Konrad Lorenz

Konrad Lorenz
Konrad Lorenz

Éthologiste autrichien (Vienne 1903-Altenberg, Basse-Autriche, 1989).

Il a étudié le comportement des animaux dans leur milieu naturel, montrant notamment l'importance de la notion d'empreinte. Parti de l'observation patiente et minutieuse de certains oiseaux, il en est venu à s'interroger sur l'homme et son devenir en tant qu'espèce sociale. Ses travaux ont contribué au développement de l'éthologie .

Vers l'âge de six ans, la lecture d'un livre de Selma Lagerlöf, le Merveilleux Voyage de Nils Holgersson à travers la Suède, lui inspire le désir de devenir une oie sauvage ou, à défaut, d'en posséder une. Ses parents lui refusent l'oie mais lui donnent un caneton et divers autres animaux à élever. Son père, chirurgien orthopédiste de grande réputation, a fait construire une vaste maison entourée d'un grand jardin. Ainsi, le jeune Konrad dispose d'espace pour loger ses pensionnaires, parmi lesquels figurent aussi bien des chiens que des salamandres. Bientôt, le jeune homme s'intéresse tout spécialement aux choucas, ces petits corvidés noirs qui fréquentent volontiers cheminées et vieux murs. Il observe leurs mœurs et note leurs habitudes sur des carnets.

Pour faire plaisir à son père, il accepte d'entreprendre des études de médecine, et il passe sa thèse de doctorat à Vienne en 1928. Entre-temps, il continue à observer les oiseaux. Il écrit même une étude sur les mœurs des choucas, qui paraît dans le prestigieux Journal für Ornithologie publié à Leipzig. Les travaux d'Oskar Heinroth et de sa femme sur les comportements innés des oiseaux, dont il prend connaissance à cette époque, lui inspirent des commentaires enthousiastes : « Vous rendez-vous compte, écrit-il à Heinroth, que vous êtes véritablement le fondateur d'une science, en l'occurrence de la psychologie animale comme branche de la biologie ? » Il va lui-même contribuer à asseoir les bases de la nouvelle science par divers articles, dont le premier est le Compagnon dans la vie de l'oiseau, paru en 1935.

Après avoir enseigné la psychologie générale à l'université Albertus de Königsberg, alors en Prusse-Orientale, de 1937 à 1940, K. Lorenz est mobilisé et devient médecin dans l'armée allemande. Fait prisonnier par les Russes en 1944, il ne reviendra en Autriche que quatre ans plus tard. Il rapporte une cage, bricolée par lui, dans laquelle se trouve un étourneau qu'il a apprivoisé. Après son retour, il écrit des ouvrages de vulgarisation qui connaissent un très grand succès dans divers pays : l'Homme qui parlait aux mammifères, aux poissons et aux oiseaux et Tous les chiens, tous les chats.

Après avoir travaillé pendant quelque temps à Altenberg, K. Lorenz devient codirecteur du département d'éthologie comparée de l'Institut Max-Planck, qu'il a créé en 1951 à Buldern (Westphalie). Directeur, à partir de 1961, de l'Institut Max-Planck de Seewiesen, près de Munich, il reçoit en 1973 le prix Nobel de physiologie ou médecine, avec deux autres spécialistes du comportement animal, N. Tinbergen et K. von Frisch. La même année, il revient définitivement chez lui, à Altenberg. Il continue à observer les animaux et à écrire. Dans les dernières années de sa vie, il apporte son soutien et se joint aux défenseurs de l'environnement et de la nature.

K. Lorenz a ouvert des voies de recherche nouvelles. Homme intuitif, guidé par son amour des animaux, il a étudié ceux-ci dans leur milieu et non en laboratoire comme on le faisait alors le plus souvent. Il a démontré que le comportement de chaque espèce est partie intégrante de son « équipement pour la survie et la reproduction » et que des communautés animales, telles celles des oies cendrées ou des corneilles, ont une vie sociale riche et subtile, avec des rituels bien établis et des comportements guidés, comme chez les humains, par l'affection, la rivalité, l'ambition hiérarchique... Ses découvertes sur la psychologie des animaux l'ont conduit à se pencher sur celle des hommes (l'Agression, 1963 ; Essais sur le comportement animal et humain, 1965) et à s'inquiéter des menaces que le comportement humain fait peser sur l'espèce (les Huit Péchés capitaux de notre civilisation, 1973).