Fridtjof Nansen
Explorateur norvégien (Store-Fröen, près d'Oslo, 1861-Lysaker 1930).
L'approche du pôle Nord par les courants
Après des études de zoologie, Nansen effectue, avec cinq compagnons, la traversée de la calotte glaciaire du Groenland en 1888 d'E. en O. vers le 65e parallèle et hiverne sur la côte, à Nuuk (Godthab). Il observe l'évolution du genre de vie des Esquimaux et dénonce alors les désastreux résultats de leurs contacts avec les Européens. Pour poursuivre l'étude des régions polaires, Nansen imagine ensuite d'utiliser la nature elle-même : l'existence de courants importants affectant la banquise a été démontrée par l'immense trajet qu'un navire américain (la Jeannette de De Long) a effectué après avoir été pris par les glaces sur la côte nord-est de la Sibérie, ses débris parvenant jusqu'au Groenland. Pour Nansen, un navire destiné à être porté par les glaces, et non disloqué par elles, pourrait être utilisé comme station scientifique afin de se rapprocher du pôle. Le succès de sa traversée du Groenland lui permet d'obtenir les subventions avec lesquelles il fait construire le Fram (« En avant », en norvégien), dont le fond arrondi et la structure robuste avaient été calculés pour résister à la pression des glaces. Il quitte Oslo à bord de ce bateau en juin 1893 et il gagne l'archipel de la Nouvelle-Sibérie, puis se fait donc volontairement prendre par les glaces dans la mer de Kara, par 77° 44' de latitude. Mais en seize mois, il ne progresse que de 360 milles en direction du nord-ouest, pour atteindre en mars 1895 la latitude de 84° 57'. Avec un compagnon, Hjalmar Johansen, Nansen part alors en traîneau vers le nord et atteint la latitude de 86° 14', le 8 avril 1895 : personne n'a encore approché le pôle d'aussi près. Mais la fonte des glaces l'oblige à rebrousser chemin et à entreprendre un dur hivernage dans l'archipel François-Joseph, où il vit de la chasse aux ours. Il est recueilli, en juin 1896, par un explorateur anglais, F. G. Jackson (1860-1938).
L'œuvre d'un pacifiste
Il fait ensuite des observations océanographiques, puis se consacre à la politique : il prend une part active à la séparation de la Norvège d'avec la Suède en 1905. Après la Première Guerre mondiale, il tourne toute son activité vers les entreprises humanitaires. Ce pacifiste part, pour le compte de la Société des Nations (S.D.N.), encore en gestation, en U.R.S.S. (1920) et parvient à organiser le retour de 500 000 prisonniers. De 1921 à 1924, il dirige l'organisation Nansen d'aide aux réfugiés et fait établir le passeport Nansen (1922), qui permettait aux réfugiés de s'installer dans le pays qui avait délivré le document. Son nom a été donné au seuil compris entre le Svalbard et le Groenland. Le prix Nobel de la paix lui a été décerné en 1922 et a été décerné à l'Office international Nansen pour les réfugiés en 1938.