hit, Tramp. Otis y reprend Shake en hommage à son compositeur, Sam Cooke, décédé le 11 décembre 1964. Les 16 et 18 juin 1967, Otis Redding est au programme du Festival de Monterey aux côtés des Who, de Janis Joplin et de Jimi Hendrix. C'est la consécration, car sa popularité dépasse désormais le public afro-américain. Il est aussi l'un des premiers artistes noirs à accéder à une telle notoriété.
« The Dock Of The Bay ». Le 7 décembre 1967, il enregistre sa plus belle ballade, (Sittin'On) The Dock Of The Bay, qui se hissera en tête des meilleures ventes au mois de janvier 1968. Ce sera un succès posthume, puisque l'avion qui emmenait Otis Redding et ses musiciens s'est écrasé dans un lac du Wisconsin le 10 décembre 1967. Malgré les nombreuses sessions auxquelles il avait participé, Otis Redding n'était qu'au seuil d'une immense carrière. Depuis sa disparition, les inédits et autres compilations ne cessent de remplir les bacs des disquaires.