John James, dit Jean Charest
Homme politique canadien (Sherbrooke 1958).
1. Ministre d'État
Avocat, député de Sherbrooke (de 1984 à 1998 au Parlement fédéral d'Ottawa et depuis 1998 à l'Assemblée nationale du Québec), il est propulsé à la vice-présidence de la Chambre des communes en 1984, poste qu'il occupe jusqu'en 1986, quand, à 28 ans, il est nommé ministre d'État à la Jeunesse dans le cabinet conservateur de Brian Mulroney, ce qui fait de lui le plus jeune membre du conseil exécutif de l'histoire du pays.
Il devient ensuite ministre à la Condition physique et au Sport amateur (1988-1990) puis ministre de l'Environnement (1991-1993), et enfin vice-Premier ministre en charge de l'Industrie et des Sciences (juin-octobre 1993), dans l'éphémère gouvernement de Kim Campbell. À ces divers titres, il participe aux négociations du lac Meech (1988) ainsi qu'à celles qui, bien plus tard, en 1997, donneront le jour au protocole de Kyoto.
Aux élections de 1993, il est l'un des deux rescapés du parti progressiste-conservateur dont il a cherché au préalable à prendre la direction contre Kim Campbell. Cette dernière ayant démissionné à la suite du désastre électoral, Jean Charest est placé aux commandes de ce qui reste de cette formation et s'emploie à la redresser (19 % des suffrages, 20 sièges en 1997) tout en militant activement pour le non au référendum sur la souveraineté québécoise de 1995.
2. À la tête du parti libéral du Québec
En 1998, il cède aux pressions qui l'enjoignent à quitter la scène politique fédérale pour prendre la tête du parti libéral du Québec (PLQ, une formation politique provinciale de centre droit) et mettre un terme au leadership souverainiste sur la province. Aux élections générales de novembre 1998, les libéraux gagnent plus de voix mais moins de sièges que le Parti québécois dont Jean Charest devient dès lors le principal opposant.
En avril 2003, il porte sa formation à la victoire et, soutenu par une majorité absolue à l'assemblée, est nommé Premier ministre du Québec. Il met alors en œuvre un programme de réduction de la dette qui implique des coupes vite impopulaires dans les dépenses et les services publics.
3. Premier ministre du Québec
Aux élections générales de mars 2007, la percée de l'Alliance démocratique du Québec du populiste Mario Dumont taille des croupières à l'opposition du Parti québécois, ce qui permet au Premier ministre sortant, malgré l'absence de majorité absolue au Parlement, d'être reconduit à la tête de la province – et, une première depuis 1878, de former un gouvernement réduit minoritaire, de surcroît pour la première fois paritaire.
En décembre 2008, arguant de la nécessité, par temps de crise économique, de donner à l’exécutif provincial une assise législative politique stable, il convoque des élections générales anticipées que sa formation remporte ; fort dorénavant d'une majorité certes courte mais absolue à l'assemblée, il devient le premier chef de gouvernement québécois depuis les années 1950 à pouvoir mener un troisième mandat consécutif.
À ce titre et pour contrer les menaces qui pèsent dès lors sur la province (dette colossale, ralentissement de l’activité, chômage plus élevé que la moyenne fédérale), il lance de grands programmes destinés à exploiter les ressources immenses du territoire : ainsi du projet de la Romaine ou l'installation de quatre centrales électriques géantes sur la rivière du même nom en 2009 ; du « Plan Nord », visant à mettre en valeur les ressources minières et énergétiques de la région (plus de 80 milliards sur 25 ans, avec 20 000 emplois par an à la clé – moyennant toutefois l’accord des populations autochtones), en 2011 ; et entre-temps, de l’aide fournie à la prospection du gaz de schiste, abondamment présent le long du Saint-Laurent. Ce qui ne va pas sans susciter des mouvements de protestation qui témoignent un peu plus du fossé grandissant séparant la population québécoise dans son ensemble et un chef de l’exécutif usé par le pouvoir, décrédibilisé par une série de scandales affectant des membres de son cabinet, et tombé de fait à 13 % d’opinions favorables.
La décision qu’il prend en mars 2011 d’augmenter de 75 % sur cinq ans les frais d’inscription universitaire lui est fatale. Dès l’automne 2011 et plus encore au début 2012, elle déclenche une puissante vague de protestation étudiante, appelant les jeunes à la grève et les portant par milliers dans les rues. Le raidissement du Premier ministre face à ce qui devient rapidement un « printemps érable », la répression des manifestations, les mesures extraordinaires et lois dites liberticides qu’il fait voter à cet égard au Parlement ainsi que son jeu du pourrissement de la situation ne lui valent en rien l’adhésion de la population : J. Charest perd son pari de remporter les élections anticipées qu’il convoque pour septembre 2012.
Battu dans sa circonscription, il échoue – certes de peu – à faire arriver à nouveau son mouvement en tête et doit laisser la gestion des affaires provinciales à la chef du Parti québécois, Pauline Marois. Dans la foulée, il démissionne de la présidence de sa formation et annonce son retrait de la vie politique.
Pour en savoir plus, voir l'article Histoire du Québec.