McCoy Tyner
Pianiste de jazz américain (Philadelphie 1938-New Jersey 2020).
Après des débuts en 1959 au sein du Jazztet de Benny Golson et Art Farmer, il rejoint l'année suivante le célèbre quartette de John Coltrane. En 1966, il se lance dans une carrière de soliste. Son utilisation des accords flottants et son jeu de la main gauche influenceront de nombreux pianistes. Parmi ses enregistrements, on peut citer : My Favorite Things (1960), Spiritual (1961), Song for my Lady (1972), Afro Blue (1973), In a Sentimental Mood (avec Sonny Rollins, 1978), Remember John (1991).
Descendant lointain de Tatum par son goût de la phrase parfois bouillonnante, Tyner présente quelques points communs avec deux autres pianistes : comme Bill Evans, il développe une conception modale du piano avec un toucher délicat dans l'interprétation des ballades ; comme Cecil Taylor, il possède une puissance et une netteté d'attaque qui lui confèrent (avec une main gauche dont il a relancé l'importance du rôle) une belle sonorité, ses mains parcourant l'étendue du clavier avec parfois des effets de clusters ponctuant la densité du discours.
En 1953, Tyner dirige une formation de jeunes musiciens, accompagne des solistes de passage, joue une première fois avec John Coltrane en 1956 et devient membre du Jazztet en compagnie de ses leaders, le trompettiste Art Farmer et le saxophoniste Benny Golson. C'est en 1960 que Coltrane le sollicite de nouveau pour son quartette, qu'il quittera en 1965 ; pendant ce temps, il aura été l'élément régulateur au sein d'un univers en fusion, installant pour le saxophoniste un climat d'envoûtement propice aux nappes sonores, cris et chuchotements que celui-ci exprimait avec fureur. À côté de la contestation rythmique permanente du batteur Elvin Jones, il apporta une autre respiration, plus calme, plus sereine, une force et une certitude traduites par la sûreté et la maîtrise de son accompagnement et de ses solos (recherche de la simplicité, mélodies amples).
Comme Coltrane, il vivra une passion mystique ; converti à l'Islam, il prendra le nom musulman de Saud Sulaiman. Ensemble, ils enregistreront plus de vingt disques pour Impulse. Tyner partira lorsque Coltrane décidera de s'adjoindre un deuxième batteur : « entre Elvin (Jones) et Rashied (Ali), il m'était très difficile d'entendre », donnera-t-il comme prétexte.
Après son départ, il enregistre chez Blue Note quelques disques dans lesquels il semble chercher à se débarrasser de la tutelle coltranienne, de trouver une nouvelle voie ; il accompagne Ike et Tina Turner et prend un nouveau départ en 1972 avec le disque Sahara en compagnie du saxophoniste Sonny Fortune et du batteur Alphonse Mouzon. Il devient une vedette de premier plan, remporte le prix du meilleur disque 1973 avec Enlightenment dans lequel sa musique explose de joie et de sensualité. Par la suite, il fait appel au percussionniste Guilherme Franco, intégrant plus souvent des éléments musicaux d'Afrique ou d'Orient.
Au début des années 1980, Tyner oriente son répertoire vers la relecture des standards et autres classiques du be-bop dans un style plus modéré.