sanguine

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Variété d'un oxyde ferrique appelé hématite (du grec hoematites) qui se présente sous forme de poudre, de bâtonnet ou de plaque.

Lorsqu'elle apparaît sous ces deux dernières formes, la sanguine est désignée par Cennini comme une pierre " très forte et solide, serrée et parfaite ". Elle peut prendre plusieurs nuances, qui vont du rouge-orangé au rouge-brun violacé. Elle fut d'abord utilisée comme dessin préparatoire à des fresques : le tracé de sanguine, alors appelé sinopia (du nom de la ville de Sinope, d'où provenait l'hématite), était appliqué directement sur l'enduit du mur à peindre. La sanguine devient technique de dessin proprement dite vers la fin du xive s. : elle est alors employée sur un support de papier, soit sous sa forme solide (trace laissée par le bâtonnet de sanguine), soit sous sa forme liquide (lavis posé au pinceau), et souvent mêlée à d'autres techniques : plume, pierre noire ou craie blanche. Dans le cas où pierre noire et craie blanche sont utilisées avec la sanguine il s'agit de la technique dite " des 3 crayons ".

Les qualités essentielles de ce matériau sont la luminosité et le pouvoir illusionniste dans le rendu des carnations, qui font de cette technique l'instrument privilégié pour deux types d'études : les portraits et les nus. Des exemples magistraux sont donnés par les artistes toscans (Vinci, Michel-Ange ou Pontormo). Au xviie s., la sanguine se retrouve couramment dans les études de nus (Le Brun) avant de devenir la technique la plus courante pour les études académiques faites dans tous les ateliers du xviiie s. d'après le modèle vivant. À la même époque, elle trouve une autre utilisation capitale pour le thème du paysage, dont Hubert Robert et Fragonard donnent de remarquables exemples. Au xixe s., les impressionnistes l'emploieront surtout pour des portraits (Renoir, Berthe Morisot, Manet).

Enfin, la volatilité de ce matériau, qui " dépose " facilement, permet une autre utilisation : si on applique fortement, à l'aide d'une presse, une feuille de papier (préalablement mouillée) sur un dessin à la sanguine, on obtient une contre-épreuve, dont le tracé est inversé par rapport à l'original, d'intensité moins grande que celui-ci, dont il est cependant la reproduction fidèle.