Jean Cabut, dit Cabu

Carburant, par Cabu
Carburant, par Cabu

Dessinateur français de bandes dessinées (Châlons-sur-Marne 1938-Paris 2015).

C'est en 1954 que les premiers dessins de Cabu paraissent dans la presse. En 1960, il intègre l'équipe d'Hara-Kiri, le « journal bête et méchant » nouvellement créé par le Professeur Choron. Il collaborera par la suite à Charlie Mensuel, puis à Charlie Hebdo. Souvent liés à l'actualité politique, ses dessins vont bientôt se peupler de figures pittoresques, mais pas toujours sympathiques. Ainsi le personnage du Beauf, archétype d'un Français moyen raciste, militariste, râleur et n'aimant pas les jeunes, se met à hanter ses planches (Mon beauf, 1976). Selon l'époque, le personnage évolue (jusqu'à devenir le « nouveau beauf » dans les pages du Canard enchaîné) mais reste une mise en garde constante contre la bêtise et l'intolérance.

Parallèlement à cette veine « adulte », Cabu crée en 1962 dans Pilote un potache sympathique, qui, dans une chronique de la vie lycéenne, se nourrit des souvenirs de son créateur (le Grand Duduche, 1967). Après 1968, le personnage se fait critique de la société, puis devient franchement contestataire (→ événement de mai 1968). Il apparaît toujours par intermittence dans les dessins de Cabu, éternellement opposé au Beauf. Autre personnage, créé dans Charlie Mensuel en 1969, Catherine est une version féminine et délurée de Duduche (le Journal de Catherine, 1970).

Entre bande dessinée et dessin de presse, le style de Cabu se prête à la caricature, genre dans lequel il excelle. Mme Pompidou, François Mitterrand (et son « beauf », Roger Hanin) ainsi que Jacques Chirac sont parmi ses plus célèbres victimes. Si ses caricatures laissent parfois entrevoir une certaine tendresse pour ses modèles, il est en revanche sans pitié dans ses charges contre le Front national et Jean-Marie Le Pen (le Gros Blond avec une chemise noire, 1987 ; le Retour du gros blond, 1998).

À partir de 1982, Cabu sévit principalement dans le Canard enchaîné et dans Charlie Hebdo, ressuscité en 1992. Il s'est, de plus, essayé avec bonheur à un genre difficile, le journal de voyage, avec, entre autres, Cabu en Amérique (1990) et Cabu au Japon (1993), recueils d'illustrations prises sur le vif. En 2006, l'Hôtel de Ville de Paris lui a rendu hommage en lui consacrant l'exposition « Cabu et Paris ». Cabu a par ailleurs participé à l’édition anniversaire 2010 du Petit Larousse en illustrant des mots de la langue française.

Il est assassiné le 7 janvier 2015 lors d'un attentat au magazine Charlie Hebdo.