Lech Kaczyński
Homme d'État polonais (Varsovie 1949-près de Smolensk 2010).
Juriste, il se spécialise en droit du travail à Gdańsk avant de rejoindre, avec son frère jumeau Jarosław, la contestation anticommuniste dans les années 1970. Proche des grévistes des chantiers navals, il devient, en 1980, conseiller du Comité de défense des ouvriers (KOR) et de Solidarność (Solidarité), premier syndicat libre dans le communiste. Le général Wojcieh Jaruzelski, le considérant comme comme « élément antisocialiste », le fait interner pendant plusieurs mois après avoir décrété la loi martiale le 13 décembre 1981. L. Kaczyński participe aux négociations historiques du printemps 1989 et apporte, lors de la première élection démocratique libre en décembre en 1990, son soutien à Lech Wałęsa. Sénateur (1989-1991), député (1991-1993, 1997-2001, 2001-2005), président de la Cour des comptes (1992-1995), il est ministre de la Justice dans le cabinet Buzek (2000-2001), avant de conquérir la mairie de Varsovie en 2002. Avec son frère Jarosław, il fonde, en 2001, le parti Droit et Justice (PiS), proche de la droite catholique, antieuropéenne et conservatrice, et dont l'objectif prioritaire est l'instauration d'une ive République dans laquelle les pouvoirs du président seraient renforcés. Candidat à l'élection présidentielle du 23 octobre 2005, il prône une « révolution morale » bannissant l'euthanasie, l'avortement, le mariage homosexuel et la légalisation des drogues. Il promet de « décommuniser » les structures de l'État et d'édifier une « Pologne solidaire », soucieuse de protéger les laissés-pour-compte de la transition. Grâce à ce thème de campagne, il remporte le scrutin présidentiel avec 54,04 % des suffrages face à son adversaire du parti de centre droit Plateforme civique (PO), Donald Tusk. En juillet 2006, contrairement à l'engagement pris pendant la campagne électorale, il nomme son frère Jarosław Premier ministre, les deux jumeaux concentrant désormais tous les pouvoirs entre leurs mains. Mais le succès électoral de la PO aux élections législatives anticipées du 21 octobre 2007 contraint le président à accepter une cohabitation avec le gouvernement libéral de D. Tusk et à reléguer ses projets de révolution morale, de décommunisation et de ive République.
Dès son arrivée au pouvoir, L. Kaczyński, bien qu'eurosceptique, veut placer de la Pologne, après de longues années d'absence sur la scène internationale, au centre du jeu européen, nourrissant le désir de constituer un contrepoids à l'Allemagne, avec laquelle les relations sont toujours marquées par le souvenir de la Seconde Guerre mondiale. Après avoir longtemps refusé de signer le texte du traité de Lisbonne, le président appose finalement sa signature le 10 octobre 2009. Plaidant pour un rééquilibrage de l’Union européenne vers l’Est, il participe au rapprochement de la Pologne avec l'Ukraine, la Lituanie, et la Géorgie, où il se rend dès le début de la crise russo-géorgienne en signe de solidarité (août 2008). Il plaide également pour une véritable politique européenne de l'énergie, susceptible de protéger les nouveaux États membres contre les pressions de leur principal fournisseur, la Russie, pays avec lequel il entretient des relations empreintes de méfiance. Le 10 avril 2010, alors qu'il se rendait à Katyn, à l'ouest de Smolensk, pour une cérémonie d'hommages aux 26 000 Polonais, civils et militaires, assassinés en avril 1940 sur ordre de Staline, son avion s'écrase. Il périt dans cet accident ainsi qu'une partie importante de l'élite politique, militaire et religieuse polonaise.