Johannes Gensfleisch, dit Gutenberg

Johannes Gutenberg
Johannes Gutenberg

Imprimeur allemand (Mayence entre 1397 et 1400-Mayence 1468).

Universellement connu pour l'invention de la typographie, il a permis l'avènement du livre imprimé et a été l'un des artisans de la révolution culturelle qu'a connue l'Europe à la Renaissance.

De l'orfèvrerie à l'imprimerie

Johannes Gensfleisch tire son surnom de Gutenberg d'une maison à l'enseigne de « À la bonne montagne », Zu Guten Bergen en allemand. Son père, riche orfèvre, exerce à Mayence la fonction de maître des Monnaies auprès de l'archevêque local. Le jeune Johannes peut ainsi s'initier au traitement du métal sous toutes ses formes. Il se prépare à exercer lui-même le métier d'orfèvre à Mayence, lorsqu'un conflit entre ceux qui détiennent le pouvoir municipal et les corporations d'artisans l'oblige à quitter la ville en 1428.

Il s'installe alors à Strasbourg, où sa présence est attestée en 1434. Dans cette ville, il cherche à se faire une place parmi les orfèvres jaloux de leur monopole. Il expérimente ainsi, avec trois associés, de nouveaux procédés pour la taille des pierres précieuses, puis, vers 1437, pour la fabrication des miroirs. À une date impossible à déterminer, il décide d'utiliser ses talents de travailleur du métal pour la reproduction de textes et met au point une technique entourée du plus rigoureux secret, mais que l'on peut identifier avec le procédé de composition à l'aide de caractères mobiles en métal. Des témoignages de la fin du xve siècle font effectivement remonter la découverte de la typographie par Gutenberg vers 1440.

Le procédé imaginé par Johannes Gutenberg consiste à fondre des caractères métalliques, mobiles et par conséquent réutilisables à volonté, permettant d'imprimer un texte à l'aide d'une presse. Avec un poinçon d'acier, on imprime une lettre en creux dans un petit bloc de cuivre ; dans cette matrice est introduit un alliage de métaux en fusion (plomb, étain, antimoine) afin d'obtenir le nombre nécessaire de caractères. L'assemblage ligne à ligne de différents caractères compose une page d'écriture. On peut ensuite imprimer à l'identique et à moindre coût autant d'exemplaires de la page que l'on veut.

Fort simple dans son principe, cette technique n'en est pas moins révolutionnaire à l'époque de son invention. L'emploi de caractères mobiles, réutilisables et interchangeables, permet d'imprimer des livres en série, à la différence du procédé de gravure sur bois alors en usage

Le génie de l'invention de Gutenberg est la conception d'ensemble d'un processus de travail comportant successivement la confection de moules, la coulée de caractères en alliage de plomb, l'assemblage de ces caractères, la fabrication d'une encre et l'impression sur papier.

La Bible de Gutenberg

Revenu à Mayence en 1448, Gutenberg perfectionne son invention et, en 1450, s'associe avec Johann Fust sous la raison sociale Das Werk der Bücher. En 1455, Fust intente un procès à Gutenberg, lui réclamant la restitution des sommes versées lors de son installation, pour non-paiement des intérêts convenus. La perte de ce procès prive Gutenberg de son matériel et aussi, très vraisemblablement, de sa première œuvre, terminée cette année-là : la fameuse Bible latine en deux colonnes, dite « à quarante-deux lignes » ou Bible de Gutenberg, dont il subsiste aujourd'hui 48 exemplaires sur les quelque 200 qui auraient été publiés. En 1457, Fust s'associe avec Peter Schöffer, qui a appris la technique de Gutenberg, et imprime le Mainzer Psalterium (Psautier de Mayence), à l'aide de caractères fabriqués, en même temps que ceux de la Bible à quarante-deux lignes, pour l'impression d'un ouvrage encore plus important, peut-être un missel.

Une reconnaissance universelle

Tandis que son ancien associé utilise avec profit ses presses, Gutenberg crée un nouvel atelier, qui se spécialise dans l'impression administrative. En 1465, l'archevêque de Mayence, Adolphe II de Nassau, l'anoblit et l'accueille dans sa résidence d'Eltwill, en lui allouant une rente annuelle en nature. Il meurt à Mayence trois ans plus tard, le 3 février 1468, au terme d'une vie de recherche qui l'a fait entrer dans l'histoire. Le livre imprimé va désormais accélérer la diffusion des idées et favoriser, en Europe, la révolution culturelle de la Renaissance.