Mohammad Nasir al-Din al-Tûsi

Philosophe, mathématicien et astronome persan (Tûs, Perse, 1201-Kadhimain, près de Bagdad, 1274).

D'origine persane, Nasir al-Din étudia les sciences religieuses et les « sciences de l'esprit » avec son père, le célèbre théologien chiite, Abou Jafar al-Tûsi (995-1067). Il accompagna le conquérant mongol Hülegü dans sa marche sur Bagdad, où il s'établit et où il devint l'un des savants les plus influents de l'empire ilkhanide et du monde arabe. Son activité s'est étendue à presque tous les domaines du savoir de l'époque : astronomie, mathématiques, minéralogie, philosophie (logique et éthique), théologie. On connaît de lui près de 150 traités et lettres, soit en persan, soit en arabe. En mathématiques, il fut le continuateur d'al-Khayyami, aussi bien en arithmétique, branche dans laquelle il travailla sur la théorie des nombres, qu'en géométrie, où il examina les cinq postulats d'Euclide et où il étudia les quadrilatères, démontrant des propriétés non euclidiennes de ceux-ci.

Mais c'est en trigonométrie, l'outil essentiel des astronomes anciens, que les contributions d'al-Tûsi sont les plus importantes. Il fit de cette discipline une branche des mathématiques indépendante et développa une théorie complète des triangles sphériques. Il tient également une place importante en astronomie. Il fit superviser la construction du premier observatoire, au sens moderne du terme, celui de Maragha, dans la province de l'Azerbaïdjan. De nombreux grands instruments devaient permettre à plus de dix astronomes prestigieux d'y observer les mouvements planétaires durant douze ans. On doit aussi à Nasir al-Din un système ingénieux de mouvements circulaires uniformes pour rendre compte des variations de distance de la Lune à la Terre (le couple d'al-Tusi) ; on retrouve ce système dans l'œuvre de Copernic sans que l'on sache comment celui-ci aurait pu connaître le travail de son prédécesseur.