Kevin Rudd
Homme politique australien (Nambour, Queensland, 1957).
1. Ministre des Affaires étrangères (2001-2005)
Issu d'un milieu modeste du Queensland, ce sinologue entre en 1981 au ministère des Affaires étrangères, où il effectue un début de carrière de diplomate qui le conduit à Stockholm et à Pékin. Chef de cabinet du Premier ministre travailliste du Queensland, Wayne Goss, à partir de 1989, il est nommé par ce dernier secrétaire général du gouvernement en 1992, et reste à ce poste – le plus haut de la fonction publique de cet État – jusqu'à la défaite des travaillistes en 1995. Il se lance alors en politique et essaie de conquérir le siège de député fédéral de Griffith, qu'il décroche après un premier échec puis un passage dans le privé deux ans plus tard en 1998. Dès lors, il se fait remarquer au sein du parti travailliste dont il gravit les échelons, pour devenir ministre des Affaires étrangères du gouvernement fantôme de 2001 à 2005.À ce titre, il redéfinit les principes de sa formation, mettant en avant les « trois piliers » que sont le soutien des Nations unies, l'engagement en Asie et l'alliance avec les États-Unis, ce qui ne l'empêche pas de s'opposer à la politique de John Howard en Iraq – recueillant de facto reconnaissance et popularité auprès de l'opinion.
2. Leader du parti travailliste et Premier ministre (2006-2010)
Leader du parti travailliste depuis décembre 2006, ce partisan de la troisième voie remporte les élections fédérales du 24 novembre 2007. Son gouvernement fait la part belle aux femmes et aux minorités : le poste de vice-Premier ministre, en charge de l'Éducation et du Travail, échoit à sa comparse plus marquée à gauche, Julia Gillard, tandis que Penny Wong, premier membre du cabinet se voit confier l'Eau et le Climat. L'Environnement et le Patrimoine national sont attribués à Peter Garrett, ancien chanteur du groupe de rock Midnight Oil.
À peine investi le 3 décembre, K. Rudd effectue son premier déplacement officiel à Bali, pour se rendre à la conférence internationale sur le climat, où, de façon symbolique, il ratifie le protocole de Kyoto. En février 2008, il présente, au nom du gouvernement, des excuses aux Aborigènes dans une déclaration de repentance qui fait date. Suivent des mesures d'aide aux fermiers pour combattre la sécheresse qui continue à sévir dans le pays, des plans de lutte contre l'inflation et de réduction des dépenses publiques, des baisses d'impôts, un projet d'assouplissement de la loi sur le travail, des initiatives en faveur du développement des infrastructures, de l'éducation, des hôpitaux, de l'accès à la propriété et des sans-abri…
La création d'un secrétariat d'État à la région Pacifique annonce le renforcement des liens avec les États voisins, mais dans le cadre d'une relation apaisée qui privilégie le développement et la lutte contre les trafics et le terrorisme ; les relations avec la Chine ne souffrent guère des incidents survenus dans le Tibet au début de l'année 2008. Enfin, bien que favorable à la poursuite de l'alliance avec les États-Unis – conformément à ses promesses électorales –, le nouveau Premier ministre notifie le prochain désengagement militaire de l'Australie en Iraq, sans toutefois revenir sur l'implication logistique sur place ni sur la présence des troupes en Afghanistan.
Contre les milieux d'affaires, Kevin Rudd défend un programme de réduction de l'émission des gaz à effet de serre et de développement des énergies renouvelables ; ce programme trouve dans les grands incendies qui ravagent l'État de Victoria en février 2009, à l'issue d'une septième année consécutive de sécheresse, une justification dramatique. Par ailleurs, son gouvernement doit faire face aux conséquences du retournement brutal de la conjoncture internationale qui se fait jour à l'automne 2008 et renouer avec l'initiative et la dépense publiques. Les dizaines de milliards de dollars (australiens) des excédents budgétaires passés lui permettent de prendre une série de mesures d'urgence destinées à pallier le ralentissement de l'activité et à contrer la hausse du chômage : soutien apporté au secteur automobile sinistré et aux personnes âgées (décembre 2008), puis aide à l'investissement (infrastructures, logement, santé, éducation) et aux ménages les plus fragiles (février 2009). Non sans succès : de fait, l’Australie, également aidée par le maintien de la demande internationale en matières premières, évite la récession et affiche en 2009 une enviable 19e année consécutive de croissance (+ 2,7 %). Mais les sources de gabegie et les effets pervers des différents plans de relance écornent la popularité du gouvernement et de son chef ; ce dernier déçoit en ne parvenant pas à faire passer son plan de réduction des émissions de CO2 (par deux fois rejeté au Sénat).
3. À nouveau ministre des Affaires étrangères (2010-2012)
Son style en définitive autocratique achève de mécontenter une large partie des électeurs, qui lui retirent leur confiance dans les sondages en 2010. Pressé par ses collègues de parti alarmés par cette chute spectaculaire de popularité, K. Rudd est contraint en juin de démissionner de sa double casquette de chef du gouvernement et de leader des travaillistes, au profit de sa seconde, Julia Gillard. Fixées par cette dernière au 21 août 2010, les élections anticipées donnent aux deux grands partis – travaillistes et libéraux – 72 sièges chacun (sur 150) et un Parlement sans majorité définie (« hung parliament »). Les tractations qui s’ensuivent avec l’unique élu vert et les indépendants aboutissent finalement à prolonger le cabinet sortant, et à former une nouvelle coalition de gouvernement. De ce fait recentré, et comptant parmi ses membres le député réélu Kevin Rudd (nommé aux Affaires étrangères), l’exécutif dirigé par J. Gillard se donne les moyens de pouvoir durer, loin se cantonner à un simple et court intérim. Et malgré des dissensions initiales entre le ministre et sa chef à propos de l’intervention internationale en Libye (mars 2011), soutenue par l’un et d’abord rejetée par la seconde, l’attelage perdure, plus que jamais attentif aux demandes des grands acteurs et partenaires asiatiques (Chine, Japon, Inde, Indonésie) et américains.
Mais les controverses qu’elle suscite dans l’opinion et le style de la chef de gouvernement tout comme l’usure du pouvoir valent à J. Gillard une cote de popularité atone, toutes choses qui réveillent tensions et ambitions au sein du parti, Dans la perspective des élections générales de 2013, K. Rudd décide dès la fin de 2011 de disputer à J. Gillard, dont la cote de popularité est atone, la responsabilité de mener la future campagne ; après des mois de tensions internes puis de conflit ouvert, le 22 février 2012, il démissionne de son poste de chef de la diplomatie du pays.
4. Bref intermède au poste de Premier ministre (2013)
Le 26 juin 2013, alors que plupart des sondages donnent Julia Gillard perdante face aux conservateurs lors des prochaines législatives, les parlementaires travaillistes confient le leadership de leur formation à Kevin Rudd. Nommé Premier ministre après la démission de sa rivale, J. Gillard, ce dernier, après avoir procédé à un vaste remaniement du gouvernement, annonce dans l'urgence toute une série de mesures visant à court-circuiter les arguments de campagne des conservateurs et durcit la politique migratoire du pays ; trop tardives, ses annonces n'empêchent pas le parti de perdre le pouvoir à l'issue du scrutin de septembre ; K. Rudd démissionne après avoir reconnu sa défaite.
Pour en savoir plus, voir l'article Australie : histoire.