Nicolas Bouvier

Écrivain suisse de langue française (Genève 1929-Genève 1998).

Issu d’un milieu protestant, fils d’un bibliothécaire, il se passionne dès l’âge de raison pour Jules Verne, Jack London, Robert Louis Stevenson et James Fenimore Cooper. Malgré quelques escapades de jeunesse (Norvège, Finlande, Sahara, Italie) et après une licence de Lettres et de Droit à l’université de Genève – où il s’intéresse également au sanskrit et à l’histoire médiévale –, il concrétise son vœu le plus cher formulé alors qu’il avait à peine huit ans : « déguerpir ». À bord d’une Fiat Topolino et avec son ami Thierry Vernet, il part en juin 1953 pour la Yougoslavie. Le voyage se prolongera finalement en Turquie, en Iran, au Pakistan où il s’achèvera en décembre 1954. Les deux hommes alors se séparent dans la passe de Khyber, Nicolas Bouvier continuant sa route seul vers l’Inde.

« Un voyage, écrira-t-il en 1963 dans l’Usage du monde qui relate cette expérience, se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait. » La frontière pour la Chine étant fermée, il se rend à Ceylan où la solitude et la chaleur l’accablent sept mois durant (1955). En 1982, il fera le récit de cette aventure éprouvante dans le Poisson-Scorpion, qui mêle humour distancié et vision ascétique du déracinement. Il se résout ensuite à quitter Ceylan pour le Japon (1955-1956), qu’il arpente comme dans une perpétuelle fuite de l’aisance et du confort (le Vide et le Plein [Carnets du Japon, 1964-1970], 1967, 2004 ; Chronique japonaise, 1975) et où il s’adonne avec bonheur à la photographie (le Japon de Nicolas Bouvier, 2002). À la fin des années 1950, missionné par l’Organisation mondiale de la santé, il effectue des travaux de recherche iconographique qui, tout en le nourrissant intellectuellement (Histoires d’une image, 2001), lui permettent de poursuivre ses voyages, en Asie (Japon, Corée du Sud, Chine) comme en Europe (Irlande, Îles d’Aran : Journal d’Aran et d’autres lieux, 1990).

Également poète (le Dehors et le Dedans, 1982), Nicolas Bouvier a reçu le Grand Prix Ramuz pou l’ensemble de son œuvre en 1995. À noter que, depuis 2007 et à l’initiative du festival international du livre « Étonnants Voyageurs » de Saint-Malo, le Prix Nicolas-Bouvier récompense l’auteur d’un récit, d’un roman ou de nouvelles célébrant l’ailleurs et invitant à la rencontre du monde.