sainte Aldegonde

Abbesse à Maubeuge (vers 630-Maubeuge 684).

Dans la société du haut Moyen Âge où le clan et la parenté jouaient un grand rôle, les chroniqueurs aimaient souvent établir des filiations entre les saints pour montrer que le privilège exceptionnel de la sainteté se transmettait héréditairement. Il est certain qu'un grand nombre de ces liens de parenté sont légendaires, et qu'ils furent inventés par la suite ; mais il est non moins certain qu'ils ont existé dans l'imagination des fidèles et que des cultes familiaux se sont organisés. La famille des saintes Waldetrude et Aldegonde, dans le nord de la France, fournit un bel exemple de ces cultes, dont l'histoire plus ou moins légendaire prit sans doute corps dans les monastères de Mons et de Maubeuge.

Fille du comte Walbert de Hainaut et de Bertille, future première abbesse de Chelles - eux-mêmes révérés comme saint Walbert et sainte Bertille -, Aldegonde était la sœur cadette de sainte Waldetrude. Waldetrude avait épousé un Aquitain, Vincent Maldegaire, de qui elle eut quatre enfants : sainte Maldeverte, qui fut moniale à Hautmont ; sainte Adeltrude, qui fut moniale puis abbesse à Maubeuge ; saint Landry, qui fut abbé de Soignies (et, selon certains, évêque de Meaux) ; et Dentelin, qui mourut en bas âge. Vers la fin de sa vie, Vincent Maldegaire se retira dans le monastère de Saint-Pierre-d'Haumont, puis dans celui qu'il fonda à Soignies, où il mourut en odeur de sainteté (fêté le 20 septembre). Waldetrude, de son côté, s'était retirée comme recluse à Châteaulieu (plus tard appelé Mons).

Après être d'abord entrée comme moniale dans le monastère de Mons auprès de sa sœur, Aldegonde fut, après la mort de cette dernière, vers 658, incitée par l'ermite Ghislain à fonder dans la solitude des forêts une abbaye double qui allait être à l'origine de la ville de Maubeuge, tandis que Ghislain s'établissait lui-même dans ce qui devait devenir par la suite Saint-Ghislain (dans le Hainaut).

Aldegonde, qui fut en relation avec saint Aubert de Cambrai et saint Humbert de Maroille (mort vers 680 ; fêté le 25 mai) fut avertie par une vision de la mort de saint Amand. De leur côté, sainte Valtrude et les religieuses de Nivelles furent averties de la même manière de la mort de sainte Aldegonde, qui survint le 30 janvier 684. Ses nièces, sainte Adeltrude (fêtée le 25 février), puis sainte Madelberte (morte vers 705 ; fêtée le 7 septembre), lui succédèrent comme abbesses à Maubeuge.

Une Vie d'Aldegonde, fort romancée, fut écrite au viiie siècle ; une seconde Vie fut composée au siècle suivant par Hucbald de Saint-Amand. Les reliques d'Aldegonde, furent placées un 13 novembre dans une châsse, refaite au xive s., qui se trouve dans l'église de Maubeuge.

Sainte Aldegonde, qui est invoquée contre le cancer, est la patronne de Maubeuge ; elle est fêtée le 30 janvier.