cartellino

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Feuille de papier, tablette ou cartouche de marbre figuré en trompe l'œil dans un tableau et sur lequel est inscrite la signature du peintre et parfois la date de l'œuvre. Le cartellino peut être associé à un portrait d'artiste : Autoportrait de Pinturicchio (Spello, S. Maria Maggiore, chapelle Baglioni). Mais il est le plus souvent autonome ; support et encadrement de la signature, il fait partie intégrante de la composition. Parfois, il est considéré comme une véritable nature morte : la Transfiguration de G. Bellini (Naples, Capodimonte) ; parfois, il est placé en évidence au premier plan ; la signature du peintre est ainsi affirmée, tandis que la surface pliée du papier joue le plus souvent par contraste avec la matière lisse du marbre sur lequel le cartellino est posé : le Doge Loredan de G. Bellini (Londres, N. G.).

Bien que le premier exemple connu se rencontre dans une Madone de Filippo Lippi (Rome, G. N., Gal. Barberini), le thème du cartellino semble être né à Padoue dans le milieu squarcionesque (Mantegna : Sainte Euphémie, 1454, Naples, Capodimonte), puis fut importé, par Mantegna, à Venise, où il connut une faveur extrême et où il devint l'un des traits iconographiques typiques de l'école vénitienne : B. Vivarini (Sainte Conversation, Venise, S. Giovanni in Bragora), G. Schiavone (Vierge à l'Enfant, Baltimore, W. A. G. ; Turin, Gal. Sabauda), Zoppo (Vierge à l'Enfant, Bologne, Collegio di Spagna), Antonello de Messine (Salvator mundi, Saint Jérôme dans son studiolo, Londres, N. G., Crucifixions, id. musée d'Anvers ; Polyptyque de saint Grégoire, Messine, M. N. ; Portrait d'homme, musées de Berlin), Giovanni Bellini (Saint François, New York, Frick Coll. ; Pietà, Brera ; Venise, Palais ducal ; Vierge à l'Enfant, Brera ; Venise, Accademia ; Bergame, Accad. Carrara), Carpaccio (cycles de la Scuola di Sant'Orsola, de S. Giorgio degli Schiavoni ; Sainte Conversation, Présentation au Temple, Venise, Accademia), Cima da Conegliano (Sainte Conversation, musée de Vicence).

Certains peintres allemands marqués par l'exemple italien utilisent le cartellino avec de subtiles variations : ainsi Dürer (Eve du Prado, Adoration de la Trinité du K. M. de Vienne) ou Holbein (portraits de Thomas Godsalve et son fils de la Gg de Dresde, de William Warham du Louvre, de Georg Gisze de Berlin).