Paul Henri Fischer

Naturaliste français (Paris 1835-Paris 1893).

Il serait peut-être inconnu aujourd'hui s'il n'avait perdu son père à l'âge de trois ans et si sa mère ne s'était remariée avec un docteur en médecine qui lui donna le goût de l'étude et des sciences. Dans le domicile bordelais où il passe son enfance et son adolescence, ce petit Parisien de naissance trouve une collection de coquillages appartenant à son beau-père. C'est en l'admirant, en la rangeant, puis en la complétant par ses propres recherches que le jeune garçon développe son goût pour l'étude des mollusques (malacologie).

Il renonce à la carrière commerciale à laquelle on le destine, résolu à devenir médecin. Et, tout en menant de brillantes études au lycée de Bordeaux, il profite de ses jours de congé pour explorer la campagne environnante et mener ainsi ses premières recherches d'histoire naturelle. Il a tout juste seize ans quand la Société linnéenne de Bordeaux lui décerne sa médaille d'argent pour ses travaux sur la faune malacologique terrestre et fluviatile de la Gironde, car, dès cette époque, il a découvert des espèces encore inconnues dans sa région.

À dix-huit ans, il retrouve Paris, sa ville natale, où il poursuit ses études de médecine. D'abord interne des hôpitaux, il est reçu docteur en 1863. Mais, entre-temps, il est devenu préparateur au Muséum d'histoire naturelle et, repris par sa passion, n'exerce jamais vraiment la médecine. Il devient ensuite aide-naturaliste, tenant la chaire de paléontologie, puis est élu successivement : président de la Société géologique et de la Société zoologique de France. Mais, plus qu'à ces titres, c'est à ses explorations et à ses découvertes qu'il doit sa renommée.

Grâce à lui, on apprend à distinguer et à classer les mollusques en fonction de leurs caractères anatomiques, et non plus d'après la seule apparence de leur coquille. À la suite de dragages dans la fosse de Capbreton (golfe de Gascogne), il démontre que les êtres marins se répartissent non seulement géographiquement, mais aussi en profondeur. Ainsi peut-on retrouver dans les profondeurs froides d'une mer chaude la même espèce observée à la surface d'une mer nordique. Cette découverte est lourde de conséquences pour les paléontologistes et les géologues qui cherchent à dater les fossiles : s'ils sont différents, ce n'est pas forcément parce qu'ils ne sont pas de la même époque, mais peut-être parce qu'ils proviennent d'animaux évoluant dans des profondeurs différentes.

Paul Henri Fischer a divisé les eaux de Capbreton en sept zones de profondeur, dites zones bathymétriques. À chacune correspondent des espèces animales spécifiques. Il en a établi l'inventaire systématique, à une époque où l'on ne possédait même pas une liste des animaux peuplant les côtes françaises de l'Océan au-dessous des basses marées. Il a aussi exploré les autres mers d'Europe et les côtes de l'Afrique occidentale, en prenant part, avec le directeur du Muséum d'histoire naturelle, aux quatre expéditions de dragage sous-marin de deux bateaux, le Travailleur et le Talisman (1880, 1881, 1882, 1883). Le résultat de ces explorations a fait l'objet d'un livre publié à Paris en 1891.

Codirecteur du Journal de conchyliologie, il a laissé un Manuel de conchyliologie et de paléontologie conchyliologique (1887), dans lequel il décrit de nombreuses espèces.