John Key
Homme politique néo-zélandais (Auckland 1961).
1. Leader du parti national
Originaire d'une famille modeste d'immigrants, il acquiert une formation de comptabilité et de commerce et s'enrichit dans la banque d'affaires, en particulier à Singapour et à Londres. Il y acquiert une réputation de redoutable habileté et même l’appellation d’« assassin souriant ». Recruté par le parti national en 2001 pour son savoir-faire, ses idées libérales et son abord très affable, ce symbole du self-made man, élu depuis 2002 d'une circonscription d'Auckland, devient le leader de sa formation à la fin de 2006.
2. Premier mandat de Premier ministre (2008-2011)
Moins de deux ans plus tard, alors que la conjoncture internationale s'assombrit et que la récession se profile dans le pays, il remporte les élections générales et succède à Helen Clark comme Premier ministre. Disposant d'une confortable majorité relative de 59 sièges à l'Assemblée, il compose un gouvernement de coalition s'appuyant sur les partis conservateur ACT (Association des consommateurs et des contribuables), centriste Avenir uni, et maori.
Son programme – plus sécuritaire que celui des travaillistes – entend néanmoins poursuivre la politique qu'ils ont menée tout au long de la décennie : baisse des impôts, notamment sur les sociétés (mais relèvement de la TVA), aide aux chômeurs, investissements publics dans les infrastructures mais réduction générale de la place de l’État… Les excédents budgétaires accumulés lui permettent, en outre, de lancer un plan de relance plutôt axé sur l’offre et la compétitivité du pays (en particulier le soutien à l’innovation).
Mais les handicaps structurels dont souffre la Nouvelle-Zélande limitent sa marge de manœuvre et dégradent significativement les comptes publics. La dépendance de l'île envers le commerce mondial et, notamment, l’importance des exportations agricoles la placent dans une situation de faiblesse dans le contexte international de contraction des échanges et de baisse des prix alimentaires qui découle de la crise de 2008-2009. Toutefois, la diminution des taux d’intérêt, les incitations fiscales, la politique de dérégulation ainsi que des coupes budgétaires, contrebalancées par la mise en œuvre de grands chantiers (communications, santé, éducation, innovation), permettent de cantonner la baisse de l’activité à 3,3 % du PIB en 2009 et à faire durablement repartir la croissance dès 2010.
Celle-ci, fragile, se trouve « ébranlée » par les tremblements de terre à répétition qui frappent la seconde ville du pays, Christchurch, à partir de septembre 2010 et jusqu’en décembre 2011, faisant 181 victimes, une vingtaine de milliards de dollars néo-zélandais de dégâts, et amputant d'un point et demi la hausse du PIB (plafonné de fait à 1,3 %) en 2011. L’empathie manifestée par le chef du gouvernement lors de ces désastres et du coup de grisou qui tue 29 mineurs en novembre 2010 redonnent à ce dernier une popularité que le soutien contesté qu'il affiche pour le président égyptien Hosni Moubarak au temps du « printemps arabe » (2011) n’entame finalement guère.
3. Second mandat (2011-2014)
Le Premier ministre sortant aborde la campagne des élections générales de fin novembre 2011 avec une avance confortable sur son rival travailliste Phil Goff, et est facilement reconduit à son poste : son parti conserve les 59 sièges qu’il détenait au Parlement et augmente de plus de deux points son score, à près de 47,3 % des voix. Toujours avec l’appoint des députés maoris et des partenaires centristes d’ACT et d’Avenir uni, John Key prolonge de trois ans la coalition qui soutient son action.
Dès lors se poursuit la politique de réduction du déficit budgétaire, d’incitations fiscales et d’investissements publics destinée à soutenir la croissance. Elle présente désormais une orientation beaucoup moins favorable à la protection de l’environnement (refus d’entrer dans le protocole de Kyoto II fin 2012, révision à la baisse des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre du pays à l’été 2013, autorisation de la prospection pétrolière et gazière au large des côtes). À l’inverse, l’équipe en place s’emploie à accompagner la libéralisation de la société (adoption du mariage homosexuel au début de 2013).
4. Troisième mandat (depuis septembre 2014)
Crédité de la bonne conjoncture de l’archipel (réduction des déficits et croissance soutenue, de 2 à 3 % par an), il ne pâtit guère de la controverse suscitée par l’arrestation à Auckland en janvier 2012, à la demande des autorités de Washington, du fondateur du site de téléchargement illégal Megaupload, Kim Schmitz, appelé Dotcom. Relâché très vite, ce dernier fonde deux ans plus tard un parti Internet qu’il associe à une formation maorie pour concourir aux élections générales de septembre 2014. Éclipsant par ses attaques l’opposition traditionnelle de travaillistes par ailleurs en proie aux dissensions internes, il devient vite l’objet d’une campagne de dénigrement, dont John Key tire tout le bénéfice. Le Premier ministre candidat obtient en effet aisément un troisième mandat à la tête du pays : son parti National, qui remporte 47 % des suffrages et 60 sièges frôle de peu la majorité absolue et reconduit sa coalition avec les petites formations alliées, cependant que ses principaux adversaires, du Labour comme du tout nouveau Mana Internet, mordent la poussière – les uns en reculant encore en sièges comme en voix, et les autres en n’arrachant que 1 % des suffrages et en se voyant refuser tout accès à la tribune parlementaire… Dès lors, J. Key a les coudées franches pour poursuivre sa politique de libéralisation de l’économie, engageant un programme de nationalisations partielles de compagnies d’État et approfondissant les liens entre l’archipel et ses grands voisins, comme Pékin ou Séoul. Il œuvre de même pour faire aboutir le projet de traité transpacifique défendu par Washington. L’activité, soutenue en 2014 (3,5 %), n’en ralentit pas moins nettement l’année suivante, impactée par le ralentissement de l’économie chinoise.
À peine réélu, il lance également un processus participatif portant sur la nature du drapeau national, dont le nouveau symbole devrait être défini à la fin 2015, à l’issue d’un référendum populaire. Et il dépêche au début 2015 quelque 150 hommes auprès la coalition internationale chargée de combattre l’État islamique en Iraq.
Pour en savoir plus, voir l'article Nouvelle-Zélande.