Michelle Bachelet Jeria

Femme politique chilienne (Santiago 1951).

1. Militante socialiste et ministre

Fille d'un général d'aviation d'origine française, mort sous la torture pour sa fidélité à Salvador Allende, elle est elle-même arrêtée et torturée avec sa mère, Angela Jeria, en 1975 et contrainte de s'exiler en Australie et en Allemagne de l'Est. De retour au Chili en 1979, elle achève ses études de médecine et milite au sein du parti socialiste, dont elle est membre du Comité central (1995), puis du bureau politique de 1998 à 2000.

Nommée en 2000 ministre de la Santé par le président Ricardo Lagos, elle devient deux ans plus tard la première femme ministre de la Défense d'Amérique latine. Elle démissionne en 2004 pour se présenter à la prochaine élection présidentielle. Candidate de la « Concertation démocratique », une coalition réunissant démocrates-chrétiens, socialistes et radicaux formée dès 1983 en vue du rétablissement de la démocratie et au pouvoir depuis 1990, elle est élue 15 janvier 2006 avec 53,5 % des voix contre 46,5 % pour son rival, Sebastián Piñera, à la présidence du Chili.

2. Présidente du Chili

Investie le 11 mars, elle se fixe comme priorité la promotion des droits des femmes dans un pays encore très machiste ; elle instaure une stricte parité dans son premier gouvernement et encourage par diverses mesures leur accession au marché du travail ; et, dans une société marquée par le catholicisme, elle promeut le planning familial. Poursuivant la politique de « croissance avec équité » de ses prédécesseurs, elle s’emploie par des réformes ciblées de la prévoyance sociale – instauration d’une « protection intégrale de l’enfance » et des « retraites solidaires » notamment – à réduire la pauvreté et les profondes inégalités qui persistent.

Au plus bas à mi-mandat, sa popularité dépasse 80 % d’opinions favorables à la veille de l’élection présidentielle de décembre 2009-janvier 2010 à laquelle la Constitution lui interdit de se représenter pour un second mandat consécutif. Malgré les résultats obtenus après vingt ans de gouvernement de centre gauche, qui permettent au Chili d’être, en janvier 2010, le premier pays d'Amérique du Sud à être admis à l'OCDE, le scrutin est remporté par Sebastián Piñera Echenique, chef de file de la coalition de droite « Alliance pour le changement », face au candidat démocrate-chrétien de la « Concertation », Eduardo Frei Ruíz-Tagle.

À la tête de l'agence ONU Femmes de septembre 2010 à mars 2013, organisation créée le 2 juillet 2010 par l’Assemblée générale des Nations unies et chargée de « la lutte contre les inégalités entre les sexes et de l'autonomisation des femmes », Michelle Bachelet se déclare candidate à l'élection présidentielle de novembre et prend la tête d’une nouvelle coalition de centre gauche donnée gagnante, alors que le président sortant peine à enrayer la baisse de sa popularité. En dépit d'une forte abstention, l'ancienne présidente est réélue avec 62,17 % des suffrages devant la candidate de droite Evelyn Matthei (37,83 %) et entre en fonctions le 11 mars 2014.

En mars 2018, après une nouvelle victoire de la droite et de son candidat Sebastián Piñera, elle quitte le pouvoir après un second mandat marqué par des avancées sociales (dépénalisation partielle de l’avortement notamment), mais aussi par la contestation d’une partie de la jeunesse, une désillusion croissante – comme en témoignent la baisse de sa popularité et la hausse de l’abstention – et par un ralentissement économique du pays.

Pour en savoir plus, voir l'article Chili.