Andrzej Zulawski
Réalisateur polonais (Lvov 1940-Varsovie 2016).
Évoquer Andrzej Zulawski fait immédiatement surgir en mémoire des images d'une force parfois troublante : la pathétique Romy Schneider en actrice de porno dans L'important, c'est d'aimer, penchée en larmes sur son partenaire, Isabelle Adjani en femme déchirée dans Possession (1981), Valérie Kaprisky dansant nue comme une possédée dans la Femme publique (le cinéaste a pour habitude de pousser ses actrices à la limite de leurs possibilités). Si les derniers films de Zulawski sont des échecs publics, ses premières œuvres témoignent d'une réelle inspiration.
Fils du poète Miroslaw Zulawski, Andrzej voyage beaucoup durant sa jeunesse avant de se poser à Paris et d'entrer à l'IDHEC. Assistant de son compatriote Wajda, il fait ensuite un parcours classique, critique de cinéma, écrivain de scénarios et réalisateur de moyens métrages en Pologne, et tournage, en 1971, d'un premier long métrage, la Troisième Partie de la nuit. Un an plus tard, le Diable, son deuxième film à la limite du genre fantastique, est interdit par la censure polonaise, qui le trouve trop violent et trop cruel. En 1974, il réalise l'un de ses chefs-d'œuvre, L'important, c'est d'aimer (adaptation d'un roman de Christopher Frank) avec Romy Schneider, Jacques Dutronc et Fabio Testi, images et dialogues inspirés, d'une force presque malsaine véritablement impressionnante. Possession (1981), histoire d'une femme partagée entre son mari, son fils et son amant, est de la même veine. Avec la Femme publique (1984), la mise en scène tourne à l'hystérie, et le cinéaste semble reprendre le mécanisme de ses films précédents sans en avoir retrouvé l'inspiration. Sophie Marceau interprète ensuite l'héroïne de l'Amour braque (1985) et joue dans Mes nuits sont plus belles que vos jours (1989), qui sont deux échecs commerciaux. En 1996, Chamanka n'a pas plus de succès. Adaptation de la Princesse de Clèves, son dernier film, la Fidélité, date de 1999.
Zulawski a également réalisé deux opéras filmés, Boris Godounov (1989) et la Note bleue (1991), et a publié une vingtaine de livres, dont un roman autobiographique, l'Infidélité (2004).