Hugo Maurice Julien Claus

Écrivain belge d'expression néerlandaise (Bruges 1929-Anvers 2008).

Rédacteur à la revue expérimentale Tijd en Mens (1949-1953), Hugo Claus participe, alors qu’il est à peine âgé de 20 ans, au mouvement avant-gardiste Cobra, qu’il contribue à lancer. Sa poésie commence par explorer l'inconscient à travers des thèmes érotiques (Tancredo infrasonic, 1952 ; Poèmes d'Oostakker, 1955). Cette première période, également riche en romans bruts et réalistes, où se lit l’influence de William Faulkner (le Metsier, 1950 ; la Chasse aux canards, id. ; Jours de canicule, 1952 ; l'Homme aux mains vides, 1956), et en pièces de théâtre expressionnistes (Andréa ou la Fiancée du Matin, 1956 ; Sucre, 1958), est interrompue par une période de réflexion sur le rôle de l'écriture et le sens de l'engagement. Claus donne ensuite deux romans baroques (l'Étonnement, 1962 ; À propos de Dédé, 1963). Vers la fin des années 1960, il traduit et adapte des auteurs dramatiques classiques et étrangers (Sénèque, Büchner, Lorca) et donne à ses thèmes personnels une forme dramatique, soit au cinéma, où il écrit le scénario de The Knife (Fons Rademakers, 1961), soit au théâtre (Vendredi, 1970 ; Dent pour dent, id.).

Son œuvre, qu'elle soit poétique (Cavalier peint, 1961 ; Monsieur Sanglier, 1971), romanesque (la Honte, 1972 ; l'Année du cancer, id. ; le Chagrin des Belges, 1983) ou théâtrale (le Désir, 1978), ne cesse dès lors plus, à travers un burlesque amer, de mettre violemment en question toutes les conventions esthétiques et les hypocrisies sociales, qu'incarnent notamment à ses yeux la famille et l’Église. Le Chagrin des Belges, son œuvre maîtresse et son plus grand succès public, se situe durant la Seconde Guerre mondiale, sous l’Occupation, et décrit le développement social et psychologique d'une famille populaire flamande au caractère lâche, ritualiste, baroque et mythique. En signant par la suite des récits alliant sa soif d'absolu et son anticonformisme coléreux (les Gens d'à côté, 1985 ; Une douce destruction, 1988 ; l’Espadon, 1989 ; Belladonna, 1994 ; la Rumeur, 1996 ; le Passé décomposé, 1998 ; le Dernier Lit, id.), Hugo Claus s’imposera comme l’un des plus importants écrivains néerlandophones de son temps. Souffrant de longue date de la maladie d’Alzheimer, il a demandé et obtenu qu’on provoque sa mort par euthanasie. Également peintre et cinéaste (Cri et connaissance, 1964 ; Speelmeisje, 1968 ; Vrijdag, 1981 ; Leeuw van Vlaanderen, 1985 ; le Sacrement, 1990 ; De Verlossing, 2001), il a été couronné par le Prix des lettres néerlandaises en 1986.