Louis Joubin

Naturaliste français (Épinal 1861-Avrillé, Maine-et-Loire, 1935).

Docteur ès sciences naturelles en 1885, il entre la même année comme préparateur à la station de biologie marine de Banyuls-sur-Mer, près de la frontière espagnole. C'est là que se précise sa vocation de naturaliste océanographe. Il poursuit néanmoins en même temps des études de médecine et obtient, en 1888, son diplôme de docteur avec une thèse sur « la morphologie comparée des glandes salivaires ». Après avoir été professeur, puis doyen de la faculté des sciences de Rennes, il devient titulaire d'une chaire au Muséum national d'histoire naturelle en 1903. Il est nommé, en 1911, professeur de biologie marine à l'Institut océanographique fondé par le prince Albert de Monaco, dont il sera l'un des collaborateurs les plus actifs. Il dirige cet institut de 1933 à sa mort, en 1935. Les croisières du prince lui ont fourni la matière de nombreux travaux sur la faune des grandes profondeurs, jusque-là mal connue faute de moyens d'investigation vraiment appropriés.

Les observations faites par L. Joubin sur les céphalopodes soulignent le caractère singulier de ces animaux exclusivement marins, au nombre desquels figurent la pieuvre, le calmar et la seiche. Leur tête est entourée ou surmontée d'une couronne de bras, ou tentacules, souvent munis de ventouses qui leur servent à saisir leurs proies ou à se cramponner solidement à des rochers. Leur cerveau est proportionnellement le plus développé chez les invertébrés, et leurs yeux offrent bien des ressemblances avec ceux des vertébrés. Ils ont la faculté de changer brusquement la coloration de leur peau pour l'adapter à la teinte des objets les entourant, ou pour effrayer leurs adversaires. L. Joubin a découvert un grand calmar (près de 3 mètres de long) « dont la peau est entièrement couverte d'écailles solides qui forment une véritable cuirasse à la bête ». Il a observé par ailleurs que, dans une famille de céphalopodes, les ventouses des tentacules sont transformées en un filet destiné à capturer les petits animaux du plancton ; chaque filet est formé d'un réseau de filaments gluants sortant des cupules situées le long de gigantesques tentacules que le céphalopode agite lentement autour de lui ; quand les filets sont assez chargés de petites proies, l'animal les porte à sa bouche.

L. Joubin a aussi beaucoup étudié les némertes (ou némertiens), vers plats au corps très allongé (jusqu'à 30 mètres de long). Il s'est surtout intéressé à ceux des grandes profondeurs. Par ailleurs, il a publié de nombreux ouvrages de vulgarisation, dont la Vie dans les océans, le Fond de la mer et les Métamorphoses des animaux marins. Il a également établi plusieurs cartes de répartition de divers animaux marins, dont celle des coraux constructeurs de récifs. (Académie des sciences, 1921.)