Carleton Gajdusek

Neurologue et virologiste américain (Yonkers 1923-Tromsø 2008).

Son père est un immigré slovaque d'origine modeste, sa mère, la fille d'immigrés hongrois d'un milieu très cultivé. Très jeune, il se passionne pour les sciences et projette d'embrasser la carrière médicale. De 1940 à 1943, il étudie la physique, la chimie, les mathématiques et la biologie à l'université de Rochester, tout en éprouvant un vif intérêt pour l'embryologie. Il gagne ensuite la Harvard Medical School, où il étudie la physique et la chimie des protéines et obtient, en 1946, son doctorat en médecine. En 1948 et 1949, il travaille avec Linus Pauling au California Institute of Technology, avant de se spécialiser en pédiatrie. Appelé en 1951 à travailler comme virologiste au sein des services de santé de l'armée américaine, dans le cadre de ses obligations militaires, il séjourne à Téhéran en 1952 et 1953. Il étudie alors les différentes maladies infectieuses sévissant de façon endémique en Iran, en Afghanistan et en Turquie. En 1958, il est nommé à la tête des laboratoires de recherches virologiques et neurologiques des Instituts nationaux américains de la santé. S'intéressant aux problèmes médicaux auxquels sont confrontées certaines populations d'Amérique du Sud ou d'Afrique, il est le premier à établir un lien entre le kuru – une affection épidémique neurodégénérative mortelle observée au milieu des années 1950 dans une peuplade de Nouvelle-Guinée – et une coutume traditionnelle consistant à consommer collectivement le cerveau des morts. Il avance l'hypothèse que ces lésions neurodégénératives pourraient être dues à une nouvelle classe d'agents pathogènes transmissibles, les « virus lents ». Ces travaux lui valent en 1976 le prix Nobel de physiologie ou médecine, qu'il partage avec B. S. Blumberg. Des recherches ultérieures démontreront qu'il ne s'agit pas de virus, mais de protéines, auxquelles on donnera le nom de prions ; ces agents pathogènes transmissibles sont notamment responsables de la maladie de Creutzfeldt-Jakob et de l'encéphalopathie spongiforme bovine (ou « maladie de la vache folle »).

En 1996, il est arrêté par le FBI, à la suite d'une plainte pour des abus sexuels commis en 1987 à l'encontre d'un mineur de 15 ans originaire de Micronésie. Il plaide coupable et est condamné à dix-neuf mois de prison. Sa réputation s'en trouve quelque peu ternie, mais, malgré cette affaire, il restera jusqu'à la fin de sa vie en relation étroite avec de très nombreuses personnalités de la communauté scientifique internationale.