Mathieu Kassovitz
Réalisateur français (Paris 1967).
Mathieu Kassovitz affirme volontiers que, si ses parents avaient été boulangers, il aurait fait le même métier. Mais, fort heureusement pour le cinéma français, son père – dont les parents étaient rescapés d'un camp de concentration –, ayant fui la Hongrie en 1956, est devenu réalisateur de documentaires militants et de fictions télévisées ; quant à sa mère, elle est monteuse de cinéma !
Le jeune Mathieu apprend le métier en les regardant et en participant à l'un des films de son père comme comédien, à l'âge de onze ans. Il devient ensuite assistant, puis réalise son premier court métrage à vingt-trois ans : Fierrot le pou (1990). Deux autres suivent, qui le font remarquer et lui permettent de diriger son premier long métrage, Métisse (1992). Le succès n'est pas au rendez-vous, mais il y gagne une réputation d'acteur et joue dans Regarde les hommes tomber, de Jacques Audiard, qui lui vaut le César du jeune espoir masculin. En 1995, caméra à l'épaule, il tourne la Haine, film vérité sur l'univers des banlieues. Soutenu par un slogan choc, « Jusqu'ici, tout va bien », ce film rencontre un accueil enthousiaste, auprès tant du public – près de deux millions de spectateurs en France – que des critiques. Sa projection est parfois mouvementée, car les jeunes de banlieue viennent s'y voir et conspuent les policiers à l'écran… Kassovitz est aux anges : « Secouer les gens est une fonction du cinéma » (Première, 1997). Il reçoit d'ailleurs le prix de la mise en scène, à Cannes. Fort de ce succès, il réalise en 1997 Assassin(s), œuvre proche du style de Scorsese. Mais ce film, qu'il avoue avoir écrit très vite – l'acteur Michel Serrault, l'un des personnages principaux avec Kassovitz, avait peu de temps devant lui –, reçoit un accueil mitigé.