Jean-Baptiste, dit Toots Thielemans

Toots Thielemans
Toots Thielemans

Harmoniciste, guitariste et compositeur de jazz belge (Bruxelles 1922-2016).

Enfant accordéoniste, il adopte la guitare grâce à la découverte de Django Reinhardt, puis l'harmonica à l'écoute des disques de Larry Adler. Après la guerre, il se retrouve aux États-Unis, est engagé par Benny Goodman, puis entre dans le prestigieux quintette du pianiste George Shearing. Il commence alors à côtoyer les plus grands solistes, de Lester Young à Bill Evans… Il collabore ensuite avec Quincy Jones, participe à de nombreuses musiques de films et poursuit sa carrière entre Belgique et États-Unis, entre pop music et jazz. Virtuose incontesté de l'harmonica dont il réussit à faire un instrument « de jazz », il siffle en s'accompagnant à la guitare, au jeu solidement ancré dans le bop. Il est le compositeur de la valse Bluesette, qui connut un immense succès dans les années 1960. Parmi ses enregistrements, citons Affinity (1978), sous la signature de Bill Evans, et Live in Netherlands (1980).

Les accords, c'est ce qui a toujours fasciné le plus Jean-Baptiste Thielemans : enfant accordéoniste converti à la guitare par la découverte de son compatriote Django Reinhardt- qu'il suit pas à pas dans les rues de Bruxelles- et à l'harmonica par l'écoute des disques de Django avec Larry Adler et de Max Gueldray avec Ray Ventura. Après la Libération, la révélation du be-bop lui donne des ailes, mais, chahuté par les amateurs de jazz en Europe, il renonce pour longtemps à y jouer de l'harmonica en public. Invité à New York par un oncle d'Amérique, il joue au Birdland, notamment avec le Charlie Parker All Stars. Engagé le temps d'une tournée par Benny Goodman puis Dinah Washington, il devient dans les années 1950 le guitariste du prestigieux quintette de George Shearing. Il se trouve ainsi propulsé dans l'« aristocratie » du jazz, côtoyant en tournée Lester Young, Count Basie, Stan Getz, Sarah Vaughan… Le pianiste britannique lui fait aussi connaître Bill Evans, avec qui il enregistrera un de ses plus beaux disques, Affinity (1978). Dans les années 1960, il vit quelque temps en Suède, où il joue régulièrement avec Svend Asmussen et N.H.Ø.P. Il commence à siffler en s'accompagnant à la guitare, ce qui lui permet de remporter un immense succès avec l'une de ses rares compositions, Bluesette (1963) : une valse « bluesy » improvisée un soir avec Stéphane Grappelli, en se souvenant d'un chorus de Cannonball Adderley…

Peu après, Thielemans commence à collaborer avec Quincy Jones, dont il devient le soliste favori, et participe à de nombreuses musiques de films (Midnight Cowboy, Salut l'Artiste …) ou de télévision pour la chaîne ABC. Ensuite, sa vie est un va-et-vient perpétuel entre les États-Unis et la Belgique, la pop et le jazz : il accompagne Paul Simon et Peggy Lee, enregistre avec Dizzy Gillespie, Oscar Peterson, Joe Pass, Zoot Sims, J.J. Johnson, Philip Catherine, et l'accordéoniste brésilien Sivuca. En 1979 débute une amitié très prolifique avec Jaco Pastorius, puis il joue de plus en plus avec son propre quartette.

Personnage débonnaire d'un enthousiasme juvénile, collectionneur d'histoires coquines, passionné par la vie et par l'harmonie plus encore que par l'harmonica, Toots est sans doute le plus « transatlantique » des musiciens de jazz, traduisant sans effort sa gouaille bruxelloise en jive new-yorkais. Né le même jour (mais vingt-trois ans plus tard) que Duke Ellington, il sait aussi magnifiquement transposer tout son orchestre à la guitare. Maître incontesté de l'harmonica chromatique, il a eu à ce titre peu de vrais disciples (si ce n'est le Brésilien Mauricio Einhorn).

Toots Thielemans
Toots Thielemans