Carel Willink

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre néerlandais (Amsterdam 1900  – id. 1983).

Carel Willink appartient avec Pyke Koch et Raoul Hynckes au courant de la peinture figurative néerlandaise proche de la Neue Sachlichkeit allemande et du réalisme magique. Après des études d'architecture à Delft, de 1918 à 1920, il se rend à Berlin où il sera l'élève de Hans Baluschek, à la Kunstschule. Marqué par l'Expressionnisme, il adhère au Novembergruppe, expose dans la Grosse Berliner Kunstausstellung et collabore à la revue Der Sturm. Il se rapproche ensuite à la fois de l'Abstraction, du Cubisme et de Paul Klee (Geschlossen, 1922, collage), puis entre en contact avec Jozef Peeters, pour lequel il réalise la couverture du n° 20 de la revue Het Overzicht, en 1924, qui témoigne de son adhésion momentanée au constructivisme. Willink est bientôt influencé par Fernand Léger, puis il se retrouve à Paris en 1926 dans l'atelier de Le Fauconnier. Il trouve enfin le style dans lequel il s'illustrera en découvrant la peinture métaphysique : Ariadne (1926, Rotterdam, B. V. B.), reprend dans sa composition le thème du mannequin, la symbolique des objets, le jeu sur l'espace, le rappel de l'antique, qui cite l'art de Giorgio De Chirico non sans une certaine ironie. Les Derniers Visiteurs de Pompéi (1931, Rotterdam B. V. B.), montrent dans un décor de ruines antiques, sur un fond de volcan, des personnages isolés dont la présence semble dénuée de toute signification. L'étrangeté de ses sujets est renforcée par la technique savante du peintre, qui éclate dans Wilma (1932, La Haye, Gemeentemuseum), un portrait en pied de sa femme, représentée dans un décor urbain constitué de maisons et de canaux, avec un réalisme saisissant et comme pétrifié. En 1934, dans le Peintre et sa femme (Eindhoven, Stedelijk Van Abbemuseum), les deux sujets sont montrés sur une terrasse décorée d'une statue classique et qui surplombe un vaste panorama. Les références à l'art classique et à l'antique sont pour Willink le prétexte à montrer des paysages où, sous un ciel menaçant, à l'horizon duquel apparaissent souvent des fumées d'incendie, se développe un romantisme des ruines annonciatrices de catastrophes et qui traduisent bien sa vision angoissée (Paysage d'Arcadie, 1925, Amsterdam, Stedelijk Museum ; Siméon le Stylite, 1939, La Haye, Gemeentemuseum). Le Prophète, en 1937 (Utrecht, Centraal Museum), laisse paraître sa grande connaissance des thèmes et du métier des peintres anciens.

Dépassant le registre de la peinture métaphysique, ses vues de parc et d'architecture classique sont des témoignages évocateurs de la fin d'une civilisation et montrent la puissance de son inspiration. Après la guerre, Carel Willink a souvent répondu à la commande de portraits officiels. Il a voulu aussi chercher le renouvellement de son art en représentant des animaux sauvages placés hors de leur contexte ou en rapprochant des fusées, des astronautes et les monstres de Bomarzo (palais Orsini, prov. de Viterbe, Italie) dans des paysages d'Apocalypse. En 1980, une rétrospective a eu lieu au Stedelijk Museum d'Amsterdam. L'œuvre de Carel Willink est bien représentée dans les musées néerlandais et les collections particulières.