Johann Joachim Quantz
Compositeur et flûtiste allemand (Oberscheden, Hanovre, 1697-Potsdam 1773).
Né dans la famille d’un maréchal-ferrant, il apprend très jeune une douzaine d’instruments ; dès l’âge de dix-neuf ans, il est premier hautbois de l’orchestre royal de Dresde (l’orchestre de chambre du fameux Auguste II le Fort). Avec le Français P. G. Buffardin (v. 1690-1768), il travaille la flûte, dont il deviendra par la suite un des plus grands virtuoses. Il prend des leçons de composition avec des maîtres d’envergure comme J. D. Zelenka (1679-1745), J. G. Pisendel (1687-1755), F. Gasparini (1668-1727), mais étudie aussi par lui-même toutes les œuvres accessibles des grands musiciens, selon son propre témoignage. Au service de la Cour, il se déplace à travers toute l’Europe ; il est l’objet des propositions les plus flatteuses (c’est ainsi que Händel veut le garder à Londres), mais il les refuse toutes. Jouissant déjà à la cour de Saxe de conditions très exceptionnelles, il est engagé en 1741 par le jeune roi Frédéric II à la cour de Prusse avec un contrat probablement unique en son genre : 2 000 thaler de traitement annuel à vie, des honoraires supplémentaires lui étant versés pour toutes les compositions et pour les leçons données au roi, avec en outre la garantie d’indépendance à l’égard des musiciens de l’orchestre royal et de leur chef. Quantz accompagne le roi au cours de ses campagnes et de ses voyages et séjourne jusqu’à la fin de sa vie à Potsdam et à Berlin. Pendant la brève maladie qui causera sa mort, le roi lui-même s’occupera de lui avec le médecin attaché à sa personne. Un mariage malheureux avec la veuve du corniste A. Schindler n’avait pas amélioré son caractère plutôt rude et peu engageant.
Le catalogue des œuvres de Quantz demeure difficile à établir, tant il est imposant. À côté de quelques rares compositions vocales, le musicien a laissé des centaines de concertos ainsi que des centaines de compositions de musique de chambre pour son instrument favori et celui de son royal protecteur, la flûte traversière. Il est essentiellement tributaire du concerto de type vivaldien, mais se réfère à plus d’un endroit à des éléments stylistiques français. Il a travaillé au perfectionnement du jeu de la flûte, mais aussi à l’amélioration de sa facture, notamment par l’introduction d’éléments mobiles pour changer l’accord et par l’adjonction de clefs. Son traité Versuch einer Anweisung, die Flöte traversiere zu spielen (1752, Essai sur la manière de jouer la flûte ; réimpression en fac-similé à Kassel en 1953) est un des plus importants de la musique au xviiie s. : Quantz y prône la fusion des styles italiens, français et allemands et l’idéal de la « vocalité » dans toute invention musicale ; familier de l’esthétique baroque, il est pourtant orienté vers l’idéal de la musique classique.