Henri le Navigateur
Prince portugais (Porto 1394-Sagres 1460).
Fils du roi Jean Ier, il se distingue dans la lutte contre l'islam, lors de la prise de Ceuta (1415). Poussé par des mobiles religieux, économiques et scientifiques, il va animer toute sa vie une sorte de croisade personnelle visant à repousser l'influence musulmane et, surtout, à tenter de tourner les itinéraires tenus par l'islam pour joindre l'Inde ou le royaume mythique du Prêtre Jean. Le prince s'établit donc à Sagres, près du cap Saint-Vincent, au-dessusd'une petite baie où seront construits les navires de l'exploration. Il appelle auprès de lui des cosmographes, des cartographes, des ingénieurs navals et obtient le soutien financier de l'ordre du Christ.
Après la redécouverte de Madère, atteinte en 1419, la mise au point de la caravelle apporte l'outil indispensable à la nouvelle navigation, qui va conduire aux grandes découvertes. Leur préface sera cette méticuleuse descente le long des côtes occidentales de l'Afrique, dans des zones que la géographie mythique du Moyen Âge couvrait d'eaux bouillonnantes ou de monstres affreux. Le cap Bojador est dépassé en 1434, le cap Blanc en 1441. Un nomade, fait prisonnier dans ces parages, donnera au prince de précieux renseignements sur le Sahara, les confins de l'Afrique noire et le trafic de l'or dans ces régions.
Les années qui suivent voient l'amorce d'un trafic d'esclaves, qui, plus que l'or, cherchera à rentabiliser l'entreprise d'Henri le Navigateur et qui sera d'ailleurs approuvé par le pape en 1454. En 1445, Dinis Dias pénètre dans l'embouchure du Sénégal : aux rivages arides succède un monde verdoyant piqueté d'arbres énormes, les baobabs. Peu à peu, les navigateurs portugais constatent que le rivage africain s'oriente vers le sud-est, notamment avec le voyage de Ca'da Mósto, qui atteint la Gambie en 1456. À la mort du prince, en 1460, le but suprême est bien défini et semble tout proche : il s'agit d'ouvrir une route nouvelle vers l'Inde. En fait, il faudra attendre encore 28 ans pour que l'extrémité de l'Afrique soit dépassée par Bartolomeu Dias, en 1487.